Être femme et faire sa place dans un milieu dominé par les hommes exige de la détermination et une force de caractère inébranlable. Le faire avec un sérieux handicap relève de l’exploit. C’est pourtant ce que tente de réaliser Jessyca Marchand, étudiante de 22 ans inscrite au baccalauréat en communication sociale à l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Jessyca est atteinte de l’ostéogenèse imparfaite, maladie génétique caractérisée par la fragilité des os et une faible masse osseuse qui occasionne des fractures à répétition et, par le fait même, une limitation de la mobilité. « À 22 ans, j’approche les 280 [fractures] environ. Je n’ai pas compté précisément, parce que ça devient plus décourageant qu’autre chose », souligne-t-elle.
Plutôt que de se laisser abattre par sa maladie, Jessyca a choisi de foncer et de tout mettre en œuvre pour surmonter les obstacles se dressant devant elle sur la route de ses rêves. Parmi ces derniers, celui de voyager pour « voir du sport », parce qu’elle en est, de son propre aveu, « maniaque ». « Je rêve d’aller voir des matchs de hockey ailleurs qu’à Montréal », dit-elle.
Cette passion pour le sport lui vient en partie de sa famille, où c’est ce sujet qui suscite les discussions les plus animées, mais aussi du fait que les athlètes sont pour elle source d’inspiration. « Voir les athlètes se dépasser, aller au bout de leurs limites, faire fi de la douleur advenant des blessures […], je trouve en un sens que ça ressemble un peu à mon parcours. Même si j’ai de la douleur, même si j’ai des problèmes, j’essaie quand même de continuer mes études, de continuer ma vie de manière la plus normale possible. De voir les athlètes qui se dépassent, ça m’incite à me dépasser », déclare-t-elle d’un ton résolu.
Son parcours académique lui a d’ailleurs été dans une certaine mesure dicté par cette passion pour le sport. Comme elle caresse le rêve de devenir journaliste sportive, c’est en vue d’apprendre les rouages du métier qu’elle s’est inscrite au baccalauréat en communication sociale.
Jessyca demeure réaliste. Elle reconnaît qu’elle devra commencer au bas de l’échelle comme tous les nouveaux venus dans le domaine et qu’il lui sera difficile de percer dans un milieu à prédominance masculine où évoluent peu de personnes handicapées. « À part Chantal Petitclerc qui commente l’athlétisme paralympique, je serais pas mal dans les premières », estime-t-elle.
Jessyca fait par ailleurs remarquer que les femmes prennent graduellement leur place dans le milieu du journalisme sportif. Par contre, « il faut quand même toujours prouver, surtout quand on est une femme, qu’on a un droit légitime d’être là, qu’on a autant de compétences que les hommes », souligne-t-elle.
Tout en étant avant tout motivé par sa passion pour le sport, son parcours l’est aussi par un certain désir de défier les pronostics, sociaux cette fois-ci. « C’est un peu pour ça que je veux aller là-dedans aussi. De dire que je suis une femme, que j’ai un handicap, mais que j’ai pourtant réussi là-dedans. […] Oui, on peut réussir quand on y croit, quand on veut vraiment! », s’exclame-t-elle pour conclure.
À notre tour de lui dire vas-y! Fonce!