Réal Boisvert, mars 2018 Dans l’ordre des besoins fondamentaux, on estime habituellement que le logement arrive en deuxième lieu, tout juste après la nécessité de se nourrir. Sauf que les coûts du logement, contrairement à ceux de la nourriture, sont incompressibles. Il s’en suit que bien des familles à faible revenu dépensent plus 40 % de ce qu’elles gagnent pour se loger. Sans oublier les personnes inscrites à l’aide sociale pour qui il n’est pas rare que ce pourcentage tourne autour de 70 % ? On se retrouve alors en situation d’insécurité alimentaire. C’est dans ce contexte que l’État a mis en place un ensemble de mesures et de programmes à l’intention des personnes seules et des familles les plus défavorisées afin qu’elles puissent se loger à moindre coût. Selon des projections établies par le Consortium en développement social de la Mauricie, il y aurait dans la région 19 000 ménages admissibles au programme Allocation-logement. Or il se trouve que les données les plus récentes révèlent que 12 000 ménages n’ont pas eu recours à cette aide. Et Dieu sait qu’ils en auraient besoin ! Autre statistique inquiétante… En comparaison de la Capitale nationale (26,2 %), l’augmentation du nombre de logements sociaux entre 2006 et 2015 en Mauricie n’a été que de 8,7 %, plaçant sur ce plan la région à l’avant-dernier rang des régions du Québec. Comment cela se peut-il ? Au premier abord, il suffit de consulter le site du gouvernement du Québec consacré au programme Allocation-logement pour constater à quel point les formalités administratives concernant l’admissibilité au programme peuvent être complexes. Et en se mettant dans la peau d’une personne ayant un faible niveau de scolarité, on devine que devant un tel engrenage bureaucratique, celle-ci ne songe même pas à faire de demande. Et encore, à supposer qu’elle ait un accès Internet, le formulaire d’admission ne peut pas être téléchargé directement! Pour l’avoir, il faut communiquer avec… la Direction du centre des relations avec la clientèle des programmes sociofiscaux (sic) de Revenu Québec. Ouf ! Demeurez en ligne pour conserver votre priorité d’appel… Bon, on ne réclame pas ici un revenu minimum garanti. On ne demande pas de hausser le salaire minimum à 15 $ de l’heure. Non. On veut juste s’assurer que les programmes en place soient accessibles au commun des mortels. Et pour que la Mauricie retrouve son dû, il faudrait d’abord commencer par faciliter l’accès aux divers programmes d’aide. Pourquoi, par exemple, ne pas ajouter une clause au formulaire de la déclaration du revenu pour qu’une personne se voit accorder une allocation automatique si sa situation financière et familiale le lui autorise ? Voilà une mesure qui serait bien accueillie par plusieurs organismes communautaires de la région, eux qui ne ménagent pas leurs efforts pour offrir des cliniques d’impôt aux familles à faible revenu. Et cela étant, le soutien au logement pour les personnes les plus démunies n’est pas qu’une affaire administrative. C’est aussi une question de concertation et de mobilisation citoyenne. On revient donc sur le développement de logements sociaux. N’y aurait-il pas lieu, de concert avec l’ensemble des élus municipaux, d’inscrire en bonne et due forme un volet relatif au logement abordable dans les schémas d’aménagement des territoires ? Car, après tout, étant donné ses impacts sur la santé et la vie sociale, l’importance d’un logement décent concerne tout autant notre développement collectif que la localisation des parcs industriels, le transport des marchandises ou l’emplacement des artères commerciales.