Magali Boisvert, juillet 2019
L’improvisation mauricienne a de quoi surprendre. Depuis maintenant trois ans, une joyeuse bande de lurons délurés se rassemblent chaque jeudi estival à Trois-Rivières à 20h pour une soirée d’improvisation dans laquelle les spectateurs font partie intégrante de la fête.
Une mythologie improvisatrice divine
Le concept est assez foufou. Whomboozle, c’est le terrible Dieu tiki de l’impro, et afin de le satisfaire, il ne requiert qu’un sacrifice : de bonnes improvisations. Si le Dieu Whomboozle, représenté par une divine sculpture en argile couronnée de fleurs hawaïennes, manifeste sa colère, ce sont alors tous les joueurs sur la scène qui devront recevoir ses terrifiantes contraintes supplémentaires.
C’est ainsi que nous avons vu jeudi dernier trois contraintes s’ajouter à une improvisation déjà entamée : les joueurs devaient graduellement agir comme des dinosaures, devaient changer de style d’impro à chaque son de cloche du dévoué animateur et finalement incarner successivement 12 politiciens dans le cadre de l’intrigue. Heureusement, le Dieu Whomboozle a été satisfait et n’a pas fait éclater le redouté volcan Booboo sur Trois-Rivières.
Des matchs « coopétitifs »
Si la mythologie entourant ce concept suffit à donner un vent de fraîcheur à l’improvisation traditionnelle, patinoire, arbitre et tout, un autre aspect est bienvenu chez les joueurs; les improvisations se font en équipes, certes, mais pas dans le cadre d’une compétition.
Durant ces matchs « coopétitifs », les spectateurs ne font que se prononcer sur la qualité de l’improvisation, qu’elle soit mixte ou comparée, à l’aide de trois cartons de couleur. Orange, pour une impro “bien”, verte pour une “très bonne” impro, et enfin la rose fuschia, pour une impro « Whomboozle » – le mot Whomboozle doit d’ailleurs être crié avec assez d’enthousiasme par le public pour provoquer une brève célébration frénétique.
Une réunion intergénérationelle
Les instigateurs du Whomboozle, Louis-Étienne Villeneuve et Alexandre Laramée-Zouéki, déploraient le manque de liens entre les diverses ligues d’impro en Mauricie. La LIM (Ligue d’Improvisation Mauricienne, qui fêtera ses 37 ans d’existence continue), la LUITR (Ligue Universitaire d’Improvisation de Trois-Rivières), les SCABS (Ligue d’improvisation du Cégep de Trois-Rivières) ainsi que le Climax (Ligue d’improvisation du Collège Laflèche), existaient tous à des paliers différents, sans toutefois s’entrechoquer. Sous le soleil tiki du Café Les mauvais perdants, le Dieu Whomboozle les a rassemblés, ainsi qu’un joueur invité hors-Mauricie.
Pour ceux et celles qui entendraient l’appel de l’intransigeant Dieu païen, il ne reste plus que deux rendez-vous au café ludique, c’est-à-dire les jeudis 1er et 8 août, à 20h. Le coût d’entrée est de 2$, et tous les fonds amassés iront directement à un organisme de charité.