Depuis 1985, la Maison Albatros offre des soins palliatifs aux personnes en fin de vie. Même si la mission première de la Maison est d’accompagner ces individus dans cette étape bien particulière de leur existence, elle voit tout de même au bien-être des personnes qui accompagnent les résidents et résidentes. En effet, considérant que les accompagnants et accompagnantes doivent faire face au décès d’une personne qui leur était chère, la Maison Albatros leur offre du soutien et les aide à faire leur deuil.
Envisageant le deuil selon l’approche du psychologue Jean Monbourquette, la Maison Albatros voit celui-ci « comme un processus d’adaptation non linéaire, mais surtout unique d’une personne à l’autre ». Pour la fondation Monbourquette, le deuil est le processus qui est enclenché en réaction « à la perte définitive d’une personne aimée ». Si le deuil se vit différemment d’une personne à l’autre, c’est notamment parce qu’il peut être influencé par divers facteurs dont les circonstances du décès, la personnalité de la personne endeuillée et son réseau social. Dans l’ouvrage Excusez-moi, je suis en deuil, Jean Monbourquette et Isabelle d’Aspremont énoncent les différentes étapes qu’une personne en état de deuil peut traverser. Ces étapes, qui ne sont pas absolues ni linéaires, constituent des points de repères qui peuvent aider à comprendre le processus intérieur de la personne endeuillée.
Les sept étapes du deuil
Lorsqu’on annonce à une personne que l’un ou l’une de ses proches vient de mourir, il n’est pas rare que celle-ci ressente un sentiment d’irréalité et qu’elle ait l’impression que ses émotions sont temporairement « gelées ». Il s’agit de la première étape, soit celle du choc et du déni. Éventuellement, à l’étape de l’expression des émotions, les sentiments liés à la perte d’un être cher peuvent se présenter sous la forme d’un « tsunami émotionnel ». Qu’il s’agisse de la tristesse, de la colère, de la culpabilité ou parfois même d’un sentiment de libération, les émotions vécues par la personne endeuillée peuvent s’exprimer d’une multitude de façons. La troisième étape, soit celle de l’étape des tâches concrètes reliées à l’expérience du deuil implique non seulement les tâches administratives qui découlent du décès, mais aussi des actions symboliques. Par exemple, pour être en paix avec le décès de l’être aimé, un individu pourrait réaliser des promesses faites à celui-ci avant son décès ou encore lui dire ce que le temps n’a pas permis de lui transmettre.
La quatrième étape, celle de la quête d’un sens, peut être cruciale pour faire face à la perte vécue. La personne endeuillée, une fois qu’elle s’est permise de vivre les émotions qui devaient être vécues, peut être en mesure de jeter un nouveau regard sur la mort. Divers questionnements peuvent être soulevés à cette étape où la quête d’un sens est cruciale, notamment sur les apprentissages que cette épreuve a permis d’acquérir. Si la relation avec la personne décédée était imprégnée de non-dits ou de blessures, il peut parfois être nécessaire de lui demander pardon ou encore de lui pardonner ses agissements. Cette cinquième étape, soit celle de l’échange des pardons, permet de faire la paix avec les aspects moins harmonieux de la relation.
Ensuite, l’étape du « laisser partir », la sixième nommée par Monbourquette, est celle où il peut être bénéfique de poser un geste d’éloignement symbolique pour consentir peu à peu à continuer de vivre sans elle. Ce geste symbolique peut prendre diverses formes : disposer des cendres de la personne défunte et se départir de ses effets personnels, par exemple, facilitent l’étape du « laisser partir ». Finalement, la septième étape, celle de l’héritage spirituel, consiste à continuer de faire vivre, à travers soi-même, les qualités de la personne défunte. En choisissant de conserver un lien intérieur avec cette dernière, il devient possible que son héritage spirituel perdure.
Après le deuil
Bien que le deuil ne soit pas vécu pareillement par toutes les personnes touchées par un décès, ce processus permet à tous et toutes, avec le temps, de retrouver un état d’équilibre physique, mental et émotionnel. On peut constater que les proches de la personne défunte ont terminé leur deuil quand ils et elles parlent ou entendent parler du décès en toute sérénité. L’indice le plus clair de la fin de ce processus est que la personne auparavant endeuillée se sent complètement en paix avec le décès.