Artiste trifluvienne et coordonnatrice de l’Atelier Presse Papier, Cathy Bélanger, est l’une des onze québécois-ses présent-es sur les cimaises de l’exposition de la Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières (BIECTR) 2023. Elle m’a invitée au cœur de l’Atelier Presse Papier et a humblement partagé ses créations en cours, celles achevées et celles à venir.
Après avoir complété un baccalauréat en arts à l’Université du Québec à Trois-Rivières, un DESS à l’Université Laval en enseignement des arts au collégial et après un séjour de six ans à Montréal, Cathy Bélanger revient s’installer dans sa ville natale, Trois-Rivières. Elle devient rapidement membre de l’Atelier Presse Papier et intègre en 2020 l’équipe comme coordonnatrice. Elle qualifie son parcours artistique d’éclectique : « pendant mon bac, je me consacrais à la réactualisation d’œuvres de la Renaissance en intégrant des tatouages aux sujets humains », se souvient-elle. Elle a ensuite exploré le dessin et l’aquarelle pour travailler des sujets aussi variés que la botanique et l’abstraction. Depuis plus de cinq ans, l’artiste pluridisciplinaire se concentre sur la sérigraphie. Ce n’est pas un hasard si son intérêt pour ce médium concorde avec son retour à Trois-Rivières : la sérigraphie demande une infrastructure importante et l’Atelier Presse Papier offre l’accès aux installations et aux outils nécessaires. « La dernière fois que j’avais fait de la sérigraphie, c’était dans le cadre de mon bac en 2007, dans le cours de Denis Charland », se remémore-t-elle, sourire aux lèvres.
Un parcours vallonné
À son retour à la sérigraphie, Cathy Bélanger s’est d’abord consacrée à la géométrie des mains pour en faire son sujet principal. Puis, à la suite de l’acquisition d’une oeuvre de Rafael Canogor composée de formes arrachées puis collées sur papier, l’artiste trifluvienne s’est lancée dans la série sur laquelle elle travaille à ce jour: une suite de sérigraphies issues d’un même morceau de papier kraft déchiré. Cette forme irrégulière, légèrement triangulaire, est devenue, une fois numérisée, le matériau de base de la série. Selon le nombre de reproductions et sa disposition sur la page, cette configuration évoque tantôt des silhouettes de personnages, tantôt des montagnes, tantôt un paysage vallonné. L’approche du dégradé permet à la sérigraphe de travailler les teintes : « les couleurs se mélangent directement à l’écran et créent des effets de pixels, étant donné que les écrans sont plein de petits trous ».
À l’inverse de l’impression numérique, la sérigraphie favorise la création de textures uniques. De la fibre du papier aux traces de la table de travail, le processus d’impression s’inscrit à même l’œuvre: « ces marques laissées par les impressions précédentes sont des accidents, des hasards. » Cathy Bélanger dit adorer ces imprévus qui se glissent dans son art. Elle explique en riant que si, avec le temps, on peut s’attendre à certaines marques selon le processus d’impression, elles restent tout de même des surprises. « C’est pas toujours beau non plus, il peut y avoir une oeuvre sur deux ou sur trois qui est intéressante, ou que je vais redécouper ».
En effet, Cathy Bélanger crée des œuvres de grand format. Elle en numérise certaines parties, les remanie puis les imprime sur un papier fin pour finalement les relier en livres. Une part importante de sa pratique artistique est d’ailleurs dédiée à la fabrication de ces livres d’artistes.
Entre les murs
Cathy Bélanger fait partie cette année des quarante-huit artistes provenant de partout dans le monde à avoir été sélectionné-es pour la BIECTR. Véritable institution, l’événement international en est à sa 13e édition. La contribution de l’artiste est de cinq œuvres affichées au mur, chacune accompagnée d’un livre d’artiste. « Ce sont toutes des œuvres uniques. Étant donné que je travaille beaucoup en dégradé avec des mélanges de couleurs, ce serait impossible d’en faire deux pareilles ». L’impression numérique permet à l’artiste de retravailler en version reliée, plus morcelée, et d’offrir ainsi ses créations sous un autre angle.
En outre, Cathy Bélanger s’est récemment vue couronnée du prix Loto-Québec de la BIECTR. « J’ai été vraiment surprise de recevoir ce prix, je ne m’y attendais pas », confie-t-elle. Décerné en partie par le comité d’évaluation de la BIECTR, le prix récompense le travail d’un-e artiste québécois-e émergent-e. Elle s’exclame : « J’ai été surprise, parce que honnêtement, je crée parce que j’aime ça, que j’ai besoin de le faire. Ça fait vraiment plaisir de voir que les gens aiment ça. Ça donne le goût de continuer, d’en faire plus ».
Les œuvres de Cathy Bélanger sont disponibles à la boutique de l’Atelier Presse Papier, ou via son site web: www.cathybelanger.com. Il est surtout possible d’aller admirer son amour pour les hasards sur les murs de la BIECTR jusqu’au 10 septembre 2023. Qui sait, lors de votre visite, vous tomberez peut-être face à ses oeuvres… par accident!
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