Photo : courtoisie Annie Leblanc

Jusqu’au 15 septembre, la Galerie R3 de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) en partenariat avec la Biennale internationale d’estampe contemporaine (BIECTR) présente La mémoire de l’eau, une rétrospective émouvante qui rend hommage aux artistes Denis Charland et Aline Beaudoin, tous deux décédés en 2021. C’est d’ailleurs entre ces murs que les deux protagonistes se rencontrent durant leurs études et qu’ils travailleront ensuite comme chargé-es de cours. Cofondatrice de l’Atelier Presse Papier et spécialiste de la gravure sur bois, Aline Beaudoin a participé à plusieurs expositions au Québec et à l’étranger. Aimée et respectée de tous, elle a grandement contribué au développement des arts en Mauricie en s’impliquant, entre autres, auprès de la relève. Artiste multidisciplinaire, éditeur et directeur artistique, Denis Charland participa à la création de plusieurs institutions culturelles comme le Musée des arts et traditions populaires (aujourd’hui le Musée Pop), le Conseil québécois de l’estampe et la revue Le Sabord. Son travail fut présenté aux quatre coins du monde tandis que l’on peut toujours admirer ses œuvres d’art public notamment au Cégep de Trois-Rivières. Complices de créations et complices de vie, ces deux artistes ont su marquer le paysage culturel de la région et laissé une empreinte qui n’est pas près de s’estomper.

 

Une rétrospective en famille

Aline Beaudoin et ses enfants travaillaient depuis quelque temps sur une rétrospective de l’œuvre de Denis Charland lorsqu’elle disparut à son tour. C’est à la suite d’une proposition de la BIECTR qu’Éveline et Olivier Charland furent invités à commissarier une exposition soulignant l’apport immense de leurs parents au milieu culturel régional, national et international. Un travail de longue haleine qui permet aujourd’hui de découvrir ou de redécouvrir l’univers créatif de ces artistes trifluviens.

La mémoire de l’eau rassemble de nombreuses œuvres parcourant près de quarante ans de pratiques artistiques. Gravures sur bois, sérigraphies, peintures, livres d’artistes et installations s’entremêlent dans un ensemble coloré où les formes et le mouvement règnent en maître. La sélection des œuvres imposa des « choix difficiles » mentionnent les commissaires, étant donné les prolifiques carrières de leurs parents.

« L’itinéraire suggéré (pour la visite) laisse la place aux rapprochements, parfois aux éloignements et souvent à la convergence harmonieuse entre les thèmes abordés » écrit Pierre-Simon Doyon, historien de l’art et ancien collègue des artistes au Département de philosophie et des arts de l’UQTR, dans le texte d’ouverture de l’exposition. À l’entrée de la Galerie R3, on remarque la cohérence qui émerge des sérigraphies de Denis Charland et qui abordent principalement la notion de territoire, et des bois gravés d’Aline Beaudoin représentant des paysages maritimes où la barque, emblème du travail de l’artiste, est omniprésente.

 

Un atelier mythique

Au cœur de l’espace, Éveline et Olivier Charland ont recréé une portion de l’atelier que partageaient leurs parents à l’étage de la maison familiale. Selon eux, ce lieu mythique  est en quelque sorte le symbole de ce qui pouvait unir les deux artistes. Un atelier commun où l’on retrouve bon nombre d’artéfacts amassés au fil des ans, des dizaines de souvenirs comme autant d’objets de mémoire ayant marqué leurs créations. La visite se poursuit en une succession d’œuvres portant les caractéristiques de leur travail ; des cartes géographiques aux cages d’oiseaux en passant par les pyramides et les sillons aquatiques. C’est dans la prédominance de l’eau que réside le point commun de leurs œuvres. Elle se trouve gravée dans la matière, imprimée dans une succession de fines couches d’encres sur le papier, elle est partout. Elle résonne dans l’espace comme l’élément immuable du discours des artistes. Bien que leur pratique artistique fut différente, on y perçoit l’influence qu’ils ont eue l’un sur l’autre. Une influence qui donna naissance à un corpus d’une grande richesse et qui vaut la peine d’être vu.

 

La suite

La mémoire de l’eau s’inscrit dans une série d’initiatives en mémoire des artistes. L’Atelier Presse-Papier, qui créa en 2021 la Bourse Denis-Charland destinée aux étudiant-es en arts visuels du Québec, présentera plusieurs estampes de ce dernier dans le cadre d’une exposition en octobre prochain. Pendant ce temps, certains membres du centre d’artistes travaillent actuellement sur un projet rendant hommage à Aline Beaudoin.

Photo : courtoisie Annie Leblanc

 

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