Cette édition de La Gazette en fait la démonstration éclatante, le féminisme est multiforme et composite. Multiforme, en cela qu’il rassemble en un même élan une pluralité de tendances, elles-mêmes incarnées dans différents mouvements d’émancipation, par exemple le féminisme noir ou le transféminisme, comme nous le rappelle notre collègue Florie Dumas-Kemp. Composite, en ce que le féminisme est partie prenante des revendications et des luttes liées à plusieurs problématiques sociales telles que la pauvreté, le racisme, l’analphabétisme et la violence, rapporte cette fois Claude Lacaille.
Loin d’affliger le féminisme d’un manque d’unité qui affaiblirait sa force, au contraire, cette hétérogénéité devient nécessaire et rassembleuse. Pour paraphraser le grand poète Terence, elle est l’expression du fait que rien de ce qui est propre à l’épanouissement de l’être humain n’est étranger au féminisme.
Et c’est en ce sens que le féminisme est un humanisme. Tout ce qui contribue au plein accomplissement du potentiel de développement des femmes contribue en même temps à l’essor général de l’humanité. Cela tout autant pour les femmes qui récusent le féminisme bien évidemment que pour les hommes eux-mêmes, enrichis de facto par le rayonnement de leur alter ego féminin. Pour le dire autrement : tout ce qui fait grandir la femme permet aux hommes de devenir meilleurs. Pour le dire encore différemment, cette fois avec les mots de Jean Bodin à son roi: « Il n’y a de richesse que de nos gens, Sire ». Et le tort infligé à la personne la plus humble doit être combattu sans relâche de la même façon qu’on ne doit ménager aucun effort pour soutenir l’émancipation de chacune et chacun.
Point barre, ajouterait-on dans un monde où triompheraient la bonne foi, l’intelligence, la logique et la bonté du cœur. Hélas, notre monde est ainsi fait qu’il est loin de ces marques bien souvent. Heureusement le féminisme est là, porteur d’espérance et de paix.