La Gazette de la Mauricie, en collaboration avec la Caisse d’économie solidaire Desjardins et différents partenaires régionaux, vous présente la série Cap sur l’innovation sociale. Dans chacune de nos parutions d’ici juin 2019, nous mettrons en lumière un projet citoyen ou une initiative entrepreneuriale qui répond de façon originale à un besoin de notre collectivité. Voici le quatrième reportage de cette série. Celui-ci est réalisé en collaboration avec la Table régionale de l’éducation de la Mauricie.Steven Roy Cullen, janvier 2019 « C’est bien beau nourrir des bedaines, mais nourrir l’esprit aussi ça fait du bien » Cette citation est celle d’Andréanne Cossette, organisatrice communautaire pour l’action partenariale Se nourrir, agir, se développer (NAD) dont l’organisme mandataire est Moisson Mauricie / Centre-du-Québec. Loin d’elle l’idée de banaliser les besoins en denrées dans les comptoirs alimentaires du Québec. En 2017, les 71 organismes membres de Moisson Mauricie / Centre‑du‑Québec ont vu les demandes d’aide alimentaire augmenter de 27 %, et ce, malgré un contexte économique de « plein emploi ». En effet, le nombre de personnes aidées mensuellement est passé de 22 972 en 2016 à 29 105 en 2017. Les besoins en denrées sont donc grands. Par contre, en situation de pauvreté, les esprits aussi sont parfois en carence, en particulier ceux des enfants. Voilà pourquoi on a pensé développer le projet Se nourrir, lire et grandir.
La genèse du projet
Tel que son nom l’indique, ce projet est en quelque sorte le bébé de l’action partenariale NAD. Cette dernière a été mise sur pied en 2008 pour soutenir les groupes responsables des distributions alimentaires sur le territoire de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Ultimement, elle vise la création de véritables milieux de vie entre autres par le partage de bonnes pratiques et d’outils.
Se nourrir, lire et grandir est né d’un constat dans ces milieux de vie. À certains endroits, les coordonnateurs et bénévoles des distributions alimentaires disposaient des livres sur les tables pour que les enfants puissent lire durant les périodes d’attente. « Dans un des milieux de vie à Trois-Rivières, il y avait un bénévole – c’était génial! – qui avait un petit chariot de livres. De là est née l’idée des bibliothèques à roulettes. Donc, les gens empruntaient les livres et les ramenaient, un peu selon le même principe que les Croque-Livres », explique Andréanne.
Des bibliothèques roulantes
Concrètement, le projet Se nourrir, lire et grandir consiste en l’implantation de bibliothèques roulantes dans vingt milieux de vie. Celles-ci ont été conçues par des étudiants et étudiantes de l’école secondaire Chavigny qui les ont adaptées à la réalité des lieux de distribution alimentaire en les construisant de manière compacte. Le caractère innovant du projet réside dans le fait de donner accès à des livres directement dans les milieux de vie des familles plus vulnérables. « Ce que Moisson voulait, c’était de donner accès à de beaux livres et donner le goût de la lecture », souligne l’organisatrice communautaire. « Côté éducatif, je trouve que ça va permettre aux enfants d’ouvrir leurs horizons sur différents sujets. Si à la maison ils n’ont pas une grande sélection de livres, ici ils vont avoir accès à différents sujets », confie une utilisatrice. Gageons que nous verrons d’autres bibliothèques roulantes apparaître dans les milieux de vie au cours des prochains mois.