Photo : Michael Drummond
Un texte de Charles Fontaine
L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), véritable référence sur l’évolution des dépenses militaires dans le monde, vient de publier son rapport annuel. Le constat est accablant : les dépenses militaires mondiales ont connu l’an dernier la plus forte augmentation des dix dernières années.
Pour l’année 2023, elles ont totalisé 3 351 milliards de dollars canadiens, ce qui représente une augmentation de 6,8% par rapport à l’année précédente. C’est une tendance alarmante, un signe que l’humanité est en train de sacrifier son avenir sur l’autel de la militarisation et de la guerre.
Embrasement du Moyen-Orient, guerre d’agression en Ukraine, chaos en Haïti et tensions en Asie, tous les continents semblent à couteaux tirés depuis les dernières années. L’augmentation colossale des dépenses militaires à l’échelle internationale n’est qu’un symptôme de cette montée des tensions géopolitiques et de l’instabilité mondiale.
Du côté du Canada
Si le Canada est souvent loué pour ses politiques progressistes et son engagement envers la paix, la pression monte au pays pour augmenter les dépenses militaires. L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), avec insistance, demande depuis plusieurs années à ce que le Canada investisse 2% de son produit intérieur brut (PIB) dans la défense.
En octroyant simplement un peu plus de 1% de son PIB aux dépenses militaires depuis plusieurs années, le Canada semblait résolu à ne pas céder à cette pression injustifiée.
Cela étant dit, les dépenses militaires canadiennes ont bel et bien continué d’augmenter et ont connu une augmentation d’environ 6% en 2023, sapant ainsi les ressources disponibles pour des secteurs essentiels tels que l’éducation, la santé, les services sociaux et la solidarité internationale.
Et voilà que les libéraux de Justin Trudeau annoncent en avril dernier une nouvelle stratégie militaire, promettant de consacrer à la défense 1,76% du PIB d’ici 2030. Rien de bien réjouissant pour les pacifistes canadiens.
Une Alliance militaire toujours plus puissante
Si le Canada, au chapitre du pourcentage du PIB investi dans les dépenses militaires, a su résister à l’OTAN, tel n’est pas le cas de tous les pays membres. Ces derniers, en particulier les pays européens, ont pour la plupart augmenté leurs dépenses militaires en 2023, y allant, pour certains, d’une augmentation de plus de 75% selon ce que rapporte le SIPRI.
En outre, pour la première fois dans l’histoire de l’Alliance, 11 des 31 membres de l’OTAN ont atteint l’objectif de consacrer 2% de leur PIB aux dépenses militaires en 2023.
Ce sont plus de 55% des dépenses militaires mondiales qui reviennent aux pays membres de l’OTAN, les États-Unis étant bien entendu en tête de liste avec un investissement de près de 916 milliards de dollars.
Et si on cessait de financer la guerre ?
Lorsqu’on regarde du côté de l’aide publique au développement (APD), on a vite fait de comprendre que la priorité accordée à la défense et à l’armement souligne des choix politiques qui privilégient la puissance militaire et les conflits armés sur le développement durable et l’aide humanitaire.
Malgré les engagements internationaux, dont les origines remontent aux années 1970, visant à consacrer 0,7 % du revenu national brut à l’APD, de nombreux pays de l’OCDE n’atteignent pas cet objectif. Le Canada, par exemple, n’a versé que 8 milliards de dollars en aide publique au développement, ce qui ne représente que 0,38% de son revenu national brut selon les données compilées par l’OCDE.
Cette disparité met en lumière les défis persistants auxquels est confrontée la communauté internationale pour réorienter les ressources vers des efforts de coopération et de solidarité mondiale.
Investir dans la paix, le développement durable et la sécurité de tous devrait être notre priorité absolue. Saurons-nous, en tant que société civile, empêcher le gaspillage de sommes astronomiques dans des armes et des conflits qui ne font que perpétuer un cycle de destruction et de violences?