Par Alain Dumas, mai 2017

Après l’invention des premières machines (18e siècle), de l’électricité (fin 19e siècle) et des technologies de l’information (fin 20e siècle), une quatrième révolution industrielle est en marche. Celle des robots qui disposent d’une « intelligence » électronique leur permettant d’agir et de modifier leurs mouvements de manière autonome. Cette révolution pourrait avoir un effet négatif sur l’emploi et la redistribution de la richesse. D’où les voix qui s’élèvent en faveur d’une taxe sur les robots.

Lors des précédentes révolutions industrielles, la main-d’œuvre a dû passer de l’agriculture à la manufacture, puis de la manufacture à diverses activités de services et de ventes, de sorte que le nombre total d’emplois a continué d’augmenter grâce aux nouvelles activités générées par les inventions.

L’incidence des robots sur l’emploi

Or, des études montrent que la révolution robotique en cours pourrait détruire plus d’emplois qu’elle n’en crée. Contrairement aux autres révolutions industrielles, la robotisation ne se limite pas aux tâches manuelles routinières. Au fur et à mesure que les capacités de création et d’interaction des robots se développent, ces derniers s’implantent davantage dans les activités de fabrication, puis sont appliqués à des secteurs comme les transports, la logistique, l’administration, les services, la vente et la construction [1].

Une étude menée par des chercheurs de l’Université de Boston et du Massachussetts Institute of Technology (MIT) arrive à deux conclusions importantes [2] : 1) en règle générale, un robot entraîne la suppression de 6,2 emplois ; 2) le recours aux robots provoque la baisse des salaires en raison de la diminution de la demande de main-d’œuvre.

L’an dernier, le Forum économique mondial de Davos rendait public une enquête (The Future of Jobs) [3] qui révèle que le nombre d’emplois perdus à cause de la robotisation est 3,4 fois plus grand que les emplois créés dans la conception et la fabrication de robots. D’où la perte nette de 5 millions d’emplois prévue d’ici 2021 dans les principales économies du monde.

Puisque la révolution robotique générera d’importants gains de productivité, donc de création de richesse, et que moins de personnes pourront en bénéficier en raison des pertes d’emplois, que devrait faire l’État pour assurer la redistribution de la richesse ? Comment nos gouvernements doivent-ils compenser les coûts sociaux (allocations sociales, formation, etc.) engendrés par la diminution nette des emplois ?

Bien qu’il puisse y avoir des avantages à son implantation, un robot, en règle générale, entraîne la suppression de 6,2 emplois et la baisse des salaires.

Comment taxer les robots ?

Un comité de la Commission européenne, qui s’est penché sur la question l’an dernier, joint sa voix à celles de Bill Gates et d’Elon Musk (patron de Tesla) en faveur d’une taxe sur les robots. Leur argumentaire s’appuie sur les faits suivants.

Quand un travailleur humain produit une richesse de 50 000 $, ce revenu est taxé via diverses cotisations sociales. Par exemple, au Québec, pour chacun de ses employés, l’entreprise contribue au Régime de rentes du Québec, à l’assurance-emploi, au Fonds des services de santé (FSS), etc. La taxe sur les robots pourrait donc équivaloir aux économies en cotisations sociales qu’une entreprise réalise en recourant à des robots. Elon Musk et Bill Gates proposent que cette taxe serve à financer un revenu minimum garanti à tous afin de permettre à tous les citoyens de combler leurs besoins essentiels.

Sources

[1] Selon l’étude Labour Market Solutions, réalisée en 2016 en Colombie-Britannique.

[2] Daron Acemoglu, Pascual Restrepo, Robots and Jobs: Evidence from US Labor Markets, NBER Working Paper No. 23285, March 2017.

[3] World Economic Forum, The future of jobs: employment, skills and workforce strategy for the fourth industrial Revolution, January 2016.

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