Par Magali Boisvert
En Mauricie, l’industrie de l’information, la culture et les loisirs emploient plus de 4000 personnes ce qui représente 3,6 % de l’emploi total dans la région. Le secteur culturel génère aussi 2,77 % du PIB régional, soit l’équivalent de 227,5 millions de dollars. Ces données placent notre région au 5e rang parmi les 17 régions du Québec en ce qui a trait à l’apport économique du secteur culturel. (voir l’étude des impacts économiques des arts et de la culture en Mauricie)
Selon M. Éric Lord, directeur général de Culture Mauricie, le secteur culturel mauricien se porte bien. « Nous nous sommes rendu compte que dans les cinq dernières années, il y a eu une augmentation de 20 % de la contribution au PIB [Produit intérieur brut], ce qui est vraiment majeur », insiste-t-il.
Par contre, le directeur général s’inquiète d’une baisse de participation dans le secteur des arts de la scène, une diminution qui se manifeste également dans tout le Québec. Tout ce qui touche le numérique, d’ailleurs, chamboule complètement le milieu culturel à petite et grande échelle. « Cela vient bouleverser complètement l’industrie. Les gens achètent de moins en moins d’albums, et vont consommer leur musique en streaming [diffusion en continu]. Ce sont des éléments nouveaux qui viennent perturber l’équilibre des choses. », s’inquiète M. Lord.
Ce déséquilibre découle d’un phénomène très contemporain : la concentration de la consommation en raison des algorithmes. En effet, les consommateurs de culture ne sont souvent pas exposés à des artistes francophones ou à des artistes moins connus, car les algorithmes des plateformes leur proposent surtout ce qui est populaire. « Quelque chose comme 2 % des artistes génèrent 98 % des écoutes. Cela conduit à une concentration extrêmement élevée de produits vedettes, qui se trouvent à être des produits américains. » Ainsi, M. Lord insiste qu’il faudra à l’avenir tenter de faire rayonner davantage les artistes locaux, qui se « perdent dans la masse ».
Toujours selon le directeur de Culture Mauricie, il faut désormais interpeller les instances gouvernementales afin de réglementer la consommation de la culture par le biais du numérique, comme ils l’ont fait auparavant avec les quotas de chansons francophones à la radio. À ses yeux, il est impératif d’encourager les artistes d’ici : « C’est important que nos créateurs génèrent des revenus avec leurs créations. On les accompagne avec des mesures publiques ». M. Lord mentionne plusieurs façons de s’adapter à ce changement culturel, notamment l’intervention des distributeurs de produits culturels (on pense entre autres à Netflix et à la controverse qui entoure son refus de changer la quantité de productions canadiennes et québécoises sur sa plateforme). « Les distributeurs ne doivent pas se voir simplement comme un tuyau par lequel passent les produits, il faut qu’ils se soucient aussi des créateurs. »