Malgré le confinement lié à la pandémie actuelle, des dizaines de jeunes de 15 à 17 ans issus d’institutions scolaires de la Mauricie et du Centre-du-Québec ont participé à la 6e édition du concours « La lettre ouverte, un outil citoyen ».

Organisé par le Réseau In-Terre-Actif, secteur jeunesse du Comité de Solidarité/Trois-Rivières, ce concours vise à faire prendre position aux jeunes participants sur un enjeu contemporain au moyen d’une lettre ouverte.

À la suite de la lecture d’un dossier de textes exposant différents points de vue sur la vente d’armes et l’armement, les participants ont dû répondre par écrit à la question : « Est-ce que la protection d’un État justifie son armement? »

Cette année, le concours « La lettre ouverte, un outil citoyen » s’est tenu en collaboration avec la Société d’étude et de conférences Mauricie/Centre-du-

Québec par l’entremise du Fonds Thérèse D.Denoncourt ainsi que le Secrétariat à la jeunesse (gouvernement du Québec).Voir le monde autrementVoici donc les trois textes gagnants de l’édition 2020 du concours « La lettre ouverte : un outil citoyen ». Félicitations aux lauréats qui se méritent des bourses totalisant 500$.

1er prix

La guerre, ce n’est pas une raison pour se faire mal!

Jonathan Boivin – Institut Secondaire Keranna

La guerre fait rage partout à travers le monde actuellement en 2020, et nos chefs d’État tentent par tous les moyens d’assurer la protection de leur patrie qui est, selon leurs dires, si chère à leurs yeux. Cependant, ce désir de protéger justifie-t-il réellement l’armement d’un État? Selon moi, cela ne représente aucunement une raison valable justifiant une course à l’armement et, pour le bien commun, elle devrait être grandement ralentie. Je me base sur de réelles motivations derrière l’achat d’armes ainsi que sur d’autres solutions qui permettent de régler un conflit pour affirmer cette opinion.

En premier lieu, je crois que les mots «désir de protéger» composent un faux discours de justification d’achat d’armes, ayant pour but de cacher les réelles motivations des États derrière de belles paroles. En effet, la majorité du temps, l’armement d’un pays lui sert à imposer un rapport de force sur un autre pays ou tout simplement à générer de la peur et de l’intimidation. De plus, l’utilisation d’armes amène des conséquences humaines, sociales et économiques désastreuses. Effectivement, les régions touchées ont souvent peine et misère à se remettre sur pied, vulnérabilisant ainsi la population, et nombreux sont les innocents qui payent parfois de leurs vies simplement parce que deux États se querellent, comme des enfants, avec leurs « jouets ». Prenons comme exemple la Guerre Froide qui opposait les deux grandes puissances mondiales du moment, armées jusqu’aux dents. Charles-Philippe David, chroniqueur pour l’Actualité, montre bien le sentiment des gens durant cette période de conflit, quand il écrit dans son article : « En ce mois d’octobre 1962, pendant treize jours, le monde retient son souffle. Pendant que les deux grandes puissances s’affrontent autour de la petite île de Cuba dans un bras de fer qui aurait pu finir en guerre nucléaire. » Pensez-vous réellement que le but premier des États-Unis et de l’Union Soviétique était de protéger leurs territoires et citoyens quand ils se sont pourvus de missiles? Croyez-vous vraiment que les populations américaines et soviétiques se sentaient protégées et en sécurité alors que des missiles opérationnels menaçaient à tout moment de venir s’écraser sur leurs têtes? Voilà un bon exemple, similaire à l’actualité du moment entre les États-Unis et la Corée du Nord, qui prouve qu’armement ne signifie pas toujours protection.

Il existe maintes solutions autres que l’armement permettant d’assurer la protection d’un État. Le multilatéralisme (mode de discussion, de négociation, de concertation ou d’action à plus de deux partenaires) et la diplomatie en sont deux bons exemples. Favoriser la communication plutôt que la confrontation, quelle idée brillante! Cela réduirait considérablement les conséquences dévastatrices qu’amène l’armement et permettrait également d’investir une bonne partie de l’argent destinée à des fins militaires ailleurs, comme dans les systèmes de santé, par exemple, qui en auraient bien besoin actuellement avec la propagation du Coronavirus! M. Antonio Guterres, Secrétaire général à l’ONU, s’est prononcé en faveur du multilatéralisme et en a vanté les effets positifs. Il a déclaré : « […] depuis près de 75 ans, les mécanismes multilatéraux mis en place après la Seconde Guerre mondiale ‘’ont sauvé des vies, favorisé le progrès économique et social, protégé les droits de l’homme et, enfin et surtout, contribué à prévenir un troisième conflit mondial.’’ » N’est-ce pas là la vraie définition de la protection d’un État? Certains anciens généraux américains ont soutenu les paroles de M. Guterres, déclarant : « Nous savons que l’armée ne peut pas garder à elle seule notre pays en sécurité. […] La diplomatie et le développement sont essentiels pour combattre les menaces avant qu’elles ne nous atteignent. » Après réflexion, pensez-vous, tout comme moi, qu’il est plus justifié et réfléchi d’employer des manières diplomatiques, comme le multilatéralisme, pour assurer la protection des États du monde plutôt que de prendre les armes et de se taper dessus?

En conclusion, j’affirme désormais avec vigueur et assurance que la protection d’un État n’est pas une motivation adéquate pour justifier la vente d’armes, puisque d’autres solutions plus profitables qui prônent la paix peuvent être employées et parce que ce message de désir de protection est souvent employé pour cacher des motivations bien moins reluisantes. En terminant, je demande à chacun d’entre vous, que pourrions-nous faire au quotidien pour tenter de prôner la communication avant la confrontation dans notre société?

2e prix

La protection d’un État justifie-t-elle son armement?

Elizabeth Asselin – École secondaire Paul-Le Jeune de St-Tite

Besoin physiologique, besoin de sécurité, besoin d’appartenance, besoin d’estime, besoin de s’accomplir… La théorie de Maslow établit que le besoin de sécurité se retrouve en deuxième position dans la pyramide des besoins fondamentaux. Selon l’Article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU, chaque individu a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité. Nos dirigeants ont le devoir de nous protéger et de nous faire sentir que nous sommes en sûreté. Par contre, la protection d’un État justifie-t-elle son armement? À mon avis, non, celle-ci ne le justifie aucunement. Les aspects économique et politique viendront appuyer mon propos.

Tout d’abord, d’un point de vue économique, je considère qu’il serait plus avantageux d’investir dans d’autres secteurs que celui de l’armement. Présentement, de nombreux gouvernants choisissent d’assigner de grandes sommes d’argent à la défense militaire. Si nous prenions exemple sur un pays sans armée tel que le Costa Rica, il nous serait possible d’investir plus, comme lui, dans les domaines de la santé et de l’éducation qui sont présentement sous-financés dans notre pays. Enfin, preuve qu’un pays peut très bien se débrouiller sans armée, l’ancien président costaricain Óscar Arias Sánchez qui, en 1987, a été récipiendaire du prix Nobel de la paix, a déclaré : « Certains pensent que nous sommes vulnérables parce que nous n’avons pas d’armée. C’est exactement le contraire. C’est parce que nous n’avons pas d’armée que nous sommes forts. »

Ensuite, concernant le volet politique, il faut savoir que tous les gros conflits n’ont pas été résolus avec la guerre. La définition de tâche d’un diplomate est de représenter officiellement son pays à l’étranger en vue de préserver ses intérêts et d’assurer le maintien de bonnes relations avec les autres pays; il a donc de nombreuses responsabilités quand vient le temps de discuter ou d’argumenter. Ai-je besoin d’ajouter que la crise de Cuba est une preuve que la diplomatie peut triompher? Aussi, il existe des organisations, comme l’ONU dont la mission première est le maintien de la paix et de la sécurité, regroupant plusieurs pays qui s’entendent sur des décisions politiques et militaires, en tentant de trouver des solutions pacifiques. Les adultes disent souvent aux enfants que tous les conflits peuvent être réglés en discutant et non par l’usage de la violence, alors pourquoi ça ne serait pas le cas pour les hommes politiques?

Bref, la puissance, ce n’est pas seulement exhiber de gros canons, c’est aussi avoir l’intelligence d’user de la parole. Pour des raisons économiques et politiques, il m’apparaît évident que l’armement n’est pas un secteur à alimenter. Il y a plus important que la protection de l’État par les armes dans un monde si imprévisible. Il y a la protection de la jeunesse, la protection de la femme, la protection de la faune, la protection de l’environnement, la protection de la langue et la protection de la santé plus que jamais!  Avec ce que nous avons vécu et ce que nous vivons présentement, l’armement ne devrait pas être la priorité, l’ennemi est ailleurs…

3e prix

Du lance-pierre aux armes nucléaires, lorsqu’il s’agit de protection de l’État, demeurons loin des armes!

Catherine Lépine – École secondaire des Pionniers

Depuis la nuit des temps, des guerres font rage pour divers motifs. On comprend alors le désir des dirigeants d’être en mesure d’intervenir en cas de conflit. Toutefois, une question délicate en vient à effleurer nos esprits : la protection d’un État justifie-t-elle son armement? En ce qui me concerne, je ne penche pas en faveur d’une protection impliquant quelconques outils de guerre. N’oublions pas que les forces d’armement différentes d’un État à l’autre créent des inégalités sur le plan de l’image internationale et que la résolution de litiges par la diplomatie et le multilatéralisme peut elle aussi s’avérer concluante.

Dans un premier temps, je pense qu’il est indéniable que l’armement sillonne des fossés entre les États au niveau de leur représentation sur le plan mondial. En effet, la puissance militaire plus importante de certains États leur procure davantage de pouvoir d’action et d’influence sur une large scène. Leur image leur permet ainsi d’avoir recours à la responsabilité de protéger pour justifier leurs actes militaires tandis que certains autres États ne pouvant pas influencer la « morale internationale » de la même manière se retrouvent dans l’impossibilité d’agir. « Avec la responsabilité de protéger, ce sont les « bons États » qui décident qui sont les « mauvais États » et où il est nécessaire d’intervenir en fonction du respect des droits de la personne, mais surtout, de leurs intérêts », évoque l’article « Historique et fondements juridiques de la responsabilité de protéger » du Collectif Échec à la guerre. N’est-il pas outrageux à vos yeux que cette responsabilité de protéger fasse office de couverture dissimulant les rapports de force internationaux par de bonnes intentions? De surcroît, cette responsabilité d’agir qui incite les plus puissants de ce monde à mettre en œuvre des forces militaires sur des sols étrangers, augmente de façon non négligeable le risque d’attaques internationales. En somme, considérant les écarts notables entre les États occasionnés par leur armement, je suis d’avis que ce dernier peut davantage nuire et créer des conflits que contribuer à sa protection.

Ensuite, je considère que la défense d’un pays ne recourt pas obligatoirement à l’armement étant donné que la diplomatie et le multilatéralisme peuvent également avoir raison de certains malentendus. Le Costa Rica, un pays sans armée depuis maintenant 72 ans, en donna d’ailleurs un bon exemple entre 2010 et 2013. Au cours de cette période, le Nicaragua prit en sa possession l’île de Portillos. Jugeant cette appropriation territoriale comme une violation de sa terre, le pays se tourna alors vers la Cour internationale de Justice qui lui donna raison. « Fin de l’intimidation », comme le mentionne Sandrine Bavard dans son article « Costa Rica, un pays sans armée ». Comme quoi, la diplomatie et les prises de décisions multilatérales sont préférables au détriment des machines de guerre.

En conclusion, j’estime que la protection d’un état ne justifie pas son armement puisque d’énormes écarts sont créés par ce dernier sur la scène internationale. De plus, la diplomatie et le multilatéralisme peuvent avoir raison des armes et rendre la résolution d’un conflit nettement moins violente. Tout comme Rousseau, j’aime à croire que l’humain est fondamentalement bon. J’ose ainsi exposer mon souhait d’un avenir davantage pacifique et égalitaire. J’estime que si les efforts y sont, les résultats y seront aussi…

Retrouvez ces textes et l’ensemble des textes des éditions antérieures sur in-terre-actif.com

Consultez les chroniques du Comité de solidarité dans notre section INTERNATIONAL

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