Commen sa tu compren po ?
Selon une étude faite en 2009 par le Centre francophone d’informatisation des organisations (CEFRIO), les jeunes de 21 à 24 ans passaient en moyenne 36 heures par semaine sur Internet. Une aussi grande utilisation de l’Internet peut exhorter à la sédentarité, mais qu’en est-il du français ? Comment s’articule la langue sur ces nouvelles plateformes ? Nous nous sommes penchés sur la question en observant les réseaux sociaux et le langage des textos.
D’abord, il y a Facebook, Twitter, Instagram et tous les autres réseaux sociaux qui permettent de s’exprimer sous sa propre identité (en général). Ainsi, les utilisateurs donnent des nouvelles de leur vie, passent des annonces, partagent des coups de cœur culturels, publient des photos, etc. Sur Facebook, l’orthographe est variée. Tous s’entendent pour dire qu’ils n’aiment pas voir de fautes dans des statuts de leurs amis, mais étant donné la relative immédiateté de la publication, il arrive souvent que les gens ne se relisent pas avant de transmettre leur message. Malgré tout, le niveau du français est relativement bon.
Puis, on a affaire au média qui soulève le plus grand tollé par rapport à la qualité du français écrit des jeunes : le fameux texto. De nos jours, il est très rare de rencontrer un adolescent qui ne possède pas de cellulaire ou qui n’y est pas « scotché » en tout temps. En 2016, l’instantané est au goût du jour et le clavardage peut être une façon extrêmement rapide d’entrer en contact avec quelqu’un. L’aspect immédiat des réponses facilite la spontanéité des propos, mais contribue au développement d’un nouveau langage jamais vu auparavant, un dérivé raccourci du français standard. Dans des textos, on peut lire des conversations comme la suivante : « — ktf ? — rien toi — la jdoi aller au dep fak jte rappel k — k lol »
Pour un adulte moyen, cette conversation relève du pur charabia. Or, il n’en est pas vraiment ainsi. Si le « langage texto » est aussi universel pour les jeunes, c’est qu’un système le régit. En effet, les expressions communes sont abrégées, en ne gardant parfois que les consonnes (« cv ? » au lieu de « ça va ? »). Parfois, une lettre représente un son qui imite le vrai terme (« po » au lieu de « pas », par exemple). Dans tous les cas, telle une sorte de code Morse, les abréviations et les mots tronqués sont adoptés par la plupart à des fins d’économie de temps. Cela a-t-il un réel impact sur le français écrit standard, dans des contextes formels ? Des études montrent que les jeunes savent faire la différence entre les contextes familiers et formels, car les enseignants ne retrouvent pas de fautes reliées au langage des textos dans des textes scolaires.
Il serait donc prudent de ne pas condamner trop rapidement les nouvelles formes de communication. D’ailleurs, l’ouverture sur le monde qu’offre Internet a permis aux jeunes de perfectionner leur anglais, d’être multitâches et d’écrire plus que jamais, en mettant au bout de leurs doigts plus de ressources que toutes les bibliothèques du monde rassemblées.