Alex Dorval – Coordonnateur par intérim
Pour une hausse de l’aide sociale
Mis à part l’ajout d’une requête concernant la hausse des prestations d’aide sociale, les demandes de la TCMFM sont sensiblement les mêmes que celles adoptées officiellement par la CQMMF, Coordination du Québec de la Marche Mondiale des Femmes.
Cette spécificité régionale fut ajoutée selon Joanne Blais, directrice de la Table de Concertation du Mouvement des Femmes de la Mauricie (TCMFM) suite à une discussion avec les gens de COMSEP (Centre d’Organisation Mauricien de Services et d’Éducation Populaire, organisme reconnu pour sa lutte contre la pauvreté. Selon le dernier rapport du MTESS, ce sont 7458 Mauriciennes qui reçoivent actuellement de l’aide sociale, soit 7,5 % des Québécoises touchant une prestation. Une proportion énorme par rapport au reste du Québec et qui touche d’ailleurs aussi les Mauriciens dans une proportion similaire.
Le dépôt des revendications de la TCMFM arrive quelques jours seulement après que le ministre Boulet (MTESS) ait dressé un bilan positif de ses actions pour soutenir l’emploi au Québec dans lequel il se montrait particulièrement fier de la baisse de 9,3 % du nombre de prestataires sans contraintes à l’emploi. Reste à voir si le fait que le ministre de la Solidarité soit en Mauricie puisse paver la voie vers des mesures spécialement adaptées à la réalité des femmes de la région.
Dans l’attente d’une campagne nationale
Les élans de dénonciation de harcèlement sexuel et leur médiatisation ces dernières années ont-ils contribué à un changement de mentalité chez la population québécoise ? « La population en général reconnaît que les femmes vivent des discriminations et des violences importantes qui ne sont pas vécues par les hommes » admet la directrice de la TCMFM. Elle ajoute toutefois: « il va falloir que ça aille plus loin que des prises de conscience, parce qu’en peu de temps il y a eu beaucoup de femmes disparues ou tuées par un homme de leur entourage ».
Au sein des organismes de soutien pour les femmes aux prises avec un conjoint ou un ex violent, plusieurs sont d’avis que le mouvement de dénonciation Me Too a collaboré à la prise de conscience sociale de la violence sexuelle et en quelque sorte des autres formes de violence subites par les femmes.
Pour passer du constat à l’action et permettre une meilleure prise en charge, la CQMMF réclame donc aux gouvernements, la mise en place d’une campagne de sensibilisation et prévention d’envergure nationale.
Prévention et protection des filles et femmes autochtones
Selon une enquête menée par Statistique Canada, les filles et femmes autochtones sont presque trois fois plus susceptibles d’être victimes de violence que les autres femmes au Canada. Malgré l’Enquête nationale sur les filles et les femmes autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) menée par le gouvernement canadien, force est de constater que la violence envers celles-ci n’a pas baissé d’un cran.
L’organisation Femmes Autochtones du Québec (FAQ) publiait en 2015, Debout et solidaires. Puis en 2018 suivit leur mémoire Celles dont on a pris la vie. Ces deux ouvrages ont permis de confirmer que les injustices subies par les femmes autochtones s’inscrivent dans la même lignée que les violences structurelles héritées de la colonisation et qu’elles existent aussi bien au Québec qu’ailleurs au Canada. Les plans d’action, programmes de soutien aux victimes et autres mesures gouvernementales se succèdent, mais le racisme ordinaire et la banalisation semblent constituer le noyau dur du problème.
Réparer le passé et bâtir le lien de confiance des filles et femmes autochtones envers les autorités canadiennes ne sera pas jeu d’enfants, surtout si on met en perspective les tensions sociales qui persistent et s’intensifient depuis quelques semaines entre plusieurs groupes autochtones, québécois et canadiens.
La pauvreté et la violence sont des fléaux majeurs qui perdurent et qui justifient le maintien des luttes féministes. Le combat est long, mais la directrice de la TCMFM demeure toutefois optimiste, puisqu’elle observe que les choses changent et que « des femmes parlementaires se rassemblent à l’Assemblée Nationale pour tenter de trouver des solutions face aux violences faites aux femmes. La ministre Lebel fait partie de ces femmes, et j’ai confiance en Mme Lebel » ajoute-t-elle en fin de point de presse. Un aveu de confiance lancé dans l’espace public, comme en quête d’un écho, quelque part entre l’espoir et la revendication.
Sources :
Rapport statistique sur la clientèle des programmes d’assistance sociale, MTESS, décembre 2019 :
https://www.mtess.gouv.qc.ca/publications/pdf/00_AS-statistiques-2019-12.pdf
Le ministre Jean Boulet dresse un bilan positif de ses actions pour soutenir l’emploi au Québec
http://cdeacf.ca/actualite/2020/01/31/ministre-jean-boulet-dresse-bilan-positif-actions-pour
Québec augmente les prestations d’aide sociale des personnes inaptes au travail, La Presse Canadienne
Deux an après Me Too, 20 minutes, France :
Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA):
https://www.mmiwg-ffada.ca/wp-content/uploads/2019/06/Rapport-compl%C3%A9mentaire_Qu%C3%A9bec.pdf
https://www.faq-qnw.org/wp-content/uploads/2019/05/M%C3%A9moire-de-FAQ-devant-lENFFADA.pdf
Balado « Partage des vérités »
https://www.mmiwg-ffada.ca/fr/
Estimations mondiales et régionales de la violence à l’encontre des femmes, OMS, 2017
Table ronde nationale sur les femmes et les jeunes filles autochtones disparues ou assassinées, 2015
https://cfc-swc.gc.ca/fun-fin/ap-pa/index-fr.html