Par Louis-Serge Gill et Magali Boisvert, mars 2017
Que pensent les 18 à 35 ans de l’égalité hommes-femmes et quelle est leur appréciation du féminisme? Nous avons rencontré Carol-Ann Hobbs à l’Université du Québec à Trois-Rivières, membre du Groupe d’Actions Femmes (GAF) depuis l’automne 2016 pour en discuter.
Le GAF, né à la suite des réactions positives à une lettre d’opinion publiée en opposition à une soirée intitulée « Sauf une fois au chalet », occupe une place toute légitime dans la maison d’enseignement. Il assure une présence lors d’événements comme « Trois-Rivières contre la culture du viol » (1er novembre 2016) et organise des conférences comme celle sur le consentement expliqué par le rappeur Koriass (17 mars 2016). Le but principal de l’organisme est d’informer et d’outiller les universitaires sur la problématique du consentement sexuel qui implique que les deux partenaires doivent être aptes à donner ce consentement tout en s’entendant sur la relation telle qu’elle se présente entre eux.

Une affiche de la campagne « Sans oui, c’est non » visant à sensibiliser les étudiants au consentement aux côtés d’une affiche promouvant le party « ivre d’amour ».
Mais qu’en est-il du féminisme aujourd’hui? Madame Hobbs nous rappelle que le mouvement n’est pas homogène, mais qu’il vise néanmoins la réflexion et l’action pour atteindre l’égalité hommes-femmes. Elle constate cependant un certain intérêt pour le mouvement, toutes opinions confondues. Ce point de vue du GAF sur le féminisme et le consentement correspond à l’échantillon d’une vingtaine de répondantes et de répondants que nous avons sondés.
Comment accueille-t-on les initiatives du groupe? Jusqu’à présent, la communauté universitaire, principalement l’administration, a toujours soutenu les événements organisés par ces étudiantes engagées. Toutefois, il y a encore beaucoup à faire pour rallier plus d’étudiantes et d’étudiants à la cause. Désintérêt ou manque d’information? Mme Hobbs avance plutôt que « les gens ne se sentent pas forcément concernés ». Si une conscientisation accrue aux violences sexuelles et à l’égalité hommes-femmes apparaît nécessaire, ces sujets s’avèrent aujourd’hui moins tabous et plus accessibles qu’auparavant.
L’engagement au sein du GAF, peut se faire de manière assidue lors de réunions hebdomadaires et bimensuelles ou de façon ponctuelle en prenant part aux événements. D’ailleurs des activités seront organisées en mars dans le cadre de la semaine « Sans oui, c’est non! ». Parmi celles-ci figure notamment la visite de Lili Boisvert et de Judith Lussier de la websérie Les Brutes le mardi 14 mars à 15h à la Chasse-Galerie de l’UQTR.

Lili Boisvert et Judith Lussier animent Les Brutes, une websérie où elles tournent en dérision les raisonnements fallacieux et bousculent les conventions notamment en ce qui concerne les femmes. Elles seront de passage à la Chasse-Galerie de l’UQTR le mardi 14 mars à 15h.
Le point de vue de l’UQTR
Selon Jean-François Hinse, responsable des relations avec les médias à l’UQTR, l’établissement a une politique de tolérance zéro en matière de violences sexuelles (des remarques désobligeantes aux gestes violents). On mise sur un travail de sensibilisation auprès des associations étudiantes et des regroupements qui tiennent des activités d’initiation et des soirées thématiques. Sans trop appréhender ce type d’activités sur le campus, on souhaite plutôt que ce dernier demeure un endroit sécuritaire et dynamique.
Qu’en dites-vous ? Voici des extraits de réponses à notre sondage.
En une phrase, qu’est-ce que le féminisme ?
« La lutte pour l’égalité entre les individus sans effacer leurs différences et la lutte pour la reconnaissance des diverses identités sexuelles, culturelles et spirituelles. »
« Qu’un être humain ne devrait pas naître avec plus de probabilité d’être pauvre, violenté, agressé, intimidé, ou limité quand il est de sexe féminin. »
En 2017, existe-t-il une égalité entre les hommes et les femmes ?
« Oui. Le mythe de l’inéquité salariale, par exemple, a été déconstruit il y a un certain temps: en contrôlant pour différents facteurs socio-démographiques (niveau de formation, formations continues, nombres d’heures travaillées, présence d’enfants, besoin de réussir à l’emploi, pression par les pairs pour faire de l’argent, propension des femmes à travailler dans des emplois publics, sécuritaires et moins payants, etc), les disparités hommes et femmes s’estompent à 99%. »
« Non : si Hillary Clinton avait été un homme, “il” aurait gagné les élections américaines en raison de son expérience et de ses idéaux. Que Trump soit à la tête des États-Unis montre que la société occidentale a encore beaucoup de chemin à faire. »
En une phrase, qu’est-ce que le consentement lors de relations sexuelles ?
« C’est un désir, un assentiment évident et clairement énoncé; c’est l’absence de signaux de malaise, d’inconfort ou de gêne; c’est une communication constante entre les deux (ou trois, ou quatre, qui sommes-nous pour juger !) partenaires; c’est la possibilité d’arrêter et de se sentir respecté dans cette décision. »
Est-ce que le féminisme est aussi important pour les hommes que pour les femmes ?
« Je ne sais pas, j’ai davantage l’impression que le féminisme est mal compris. Beaucoup disent «je ne suis pas féministe, mais…», je pense donc que c’est un concept plus ou moins clair dans l’opinion des citoyens. »
« Oui. Un monde gouverné par les hommes le restera si ces derniers ne deviennent pas féministes. »