
Jean-René Leblanc est étudiant en psychologie à l’UQTR et membre du conseil d’administration de l’AGE-UQTR, dont il est d’ailleurs actuellement candidat à la présidence.
Commençons par l’évidence : le mouvement étudiant ne fait pas consensus… même chez les étudiants! Certains préféreraient pouvoir étudier tranquillement pour ensuite faire, tout aussi tranquillement, leur entrée sur le marché du travail. D’autres se mobilisent plutôt et prennent la rue pour exprimer leurs revendications. On entend souvent, dans les journaux « populaires », des commentaires demandant au gouvernement de réduire au silence ces empêcheurs de tourner en rond, ces jeunes qui ne connaissent rien aux réalités du monde du travail… Ce raisonnement est dépourvu de tout fondement. D’abord parce que les étudiants ont déjà pour la plupart des expériences de travail et ensuite parce que c’est à eux de définir la société dans laquelle ils vont vouloir évoluer. La crise actuelle, liée à l’agression du gouvernement sur nos services publics, aura une incidence directe sur nos futurs emplois. Nous avons l’opportunité d’analyser les documents qui sortent des machines à écrire de nos dirigeants et les compétences pour comprendre l’impact que ces choix idéologiques auront sur notre société. Pourquoi vouloir nous empêcher de nous insurger lorsque nous jugeons le travail du gouvernement inacceptable? Nous devrons subir les répercussions des décisions prises aujourd’hui tout au long de notre vie de travailleur, laissez-nous donc nous prononcer aujourd’hui!
J’ai l’impression, en tant qu’étudiant, que le débat est faussé. Ce n’est pas le fait que l’on s’oppose qui dérange, mais bien le fait qu’on le fasse avec des méthodes trop « perturbantes » pour la majorité de la population. Descendre dans les rues pour protester semble être devenu l’arme par excellence des étudiants, et surtout, cette arme semble exacerber le mépris que certains citoyens ont à notre égard. Ce que j’en comprends n’est pas « arrêtez de vous opposer », mais bien « arrêtez de bloquer ma route et de me faire perdre du temps ». Notre problème est exactement là : les étudiants tentent de faire passer un message de manière légitime, le droit de manifester étant reconnu dans notre société, mais sont souvent décriés parce qu’ils perturbent la confortable routine de certains. Nous serait-il possible de faire passer notre message d’une autre manière? Peut-être. Est-ce que ce serait aussi efficace? Non!
Faut-il le rappeler, chaque étudiant est d’abord et avant tout citoyen du Québec et il est du devoir de chacun de faire entendre son opinion pour s’assurer du bon fonctionnement de la démocratie. C’est par devoir civique que nous nous battons, malgré le mépris ambiant des médias et du gouvernement qui nous considèrent, au mieux, comme de futurs payeurs de taxes, au pire, comme de futurs demandeurs d’aide financière. Dans tous les cas, les étudiants doivent continuer de faire entendre leur opinion haut et fort!