Marianne Mathis, mai 2015
En mars dernier, la question de l’accaparement des terres agricoles a occupé l’Assemblée nationale, la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et de l’alimentation (CAPERN) recevant différents intervenants afin d’analyser l’ampleur de ce phénomène.
Dans une économie de plus en plus financiarisée, la propriété du sol devient objet de spéculation. Or, l’acquisition de ces terres par des intérêts étrangers est directement liée à la question de la sécurité alimentaire. Le phénomène d’accaparement des terres existe depuis longtemps, mais il est encore marginal au Québec, selon les plus récentes recherches menées par CIRANO en 2013. Par exemple, le rapport du Groupe AGÉCO, en 2012, concluait que 84 % des terres agricoles du Québec sont la propriété de leurs exploitants, signe qu’il s’agit toujours du modèle dominant.
Si la CAPERN a souhaité entendre des intervenants comme l’Union des producteurs agricoles, la Fédération de la Relève agricole ou des fonds d’investissement comme PANGEA, c’est que l’évolution de la hausse des prix, due à la spéculation, pose problème pour la relève agricole. Depuis quelques années, l’émergence des nouveaux modèles d’affaires, comme les modèles de location (AgriTerra), d’exploitation directe (Banque Nationale), d’intégration (Partenaires agricoles) ou de partenaires (PANGEA) suscite des questions dans le monde agricole.
Quel avenir peut-on espérer pour la relève agricole, si l’accès aux terres est trop difficile, parce que les prix sont élevés? Chose certaine, il faut espérer que les conclusions de l’examen mené dans le cadre de ce mandat d’initiative de l’Assemblée nationale donnent lieu à l’amorce d’une révision de la législation actuelle, qui permet à des non-résidents et à des fonds d’investissement d’acquérir les terres agricoles du Québec. Comme société, n’est-il pas légitime de se demander qui peut s’approprier et posséder les terres agricoles du Québec? Il s’agit là de l’avenir de notre souveraineté alimentaire, un élément essentiel pour une société.