Le Pôle d’économie sociale Mauricie est une organisation entièrement vouée au développement de l’économie sociale. Il favorise la concertation entre les différents acteurs de son milieu et soutient la création des conditions favorables à ce modèle entrepreneurial de développement. Il participe ainsi à la vitalité et à la diversification économique du territoire.Marjolaine Cloutier – Pôle d’économie sociale de la Mauricie – mai 2020
« Même le bonheur, disait le sage, il faut le partager si on veut vraiment le multiplier. » – Boucar Diouf
En ces temps de crise où l’heure n’est ni au blâme, ni au lancer de pierres, nous avions envie de vous présenter des entreprises d’économie sociale qui font le pari de faire les choses autrement, à échelle humaine.
On compte plus de 1800 résidences privées pour aînés (RPA) au Québec, dont 6 en Mauricie sont des entreprises collectives.
Pour le directeur de la Résidence le Jardin, on peut s’avancer sur le constat suivant : quand on navigue à échelle humaine et qu’un capitaine est à bord en tout temps, ça ne peut que sécuriser la croisière…
« Au fil des ans, on s’est éloigné de la personne. C’est plus difficile de gérer des établissements de 300 usagers. Ça fait 23 ans que je suis dg ici. Je suis là tout le temps. Quand la crise a débuté, aucun employé ici n’a quitté le bateau, aucun ne s’est jeté à l’eau », précise monsieur Maziade.
On a voulu connaître sa recette gagnante et pourquoi pas, la partager en haut lieu pour un plan de relance économique et social.
« La question n’est pas de savoir si les résidences sont privées ou publiques. Malgré que le sous-financement ou le non financement est aussi un problème, mais c’est un autre débat. Ma recette, elle est fort simple. C’est le gros bon sens, la disponibilité, l’écoute. Je suis présent. Les employés savent qu’ils peuvent venir me parler, en tout temps. Je les écoute, on trouve des solutions. Certains sont ici depuis 25 ans. Il y a un fort sentiment d’entraide et d’appartenance, dans l’équipe et avec les utilisateurs. Je gère, à échelle humaine, » conclue Richard Maziade.
Du côté de l’entreprise d’économie sociale d’aide à domicile (EÉSAD) Ménagez-vous, c’est aussi l’aspect humain de la gestion qui ressort. On parle de 130 employées dont 10 en administration, 10 aux soins à la personne et la grande majorité affectée à l’aide à domicile et ce, depuis la fusion de deux EÉSAD en 2016 qui sont devenues Ménagez-vous tel qu’on la connait aujourd’hui. Ce sont 3000 clients, dont 1700 considérés comme une clientèle vulnérable, ce qui fait de l’entreprise un joueur essentiel pour le maintien à domicile des aînés.
Ce qui est particulier aussi dans cette EÉSAD dont la réputation n’est plus à faire et qui multiplie les succès d’innovation, par exemple, d’avoir équipé récemment l’ensemble des employées de tablettes électroniques pour maximiser l’efficacité de celles-ci, c’est sa direction bicéphale, cogestion ou plus précisément directions générales associées.
Avec la bénédiction de leurs conseils d’administrations respectifs (avant 2016), les directions des deux EÉSAD ont convolé en justes noces professionnelles et depuis ce temps bénéficient de cette cogestion de l’organisation.
« Avec France, j’ai la liberté de transformer mes idées en développement, pendant qu’elle s’occupe davantage de l’opérationnel. On est complémentaire. On est aussi très disponible pour nos employées et à l’écoute tant de leurs besoins que de ceux de nos clients. La crise actuelle va mettre la lumière sur les bienfaits de vieillir à domicile et on doit se positionner, avec notre réseau national, comme un partenaire incontournable du Réseau de la santé » mentionne monsieur St-Pierre.
France Leclerc abonde dans le même sens. « On se challenge, on se remet en question, on s’écoute, on discute. Ça fait de nous de meilleurs gestionnaires. J’ai des habiletés en gestion financière et je suis passionnée des ressources humaines. Charles est un idéateur et un développeur. On se complète. »
Loin de nous ici l’idée de faire un raccourci sans nuances afin de mettre en opposition les réseaux publics, privés et collectifs en santé. C’est toute notre approche de soin aux aînées qui mérite d’être repensée. Des avenues sont à étudier, par exemple, la bonification des ressources pour le maintien à domicile des aînés. Parce que les entreprises collectives cherchent d’abord à répondre aux besoins plutôt que la recherche du profit, ce modèle d’affaires est performant en terme de soins de santé.
Et si demain nous permettait de diminuer les inégalités sociales en axant sur les besoins des personnes et des communautés et ce, par le biais d’une gestion collective et à échelle humaine ?