Suggestions d’Audrey Martel, Librairie L’Exèdre
Robert et moi (série en 4 tomes), Robert Soulières et Cyril Doisneau, éditions Fonfon
Les éditions Fonfon sont reconnues pour leurs livres jeunesse à la fois pédagogiques et ludiques. La collection Histoires de lire, destinée aux petits lecteurs du premier cycle du primaire, s’inscrit parfaitement dans la mission de la maison. Le concept est vraiment sympathique : on met en scène un auteur – sous les traits d’un enfant – au fil de quatre petites histoires, faites de phrases courtes et rythmées. Le texte accroche le lecteur en lui donnant envie de découvrir le livre suivant. J’ai été charmée par les quatre premiers volumes de la série, parus l’automne dernier, qui mettaient en vedette le coloré Simon Boulerice. Cette fois-ci, c’est le petit Robert Soulières que l’on découvre à travers quatre histoires drôles et poétiques. On en redemande !Chère Ijeawele – Un manifeste pour une éducation féministe, Chimamanda Ngozi Adichie, Gallimard
Chimamanda Ngozi Adichie est cette écrivaine d’origine nigériane à qui l’on doit le formidable roman Americanah, paru en 2015. Elle nous revient ici avec un essai féministe essentiel. Lorsqu’une amie, nouvellement maman, lui demande des conseils sur la façon d’éduquer sa petite fille de façon féministe, Chimamanda lui répond sous forme de lettre. Sur un ton convivial et parfois ironique, l’auteure y va de quinze recommandations à la portée de tous, formant un manifeste qui devrait à mon avis être lu par tous les nouveaux parents. J’oserais même dire que ce texte incontournable devrait être mis entre toutes les mains.
Les inquiétudes : L’année noire, tome 1, Jean-Simon Desroches, Les herbes rouges
Tout commence par la disparition d’un gamin dans un quartier ordinaire de l’Est de Montréal. Cette disparition signera le début de l’année noire pour tous les personnages du livre. On suivra, bien sûr, les parents du jeune disparu, mais également les témoins de l’enlèvement, les badauds ayant pris part à la battue le soir du drame et des voisins, plus ou moins liés entre eux. Cette alternance entre les points de vue et les récits personnels forme une grande fresque de la société québécoise et, surtout, de toutes ses zones d’ombre. Un roman à l’écriture parfaitement maîtrisée, dont on devient rapidement accro !Ada – La grincheuse en tutu, Élise Gravel, éditions La Pastèque
Tous les samedis matin, Ada est en colère. Elle est marabout et elle rouspète. Bref, elle est grincheuse. Parce que chaque samedi, elle doit assister à son cours de ballet. Mais Ada déteste le ballet ! Rien à faire, elle n’y arrive pas. Les pointes et les pirouettes, la grâce et les arabesques, ce n’est pas pour elle. La dynamique Ada nous entraîne dans son monde coloré, où l’on brise les stéréotypes de façon ludique. Oui, les petites filles peuvent être grincheuses, oui, elles peuvent détester les tutus et le ballet. Elles peuvent même impressionner les garçons avec leurs mouvements de karaté !Louis parmi les spectres, Fanny Britt et Isabelle Arsenault, éditions La Pastèque
Nous avons découvert le duo Britt et Arsenault avec le fabuleux roman graphique Jane, le renard et moi qui s’est taillé une place dans la sélection officielle du Festival de la bande dessinée d’Angoulême en 2013, en plus d’être traduit dans une dizaine de langues. Voilà que les deux auteures présentent un deuxième ouvrage tout aussi beau et sensible, Louis parmi les spectres, qui a lui aussi été finaliste au dernier Festival d’Angoulême, prouvant encore une fois le talent des deux femmes. Bien que ce second opus aborde des thèmes difficiles – premier amour, séparation, alcoolisme – les illustrations lumineuses et délicates parviennent à adoucir le propos. L’écriture forte et imagée de Fanny Britt s’accorde tellement bien à l’univers graphique d’Isabelle Arsenault qu’on ne peut qu’être fasciné.
Un présent infini, Rafaële Germain, Atelier 10
Rafaële Germain livre ici une réflexion à la fois touchante et pertinente sur la mémoire collective et intime.
George-Hébert Germain, père de l’auteure et journaliste passionné d’histoire, a succombé l’an dernier à un cancer du cerveau qui a eu un effet dévastateur sur sa mémoire dans les deux années précédant son décès. S’adressant régulièrement à un « tu » qui renvoie à son père, Rafaële Germain poursuit d’une certaine façon les longues discussions qu’elle entretenait avec lui. Ce tutoiement contribue également à rendre le texte plus près du témoignage que de l’essai.
Le titre « Un présent infini » est tiré du livre « Les années » d’Annie Ernaux. Ce concept de présent infini illustre bien la réalité des ordinateurs qui pallient la mémoire humaine, faisant en sorte que plus rien n’est oublié collectivement, tandis que nous peinons maintenant à retenir un simple numéro de téléphone. De la même façon, nous avons désormais l’impression que pour immortaliser un moment précieux (voire banal), il nous faut le partager sur les médias sociaux.
Voilà une partie de la réflexion de Rafaële Germain, qui fait également intervenir dans cet essai auteurs et experts ayant eux aussi réfléchi à la question. L’ensemble constitue une observation juste et nuancée, dans la lignée des autres courts textes de la collection Documents d’Atelier 10, des essais écrits « dans l’urgence de dire les choses ».
En route vers toi, Sara Lövestam, éditions Actes Sud
Un matin bien ordinaire, quatre objets antiques atterrissent de façon saugrenue dans la vie de Hanna, une jeune trentenaire désabusée. Dès le moment où elle enfile cette vieille paire de bottines qui semble dater du début du siècle dernier, Hanna a l’impression de posséder une force nouvelle qui lui permet de tenir tête à sa mère et son copain. Outre les bottines, elle a également en sa possession une paire de lunettes tordue, une affreuse broche et une vieille règle d’écolier. Curieuse d’en apprendre plus sur ces objets, elle s’associe à un antiquaire octogénaire, une amie de longue date et une adorable vieille dame afin de retracer la vie de la première propriétaire de ceux-ci.
En parallèle, le lecteur découvre la vie de Signe, une maîtresse d’école militante pour le droit de vote des femmes suédoises au début du 20e siècle. L’histoire d’amour déchirante entre Signe et une charismatique suffragette sera déterminante pour la jeune maîtresse d’école. Évidemment, l’histoire toute contemporaine d’Hanna finira par rejoindre celle de Signe, nous offrant une belle leçon d’Histoire et de résilience. Les thèmes de l’amour homosexuel et du féminisme dans la Suède de 1906 représentent des éléments hors du commun qui contribuent à rendre ce roman original et addictif. Un bon moment de lecture!Infiltrer Hugo Meunier : enquête sur la vie des vedettes québécoises, Hugo Meunier, Lux
Hugo Meunier est ce journaliste qui avait infiltré pendant 3 mois une succursale de la chaîne Walmart en 2013. Son aventure avait mené à la publication d’un essai (Walmart : journal d’un associé, Lux, 2015). Infiltrer Hugo Meunier est donc le deuxième ouvrage de l’auteur à l’humour grinçant, ouvrage dans lequel il infiltre encore une fois une structure colossale; celle des autobiographies de vedettes. En s’intéressant à ce genre littéraire qui connaît une popularité grandissante actuellement au Québec, dans cet essai cynique et audacieux, Hugo Meunier questionne à la fois les notions de vedettariat, d’égo et de marchandisation du fait vécu tout en entrecroisant ses réflexions au récit de son existence somme toute banale.Mammouth Rock, Eveline Payette; (illustrations) Guillaume Perreault, La Courte Échelle
Ce roman graphique complètement éclaté nous amène à la rencontre du petit Louis, qui doit présenter son animal préféré – en l’occurrence, le très mystérieux mammouth rock – au reste de sa classe. Le texte, signé par Eveline Payette est un éloge à la curiosité et à l’imagination débordante des enfants. La structure du livre, les couleurs et les illustrations signées par Guillaume Perreault en font un ouvrage vivant et dynamique, qui accrochera sans aucun doute les petits lecteurs. Je dois reconnaître que je suis “fan” du travail de cet illustrateur, qui parvient encore une fois à nous en mettre plein la vue. (Dès 8 ans.)Grand fauchage intérieur, Stéphanie Filion, Boréal
Dans ce roman d’une grande douceur et chargé de sensualité, Stéphanie Filion nous raconte l’histoire d’une femme, de passage au Liban pour une courte semaine. Sous la chaleur du soleil et des personnes qu’elle y rencontre, Jeanne amorce une transformation et se laisse transporter, se libérant peu à peu du drame qui l’habite. Elle tombera bien vite sous le charme de Julien, lui aussi à Beyrouth le temps d’une compétition de Judo. Une histoire d’amour toute simple portée par une écriture concise.Le monde est à toi, Martine Delvaux, Héliotrope,
Le monde est à toi est un essai très personnel sur la transmission du féminisme, la maternité et la relation mère-fille. Il s’agit à la fois d’un guide et d’un témoignage, rempli d’amour et d’émotions signé par la professeure Martine Delvaux. Ses propres réflexions côtoient celles d’autres féministes, telles Virginia Wolf et Bell Hook. Elle y aborde les thèmes de la maternité bien sûr, mais également ceux du militantisme et de la création. Le tout est rédigé sous forme de lettre d’amour adressée à sa fille adolescente. C’est touchant et inspirant !Le meilleur a été découvert loin d’ici, Mélodie Vachon Boucher, Mécanique générale
Mélodie Vachon Boucher nous offre ici un roman graphique intimiste et touchant. Alors qu’elle se retire dans un monastère pour écrire un livre, l’auteure se plonge dans ses souvenirs – une rupture, un voyage à Berlin, le décès de ses proches – et sonde son rapport au deuil. Les illustrations douces et justes dictent le ton du livre et l’on envie le silence monacal qu’a connu l’auteure. Un très beau roman graphique !Histoire du soir pour filles rebelles, Elena Favilli et Francesca Cavallo Guy Saint-Jean éditeur,
Histoire du soir pour filles rebelles est un recueil de courtes histoires biographiques présentant des portraits de femmes qui ont marqué l’histoire à leur façon. On y retrouve des auteures, des scientifiques, des sportives, des politiciennes et bien plus, bref des femmes inspirantes, qui font un pied de nez aux princesses auxquelles la littérature jeunesse nous a trop souvent habitués. Les deux créatrices derrière cet ouvrage croient qu’il est primordial d’offrir aux enfants des modèles féminins forts, qui ne rêvent pas que de trouver le prince charmant. Un livre qui donne envie de rêver grand !
Suggestions de François Martin, Librairie Poirier
Ted Chiang, Gallimard, Folio
Comme plusieurs lecteurs québécois, j’ignorais tout de l’écrivain de science-fiction Ted Chiang avant que Denis Villeneuve ne réalise une splendide adaptation cinématographique – sous le titre L’Arrivée – de sa novella « L’histoire de ta vie ». La récente réédition en format de poche de son recueil La Tour de Babylone m’aura permis de découvrir ce brillant auteur américain, lauréat des prix Hugo, Nebula, Sidewise et Theodore Sturgeon.
Le livre est composé de huit récits qui, chacun à sa façon, déstabilisent et happent le lecteur tant par la justesse de la psychologie des personnages que par la façon qu’a l’auteur d’allier des problématiques fort complexes au quotidien relativement familier de ses protagonistes. Dans « Division par zéro », par exemple, une mathématicienne est internée après avoir élaboré une démonstration qui pourrait bien prouver la fausseté des maths et menacer sa vie de couple, voire sa propre vie. Et si elle avait raison? Lors du tout premier contact avec des extraterrestres, la linguiste Louise Banks fera quant à elle une découverte qui l’amènera à réviser sa conception de l’existence et du temps (« L’histoire de ta vie »). Le récit donnant son titre au recueil est pour sa part une habile réécriture d’un mythe bien connu, celui de la tour de Babel. Or, n’atteint pas qui veut la voûte des cieux, et les secrets de Jéhovah sont fort bien gardés…
Chaque texte est accompagné d’un commentaire de l’auteur où Chiang relate comment a germé en lui l’idée de cette nouvelle. Ces incursions dans la genèse des récits sont en général très intéressantes et témoignent bien de l’immense créativité de l’écrivain. En somme, La Tour de Babylone est un incontournable pour les amateurs d’une science-fiction portant à réflexion.Le sous-majordome – Patrick deWitt – Alto
Patrick deWitt a conquis un très large public en 2012 avec Les frères Sisters, un western déjanté qui lui a d’ailleurs valu le Prix des libraires du Québec ainsi que le Prix littéraire du Gouverneur général. L’auteur nous revient en force en ce début d’année avec Le sous-majordome, une comédie de mœurs à l’humour grinçant dont l’intrigue se situe à mi-chemin entre un conte des frères Grimm et un sketch absurde du groupe Monty Python.
Jeune mythomane à la frêle stature, Lucien « Lucy » Minor est le vilain petit canard de son hameau natal. Par suite du décès de son père, le menteur compulsif accepte le curieux poste de sous-majordome au château de l’énigmatique baron d’Aux. Alors qu’il envisageait cet emploi comme l’occasion rêvée de quitter le giron maternel et son ennuyeux village de Bury, Lucy se retrouve bien vite à longer les murs des innombrables couloirs du sinistre bâtiment. Son supérieur, le squelettique monsieur Olderglough, refuse en outre de lui révéler ce qu’il est advenu du pauvre Broom, son prédécesseur. Sans compter que le château surplombe un village où grouillent les voleurs – dont les sympathiques Mémel et Mewé – et où passent des soldats pour qui l’unique raison de combattre semble justement d’être des soldats ! Heureusement, il y a aussi la sémillante Klara, dont Lucy tombera éperdument amoureux (à ses risques et périls).
En somme, Patrick deWitt nous offre avec Le sous-majordome un roman unique en son genre. L’étrangeté de l’intrigue – qui nous tient en haleine – et la drôlerie des dialogues sont portées par un style d’une élégance qu’on croirait issue d’une époque révolue. Comme pour Les frères Sisters, son précédent roman, on referme le livre avec l’impatience de découvrir ce que nous réserve encore le talentueux Patrick deWitt. Parions qu’il saura une fois de plus nous surprendre.
Suggestions de Guy Rousseau, Librairie Poirier
L’ÉTAT SUCCURSALE, Simon-Pierre Savard-Tremblay, VLB Éditeur
Dans un contexte de mondialisation des marchés et d’ententes internationales (ALÉNA, Union européenne, OMC, etc.) où être un citoyen devient une conception abstraite, Simon-Pierre Savard-Tremblay nous rappelle dans son livre L’État succursale que l’État-nation est le seul rempart de la démocratie et de la recherche du bien commun.
Malgré le fait qu’actuellement l’État et les nations sont quelque peu malmenés, la participation citoyenne n’a de sens qu’en fonction de ce lieu juridiquement constitué qu’est l’État. Cependant, nous devons constater que plusieurs États ont démissionné de leur responsabilité et qu’ils ont renoncé à une part importante de leurs prérogatives au nom de l’adaptation à la sacrosainte « réalité économique » mondialisée.
De fait, la mondialisation a généralisé la peur du peuple envers l’État, peur qui justifierait à elle seule de vouloir confier le pouvoir le plus souvent possible à une élite juridique éclairée. Au contraire de l’État minimal souhaité par les libertariens et les anarchistes, l’État succursale intervient énergiquement, mais en faveur d’une minorité.
Pour Simon-Pierre Savard-Tremblay, le problème de notre époque n’est pas l’État, mais son détournement. Il conclura en affirmant que la seule capacité d’agir du peuple sur le politique, et donc sur l’État, porte un nom : la souveraineté.
Un livre pour tous ceux et celles qui désirent reprendre le contrôle de leur destinée collective.Gagner la guerre du climat – Douze mythes à déboulonner, Normand Mousseau, Boréal
La réduction des gaz à effet de serre (GES) mènera automatiquement à une amélioration de notre qualité de vie. L’hydroélectricité est le pétrole du Québec. La lutte aux changements climatiques passe d’abord par la voiture électrique. Chacun et chacune de nous avons une théorie ou une solution pour réduire les gaz à effet de serre (GES).
Or, Normand Mousseau, professeur de physique à l’Université de Montréal, directeur académique de l’Institut de l’énergie Trottier et spécialiste des GES, nous démontre à partir d’une analyse non seulement rigoureuse et pertinente, mais surtout lucide et réaliste que, trop souvent, nous pensons que la lutte contre les changements climatiques est le fruit de bonnes intentions, et ce, sans remettre en question notre modèle de développement.
Dans cet essai choc, Normand Mousseau déboulonne systématiquement douze mythes relatifs à la guerre du climat et aboutit de manière irréfutable à la vérité suivante : la solution au problème des changements climatiques n’est pas de nature technologique ou scientifique, mais bel et bien politique.
Un livre pour tous ceux et celles qui ont besoin de rigueur tant au niveau du diagnostic qu’à celui des processus de changement.L’ACTION NATIONALE 1917-2017
Depuis cent ans, la revue L’Action nationale mène un combat pour la survie du peuple francophone en Amérique. Depuis plus d’un siècle, les intellectuels préoccupés par l’émancipation du Québec participent à la publication de cette revue mensuelle qui vise à faire comprendre à la population québécoise les enjeux auxquels elle est confrontée. Par la publication d’analyses, de recherches et d’opinions, la revue accompagne et soutient la prise en charge par les Québécois et Québécoises de leur propre développement.
Sortir de la rhétorique, trouver les voies de l’action, tel aura été le programme fondamental de la revue, le travail qui a mobilisé ses artisans tout au cours de son histoire. (Robert Laplante)
Dans le cadre de son 100e anniversaire, la revue publie un numéro spécial auquel ont collaboré 16 spécialistes qui nous font parcourir les grandes étapes et reconsidérer les personnages qui ont marqué le Québec contemporain de 1917 à aujourd’hui. En somme, cette publication sur le centenaire de L’Action nationale constitue une superbe rétrospective des moments historiques qui ont façonné le Québec et qui sont encore d’actualité.
L’histoire de L’Action nationale est en quelque sorte l’histoire de la nation québécoise dont elle a forgé l’identité par son action intellectuelle. L’Action nationale a pris part à tous les combats qui ont fait l’histoire du XXe et XXIe siècle. (Denis Monière)
Un ouvrage à se procurer, mais surtout, une revue à laquelle s’abonner.J’ai profité du système, Nicolas Zorn, Éditions Somme toute
Trop souvent, nous avons tendance à dénigrer notre système public et à dévaloriser le travail de milliers de personnes qui, chaque jour, permettent à la population de recevoir des services répondant à leurs besoins.
À partir de sa propre expérience, se décrivant lui-même « comme un jeune poqué de la vie », Nicolas Zorn nous fait cheminer et comprendre de façon pédagogique, mais surtout avec un regard compréhensif et reconnaissant, l’importance de tous ces intervenants des centres jeunesse qui l’ont aidé à traverser une période trouble de sa vie.
Détenant un doctorat en science politique de l’Université de Montréal, spécialiste des inégalités économiques, Nicolas Zorn mettra rapidement à profit son cheminement personnel pour faire l’éloge du modèle québécois et de sa pertinence pour réduire les écarts entre citoyens et favoriser la mobilité sociale.
Dans un contexte où nous sommes facilement enclins à nous montrer sévères envers notre modèle, « qui nous a mis au monde » et qui nous a permis d’être reconnus mondialement comme une société libre, égalitaire et solidaire, ce livre de Nicolas Zorn, J’ai profité du système, vient mettre un baume sur ce système public québécois qui, bien qu’étant à la fois complexe, perfectible et imparfait, doit être évalué à sa juste valeur. Évidemment, de l’extérieur, nous ne considérons que ce qu’il nous coûte plutôt que de voir ce qu’il nous rapporte collectivement.
Le défi du livre de Nicolas Zorn consiste à nous faire constater qu’en fin du compte, toute la population québécoise profite du système et que c’est bien comme ça.Le livre du Lagom: L’art suédois du « ni trop, ni trop peu », Anne Thoumieux, FIRST éditions
Vous connaissez la Suède ? Un pays scandinave considéré comme l’un des plus performants sur le plan économique, mais aussi comme l’une des sociétés les plus égalitaires de la planète. Mais connaissez-vous les Suédois et Suédoises sous l’angle du Lagom ?
LE LAGOM, C’EST L’ART DE LA SIMPLICITÉ À LA SUÉDOISE.
IL SIGNIFIE QUELQUE CHOSE COMME
« NI TROP, NI TROP PEU », « SUFFISAMMENT »,
« À SA JUSTE VALEUR ».
Le Lagom est une approche de la vie reposant sur une recherche de l’équilibre personnel par la pondération. C’est un éloge à la modération.
À la lecture de ce livre, vous serez probablement déstabilisé. Déstabilisé par notre culture nord-américaine qui mise sur la performance et la réussite personnelle, alors que le Lagom cultive son art de vivre sur la base du bonheur et du bien-être de la communauté.
Signe d’une grande confiance en soi, l’objectif de vie des Suédois est de ne pas sortir du lot afin d’être parfaitement intégrés à leur communauté. Comme disait Gaston Bellemare lors du lancement du dernier Festival de la poésie, il faut être avant de paraître…
On croirait lire un traité de spiritualité sans aucune mention de religion. Une spiritualité laïque, en quelque sorte. Mais c’est tout naturellement l’art suédois du « ni trop, ni trop peu ».
Suggestions de Frédérica Skierkowski, Librairie Poirier
Les yeux tristes de mon camion – Serge Bouchard – Boréal
On est assis dans un camion, un Mack modèle B de 1958, aux côtés de Serge Bouchard. Avec sa voix de conteur, les yeux dans le rétroviseur, il nous raconte pourquoi le Jardin botanique de Montréal, la beauté du stade olympique renié dès sa naissance, Jean-Baptiste Faribault et Michel Laframboise, ces aventuriers canadiens-français qui ont bâti l’Ouest américain. Qu’est-ce qui a fait que New York est ce qu’elle est, la marque de l’Amérique, le nom de la liberté ? On monte dans le Grand Nord, on traverse le Canada, les yeux grand ouverts, enfin conscients. On est bercé dans un vaisseau de nostalgies, on a faim de ragoût de boulettes, on n’a plus peur des loups. On se voit grands bâtisseurs, architectes aux dents longues. Mais le castor qui nous habite peut être dangereux et il détruit sur son passage, efface l’existence d’un monde métis et oublie son fleuve.
De petites histoires, toutes plus denses et plus belles les unes que les autres. Toutes plus graves. Des merveilles qu’on savoure comme une rangée de biscuits aux pépites de chocolat. Des histoires qui nous rappellent que tout va trop vite.
« Enfant, je regardais le fleuve. Sans le savoir, je voyais passer le temps, et dans son cours, tout ce qui allait nous échapper. »
Les yeux tristes de mon camion, un livre d’une grande humanité, une leçon de sagesse. Et si on s’arrêtait, juste pour regarder ?