C’est devenu une tradition. Chaque année, pour son numéro de la rentrée, La Gazette de la Mauricie dresse certains constats sur le système scolaire public du Québec.
Cette tradition découle de la volonté de La Gazette de contribuer à la construction d’une société plus juste, plus solidaire et plus participative. Or, l’éducation gratuite et accessible à toutes et à tous est le fondement d’une telle société.
Cette année, le comité de rédaction du journal a choisi de laisser la parole aux enseignantes et enseignants plutôt que de faire appel à des spécialistes externes ou que de consulter des rapports de recherche. Après tout, ils sont les premiers à vivre les effets des changements dans les écoles de la province.
Les enseignantes et enseignants cités ci-dessous ont gracieusement accepté de se prononcer publiquement sur certains enjeux et débats actuels relatifs au système scolaire québécois telles la réorientation de la formation des maîtres, l’intégration des nouvelles technologies dans les classes, l’instauration d’un ordre professionnel des enseignants, les méthodes alternatives d’enseignement, l’approche par compétences, le décrochage scolaire, les devoirs ou la multiplication des écoles à vocation particulière. Voici les points de vue exprimés au sujet de l’égalité des chances.
QUESTION
Quels stratégies, outils ou mesures l’école publique doit-elle privilégier pour créer une plus grande égalité des chances entre les élèves issus de milieux sociaux différents?
RÉPONSES
« L’égalité des chances peut paraître un idéal difficile à atteindre lorsque nous regardons l’ampleur de la tâche à accomplir. Selon moi, une des solutions les plus efficaces est de commencer à intervenir auprès des enfants dès leur plus jeune âge en impliquant leur famille tout au long du processus. Il faut aussi que tous les intervenants possibles (orthophonistes, travailleurs sociaux, enseignants, éducateurs en garderie, etc.) puissent faire partie de la vie des enfants qui en ont besoin et aient la possibilité de communiquer ensemble afin de se coordonner et d’alléger la pression mise sur les épaules des parents.
L’égalité des chances passe aussi selon moi par un arrêt de la sélection des élèves pour les projets particuliers. Vider la classe ordinaire de ses meilleurs éléments alors qu’il n’existe presque plus de classes spéciales pour les troubles d’apprentissage est un non-sens pour moi. Soit nous choisissons de former des classes homogènes, soit nous formons de véritables classes hétérogènes avec tous les enfants de la communauté. »
– Marie-Ève Auger
« Je suis à même de voir, grâce au milieu dans lequel je travaille, qu’il n’est pas vrai que tous ont une chance égale en éducation au Québec ou même en Mauricie. Tout dépendant du milieu socioéconomique, il peut s’avérer, malheureusement, que la pauvreté engendre quelques manques au niveau du développement (culturel, activité physique, etc.). Et peu importe le milieu aussi, ça peut varier d’une famille à l’autre (même si la tendance est plus forte dans les milieux défavorisés). C’est là qu’il est important que l’école joue son rôle, fasse son travail en diversifiant ses activités, ses apprentissages pour les élèves. Elle leur donnera une chance, à eux aussi, de mieux se développer et d’avoir accès à une tonne de connaissances! »
– Louis-Bernard Houle
« Commencer à la base. Il faut que les enfants soient encadrés dès le plus jeune âge. Dans nos formations on se fait répéter que le plus tôt un enfant est pris en charge, plus on augmente ses chances de réussite. L’idée de la maternelle 4 ans pour les milieux défavorisés est un pas dans la bonne direction. »
– Mathieu Tremblay
- « Une meilleure sélection à l’entrée de la profession enseignante ;
- En finir avec la précarité institutionnalisée des enseignants ;
- La réduction du nombre d’élèves par classe ;
- La gratuité totale de l’accès à l’éducation, y compris à la cafétéria ;
- Assurer tous les services (psychologie, orthophonie…) en fonction des besoins des élèves, et ce, dès la petite enfance ;
- … »
– Jean-Yves Proulx
« Diminuer le nombre d’élèves par classe ce qui permettrait au professeur d’avoir plus de temps disponible pour chacun de ses élèves. Accroître les services pour aider les élèves en difficulté que ce soit au plan des apprentissages ou au plan de comportements problématiques. »
– Mireille Doucet Landry