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Le cacao est une commodité transigée en bourse. Son prix est déterminé par une poignée de multinationales titanesques comme Barry Callebaut ou Cargill. Selon Oxfam, les quatre plus grandes corporations cotées en bourse du secteur du chocolat (Hershey, Lindt, Mondelēz et Nestlé) ont réalisé des profits cumulés de 15 milliards de dollars américains depuis 2020 ce qui équivaut à une croissance annuelle moyenne des bénéfices de l’ordre de 16 %. Or, pendant ce temps, le revenu net des cultivatrices et cultivateurs du Ghana aurait diminué du même pourcentage. On peut donc se demander si le profit des géants du chocolat ne s’est pas fait sur le dos des petites fermes de cacao. 

En fait, le prix dérisoire payé par l’industrie pour les fèves de cacao maintient les familles productrices dans la pauvreté voire dans l’extrême pauvreté. Jusqu’à 90% des cultivatrices et cultivateurs du Ghana, deuxième pays producteur de cacao, n’ont pas suffisamment de revenus pour couvrir leurs besoins de base.

Depuis des années, on reproche à l’industrie du chocolat de violer les droits humains, de recourir au travail forcé d’enfants et d’accélérer la déforestation notamment en Côte d’Ivoire, principal pays producteur de cacao

Défis du cacao équitable

À ce jour, les initiatives pour corriger le système ont échoué à produire les résultats escomptés. Le commerce équitable certifié Fairtrade garantit un prix minimal aux productrices et producteurs et offre une prime pouvant servir aux projets portés par les coopératives au sein desquelles ces derniers sont organisés. Son fonctionnement cherche à éliminer les intermédiaires superflus dans les chaînes d’approvisionnement au niveau notamment de la revente et de la distribution.

Les objectifs de Fairtrade sont louables, mais semblent difficiles à appliquer dans le secteur du cacao et, plus particulièrement, en Afrique de l’Ouest où la production des fèves est assurée par des milliers d’agricultrices et agriculteurs cultivant de petits lopins de terre éloignés des grands centres. Ces personnes semblent demeurer à la merci d’intermédiaires qui captent une bonne partie des revenus versés par le système équitable.

Réponse des chocolatières et chocolatiers

Devant l’échec des initiatives réformatrices, plusieurs chocolatières et chocolatiers occidentaux ont décidé de prendre les choses en main en assumant de A à Z la gestion de leur chaîne d’approvisionnement. Ainsi, plutôt que d’acheter du beurre de cacao ou des pastilles de chocolat auprès des multinationales, les artisanes et artisans se rendent à la source rencontrer les personnes travaillant sur les plantations, importent les fèves et réalisent elles-mêmes la transformation du cacao en chocolat.

Sur papier, c’est un commerce des plus équitables. On élimine plusieurs intermédiaires et améliore significativement la traçabilité du cacao. De plus, la proximité entre les personnes qui fabriquent le chocolat et celles qui cultivent le cacao favorise une rémunération juste pour le travail réalisé. Par contre, il n’existe aucune garantie pour les consommateurs qui doivent se fier à la parole du commerçant.

Les chocolatières et chocolatiers se réclamant du « bean-to-bar » ou en français, de la fève à la tablette peuvent être motivés davantage par une volonté de créer un produit unique et distinctif que par un désir d’avoir un produit éthique à proposer à leur clientèle. En effet, la sélection des fèves de cacao peut, semble-t-il, grandement influencer le goût du chocolat. Néanmoins, selon une récente étude, des valeurs sincères en matière de justice sociale et environnementale habiteraient les chocolatières et chocolatiers. 

Le chocolat  bean-to-bar  est-il socialement responsable ? La réponse semble être positive même en l’absence de certification. Peut-on espérer changer les abus dans la filière du cacao en choisissant les chocolats  bean-to-bar  ? La réponse est moins certaine. 

Malgré toutes les bonnes intentions, les chocolatières et chocolatiers ne pourront pas changer l’ensemble du système. Pour y arriver, il faudra probablement resserrer les réglementations internationales et assurer une meilleure coopération internationale pour lutter contre les abus des multinationales.

 

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