Par Jean-Claude Landry, novembre 2017
Lorsque Clément Guimond évoque la trentaine d’années passées au service de la Caisse d’économie solidaire Desjardins ce n’est pas de chiffres dont il est d’abord question. Disposant d’un actif de 831 millions $ et gérant un volume d’affaires de 1,6 milliard $ la Caisse d’économie solidaire Desjardins, issue du mouvement ouvrier dans les années 1920, constitue néanmoins un acteur d’importance parmi les institutions financières québécoises. Performance en soi remarquable pour une caisse qui avait pour mandat de regrouper les épargnes de familles aux revenus plutôt modestes.
Notre entretien avec cet ex-coordonnateur de la Caisse solidaire a d’abord porté sur la mission sociale de la Caisse, son préjugé favorable à l’égard des initiatives sociales et des projets collectifs, son souci du développement durable. Au fil de la conversation, il a bien sûr été question de gestion responsable des épargnes des membres, d’analyse rigoureuse des projets et d’objectifs financiers poursuivis mais cela, sans déroger à la mission première de l’institution, celle de mettre la finance au service de l’humain non le contraire. Défi d’envergure dans un univers et dans une conjoncture où les pressions pour la standardisation et l’homogénéisation se font de plus en plus présentes et pressantes.
Défi qu’elle relève en conseillant les citoyens dans une gestion responsable de leurs finances personnelles et en soutenant activement le développement de l’économie sociale dans les secteurs coopératif, culturel, communautaire et syndical avec le souci que ses décisions d’affaires contribuent au développement durable.
La Caisse s’est dotée d’une pratique et d’instruments financiers qui en font une Caisse d’exception. C’est ainsi que, dès ses premières années d’existence, les membres ont collectivement décidé de délaisser la ristourne individuelle préférant canaliser celle-ci vers des projets collectifs.
Autre outil de financement novateur: l’Épargne solidaire. Sorte de passerelle entre le membre désireux de donner un rendement social à son placement et les emprunteurs à la recherche d’un crédit socialement responsable. Les intérêts générés par son placement alimenteront le Fonds de soutien à l’action collective solidaire, lequel cumule aujourd’hui 1,5 millions $. La Caisse dispose également d’un Fonds d’aide au développement du milieu dédié au financement de projets porteurs d’innovations sociales, économiques ou financières.
Que ce soit par l’entremise de ces Fonds ou de prêts standards, la Caisse a ainsi soutenu et accompagné des projets qui ont connu une réussite remarquable au plan économique, culturel ou coopératif. Certains d’entre eux, notamment le Cirque du Soleil, Ex Machina et le Moulin à images de Robert Lepage, sont devenus de véritables emblèmes internationaux du Québec, tandis que d’autres, Serres coopératives de Guyenne, Société de développement Angus, Coopérative des techniciens ambulanciers du Québec, orchestre de chambre Les Violons du Roy, Fédération des coopérative funéraires du Québec ainsi qu’une multitude de coopératives d’habitation et une foule d’autres initiatives collectives, constituent de véritables institutions au plan local et régional.
Après trois décennies au sein de la Caisse d’économie solidaire faut-il s’étonner d’entendre M. Clément Guimond affirmer être animé du « sentiment d’avoir œuvré au sein d’une institution qui a été utile au développement du Québec ».
Couvrant aujourd’hui, d’est en ouest, l’ensemble du territoire du Québec, la Caisse d’économie solidaire, à la faveur du projet de transformation sociale qu’elle porte, semble susciter un intérêt croissant, particulièrement chez les jeunes. Depuis le début des années 2000, 40 % des nouveaux membres ont moins de 35 ans. Voilà, un précieux gage d’avenir pour cette institution à la fois différente et innovante.
Source:
* Rapport annuel 2016, Caisse d’économie solidaire Desjardins.