Mise en forme, Mikella Nicol, éditions Le Cheval d’août
Un petit ouvrage à mi-chemin entre autofiction romancée et essai féministe, où l’autrice s’interroge sur l’effacement des femmes dans l’espace public.
À la suite d’une rupture, la narratrice, adepte de true crimes, se lance dans une pratique intensive du fitness en vue de reprendre le contrôle sur son corps. Elle réalise assez rapidement que ses pratiques sportives l’aliènent plus qu’elles ne l’épanouissent. L’enjeu? Se conformer à des standards de beauté, faire en sorte que son corps prenne le moins de place possible. Et pourtant, à en croire les true crimes, il suffit déjà qu’une femme existe pour qu’on veuille la faire disparaître.
Le parallèle peut faire sourciller, tout comme le mélange de références académiques et populaires sur lesquelles s’appuie l’autrice, mais c’est ce qui fait tout l’intérêt de cette lecture hybride étonnante.
Pilleurs de rêves, Cherie Dimaline, éditions du Boréal
Si vous ne connaissez pas encore cette dystopie jeune adulte de l’autrice métisse Cherie Dimaline, c’est le moment de la découvrir, puisque les éditions du Boréal viennent de la rééditer. On plonge dans un monde post-apocalyptique où les gens n’ont plus la capacité biologique de rêver, à l’exception des Autochtones. Dès lors, ceux-ci sont impitoyablement pourchassés afin d’être dépouillés de leurs rêves au profit des Blancs.
Cette histoire a l’avantage de se lire aussi bien comme une métaphore que comme une oeuvre d’imaginaire. Tout le monde devrait y trouver son compte, à condition toutefois d’avoir le coeur bien accroché, car certains passages peuvent se révéler très durs. Et pour ceux qui voudraient continuer d’explorer cet univers, un second tome vient de sortir, Chasseurs d’étoiles, qui aborde de manière assez fine la notion de résistance et les différentes formes de déshumanisation. Toutefois, si vous ne souhaitez pas vous embarquer dans une série, le premier tome se suffit à lui-même.
Les jeux vidéo et nos enfants, Cookie Kalkair, éditions Steinkis
Un sujet brûlant et à propos duquel il existe déjà une telle surabondance d’informations qu’il devient difficile de s’y retrouver et de ne pas paniquer. Aussi, cette bande dessinée documentaire, écrite par un gamer père d’un enfant de six ans, est une vraie bouffée d’air frais.
L’auteur passe au crible certains comportements problématiques liés aux jeux vidéo, mais aussi les idées reçues tenaces entretenues sur ce type de loisir, afin d’aider les parents à y voir plus clair et à garder le contrôle sans céder aux sirènes alarmistes. Il va même plus loin en montrant en quoi les jeux vidéo peuvent rapprocher parents et enfants au lieu d’être une éternelle source de conflits. Un guide BD très instructif et complet à l’humour bienvenu.