Cet article s’inscrit dans le cadre du projet Proche en tout temps porté par Le Gyroscope et Le Périscope, deux organismes de la Mauricie venant en aide aux proches de personnes vivant avec des problématiques de santé mentale. Ce projet est rendu possible grâce au soutien financier de l’Appui Mauricie. Pour rejoindre l’équipe du projet Proche en tout temps, contactez-les par courriel au info@procheentouttemps.org.Par Marianne Cornu, juin 2018
Non seulement les problèmes de santé mentale chez les aînés demeurent-ils tabous, mais on confond souvent vieillissement normal, troubles neurocognitifs et maladies mentales, qui peuvent d’ailleurs s’entremêler pour rendre le tout complexe à la fois pour la personne concernée et pour son entourage.
Selon l’Association des médecins psychiatres du Québec, une maladie mentale est un ensemble de dérèglements au niveau des pensées, des émotions et/ou du comportement qui reflètent un trouble biologique, psychologique ou développemental des fonctions mentales. Ces changements amènent de la souffrance et de la détresse pour la personne qui les vit. Par maladie mentale ou trouble de santé mentale, on entend ici la schizophrénie, le trouble bipolaire, la dépression, les troubles anxieux, les troubles de la personnalité, etc., qu’on différencie des troubles neurocognitifs comme la maladie d’Alzheimer.
Si certaines personnes aînées ont un problème de santé mentale depuis longtemps, d’autres peuvent en développer un tardivement, tout particulièrement la dépression ou un trouble anxieux, en raison de facteurs prédisposants tels que le décès d’un proche, une perte d’indépendance, une maladie chronique, l’isolement, etc. La majorité des données indiquent une prévalence plus élevée de symptômes chez les personnes aînées résidant dans des établissements de soins que chez celles vivant dans la collectivité. Il faut toutefois tenir compte du fait que les troubles de santé mentale survenant après 65 ans sont souvent sous-diagnostiqués entre autres du fait que les aînés ont été moins sensibilisés à la maladie mentale et n’osent pas toujours en parler.
Si vous côtoyez une personne aînée qui présente des symptômes de maladie mentale, vous pouvez l’aider. Premièrement, éviter d’expliquer tout ce que votre proche pense, dit ou fait par le vieillissement. Soyez attentifs aux changements, tels que les modifications aux habitudes de sommeil, les plaintes somatiques non reliées à un trouble physique existant (maux de tête, douleurs gastriques, etc.), les changements brusques d’humeur, l’augmentation de consommation de médicaments ou d’alcool, l’accumulation de médicaments (pouvant laisser présager des idées suicidaires), la dévalorisation, l’inquiétude excessive, etc. Il faut savoir que chez les aînés, les problèmes de santé mentale peuvent se manifester différemment. Par exemple, la dépression amène souvent moins de tristesse, mais plus de symptômes physiques, de changements de comportement et de pertes de mémoire (on comprend la difficulté qu’il peut y avoir à différencier un symptôme de dépression d’un symptôme de trouble neurocognitif). Au besoin, il peut être bon de dire à votre proche que vous êtes inquiet pour sa santé et de lui de proposer de l’accompagner voir un médecin. Les personnes aînées (comme bien d’autres!) sont parfois réticentes à consulter un psychologue ou un travailleur social et ont davantage confiance en un médecin, qui pourra évaluer la situation.
Enfin, quand malgré le trouble existant la personne aidée est stable, concentrez-vous sur son potentiel. Vous serez comme un miroir qui lui reflétera une image positive et cela favorisera son estime personnelle, un élément clé d’une bonne santé mentale.