L’animatrice de Racines mauriciennes, Valérie Deschamps, nous propose de l’accompagner à travers son périple en Mauricie alors qu’elle va à la rencontre de Pierre, Louise, Simone et bien d’autres personnes aînées de notre territoire à la recherche des histoires fascinantes du monde ordinaire; ces histoires qui au fil du temps ont tricoté notre identité collective régionale.

Cette série est produite par La Gazette de la Mauricie et présentée par la Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie. Elle est aussi rendue possible grâce à la contribution du Gouvernement du Québec et de son programme Québec ami des aînés.Valérie Deschamps, mars 2021

Cette histoire se trouve aux intersections de deux mondes. Un plus grand que nature et l’autre ayant les deux pieds bien au sol. L’histoire de Denis Gervais emprunte à l’un et à l’autre. Découvrons cette racine aux couleurs d’amour et d’humanisme émanant du sol madelinois.

Construite au début des années 1950, l’église où nous nous rencontrons fait face à la rivière St-Maurice, à quelques rues près. Celle qu’on appelait jadis « église Saint-Eugène » n’est plus la même qu’il y a 70 ans. Elle arbore un nouveau manteau depuis quelque temps. Sa vocation n’est plus religieuse. Elle est sociale. Étant natif de « quelques maisons à côté », Denis Gervais nous ouvre la porte d’à côté. Le tout accompagné de cet honnête et sincère « bienvenue! » qu’on lui connait.

Denis Gervais

Denis Gervais a eu une influence marquée dans la vie de plusieurs Capons et Capones. Il pose ici au cœur de l’église Saint-Eugène devenu le Centre de Solidarité Saint-Eugène.
Crédits : David Leblanc

Au service de la vie

Café à la main, l’homme que je connais depuis ma naissance me raconte ses débuts quelque peu surprenants. Ouverture, humanité et vie l’ont guidé à travers les années. Après ses études en théologies, Denis se dirige à Shawinigan pour commencer sa « vie de prêtre ». Les guillemets sont importants quant à cette partie de l’histoire. Quand on pense à « un homme d’Église », on pense aux différents rites religieux et différents sacrements, mais pas dans le cas de Denis. Ce ne sont pas ces traditions d’église qui lui ont ouvert la voie, mais plutôt les gens qu’il a côtoyés. Jour après jour. Matin, midi et soir. C’est pour dire qu’il entendait les cloches de l’église sonner, car ce qui résonnait le plus, c’était le battement des cœurs des gens du quartier. C’est ce rythme qui a donné sens à sa vie « parce qu’au fond, pour moi, être prêtre, c’est être au service de la vie », m’explique-il tout doucement. « J’ai été un peu idéaliste, j’avais une grande foi en Dieu qui est avec nous. Qui ne passait pas à travers les grands prodiges, mais à travers la vie de tous les jours pour nous montrer les chemins possibles. », ajoute-t-il.

Ma mère dit souvent que « rien n’arrive pour rien », et maman a toujours raison. Après stages et promenades ici et là dans différentes paroisses, c’est la voix de l’évêque qui résonne au bout du fil. Denis retournera chez lui. Au « Cap ». Contrairement à ce que veut la tradition, la décision vient d’en haut et lui est directement communiquée. Maman a toujours raison disais-je…

Saint-Odilon

La paroisse Saint-Odilon dans le diocèse de Trois-Rivières lui ouvre alors les portes, mais ce sont surtout les paroissiens et paroissiennes qui lui ont ouvert leur cœur lors des visites de paroisse. « Je suis entré dans des bâtiments de 20-21 logements, les gens voulaient parler alors j’étais à l’écoute. C’est long ! Ça prend du temps, établir de vraies relations humaines. Pour avoir les vraies histoires, il faut prendre le temps d’écouter parce qu’il ne faut jamais oublier que les gens sont souvent souffrants d’abord! ».

Ebyon

Discussions, papotages, cafés et confidences ont amené de grands et petits projets. « À travers ces rencontres d’éducation populaire là, d’autres besoins ont surgi comme la soupe populaire », raconte Denis. Des femmes de Sainte-Famille voulaient offrir à manger aux gens du quartier. Depuis leur premier engagement de deux ans, le besoin est toujours là, une trentaine d’années plus tard, Ebyon est toujours au cœur du paysage madelinois. Ce nom bien qu’il puisse nous sembler quelque peu anodin a une vocation et une signification bien particulière…

Celui de Denis Gervais fut également bien important. Son aide pour défoncer des portes, pour ouvrir des fenêtres a contribué à l’effervescence communautaire du Bas du Cap dans les 30 dernières années. Humblement, il précise qu’il « n’a fait que suivre, avec comme mentalité d’être au service de ces gens-là ». C’est ainsi que d’autres regroupements communautaires et sociaux ont vu le jour sur la rive est de la rivière Saint-Maurice. Vous pourrez entendre les tenants et aboutissants de son histoire, mais surtout de celles de ces « genses là » qui sont au cœur de son parcours. Car pour Denis, c’est ce qu’il y a de plus beau dans la vie, voir les gens se redresser!

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