Jean-Claude Landry – janvier 2021 

Ce n’est pas la panique. Loin de là! Ça ressemble davantage à un vague sentiment d’inquiétude.  À une insistante préoccupation. Un peu comme la roche dans le soulier. Ce qui explique la récurrence étonnante de ce sujet dans les analyses d’institutions et cercles de réflexion qu’on croyait désintéressés par la question vu leur adhésion aveugle aux lois du libre marché. Et leur traditionnelle suspicion à l’égard du pouvoir de régulation des États.

Qu’on en soit rendu à des écarts de richesse tels que seulement 2 153 personnes, toutes milliardaires, détiennent plus de richesses que 4,6 milliards de leurs semblables (soit 60 % de la population de la planète) semble en effet faire réfléchir les plus ardus défenseurs de l’ordre économique actuel.

Comme ce directeur adjoint à la recherche au Fonds Monétaire International (FMI) qui, lors de son bref passage à Montréal en 2018, décriait la hausse des inégalités et plaidait pour une meilleure distribution de la richesse. Provenant d’une institution qui a historiquement vanté les vertus de la libre concurrence, de la dérégulation, du libre commerce, de la privatisation des services publics et, surtout, du rapetissement du rôle de l’État, cela a des airs de conversion.

200 millionnaires ont créé l’association « Millionnaires patriotes » et se mobilisent sous le slogan « Tax the rich » dénonçant les 8000 milliards de dollars (près de 10% du produit intérieur brut mondial) accumulés dans des paradis fiscaux. – Source : NBC News

Entendre la Banque Mondiale, cet autre pilier du capitalisme international, dire qu’elle s’engage à promouvoir une prospérité mieux partagée et que « la croissance économique rime parfois avec inégalités accrues et exclusion sociale » a également de quoi étonner. Même si, à la différence du FMI, la Banque ne croit pas nécessaire de « redécouper le gâteau  économique, quelle que soit sa taille, ni prendre aux riches pour donner aux pauvres. »

Et que penser de ces 200 millionnaires qui, craignant que cette situation déjà intolérable ne dégénère, ont créé l’association « Millionnaires patriotes » et se mobilisent sous le slogan « Tax the rich » dénonçant les 8000 milliards de dollars (près de 10% du produit intérieur brut mondial) accumulés dans des paradis fiscaux ?

Faut-il conclure de tout cela, comme le soutiennent de plus en plus de chercheurs, d’analystes et de citoyens ordinaires, que le ver est dans le fruit ? Et qu’en conséquence, il faudra, au lendemain d’une grave crise sanitaire, repenser l’économie sur d’autres bases que celle de la croissance ? L’état de la planète et des gens qui l’habitent démontre les limites du dogme de la croissance avec de plus en plus d’évidence. L’état des choses nous oblige à penser une nouvelle économie en nous appuyant sur des préceptes tout autres que ceux qui ont jusqu’à maintenant inspiré des choix économiques socialement corrosifs. Notamment ce précepte voulant que la richesse accumulée tout en haut de pyramide « ruisselle » sur l’ensemble de celle-ci. Une théorie confortant les plus riches, mais démentie par les écarts de richesse abyssaux engendrés par le libre marché.

« Think outside the box » selon le dicton anglophone ! « Penser en dehors de la boîte » ? Un anglicisme, certes, mais qui traduit, on ne peut mieux, le gigantesque défi que l’actuelle pandémie lance à l’humanité

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