Le nouveau projet Chez Foufounes, une clinique de santé mentale, sexuelle et sociale, dénote d’entrée de jeu une sensibilité organisationnelle inédite dans l’ouverture et l’accueil des personnes marginalisées mais également dans la mise en place de services novateurs. Les cofondatrices, Rose Boucher et Frédérique Fafard, sont toutes deux intervenantes en santé sexuelle et sont également des amies de longue date. Étant originaires de Trois-Rivières, leur préoccupation de rendre accessibles des services aux personnes marginalisées qui vivent en dehors des grands centres urbains les unit. Comment en vient-on à penser et à mettre sur pied une telle initiative?
« Frédérique et moi nous nous inscrivons dans la diversité sexuelle et de genre, nous sommes deux femmes queer donc on a déjà une sensibilité à ce niveau, explique la cofondatrice Rose Boucher. Nous avons développé Chez Foufounes pour être un lieu d’accueil pour la clientèle et les intervenantes qui sont marginalisées et qui ne se retrouvent pas dans un milieu institutionnel. J’admire les personnes qui travaillent là mais tout le monde ne peut pas bien s’y sentir accueilli ni les client.e.s ni les intervenant.e.s. Ne pas se sentir écoutée et validées dans nos inquiétudes, nous avons voulu éviter cela dans notre pratique. Nous avons créé un emploi qui nous ressemble et notre approche est centrée sur notre clientèle et non pas sur l’efficacité d’un système. »
Des services en ligne réconfortants
Les cofondatrices de Chez Foufounes ont fait le choix d’offrir en ligne leurs services de relation d’aide individuelle et de groupe, ainsi que de l’éducation sexuelle et psychologique pour les client.e.s comme pour les professionnel.le.s. On y retrouve entre autres des groupes de soutien, des formations et des conférences. « Nous considérons que d’offrir nos services en ligne représentent plusieurs avantages au niveau de l’accessibilité tout d’abord. Cette façon de faire nous permet d’être accessibles à toutes et tous, peu importe le lieu de résidence. Nous pouvons rejoindre également facilement toute personne ayant des limitations physiques. L’autre volet intéressant est le filtre de confort que l’écran apporte. Les gens nous consultent dans le confort de leur maison, dans un contexte qu’ils maitrisent et connaissent. Cela peut être aidant pour créer un climat sécuritaire et de confiance. »
Une échelle tarifaire équitable
L’accessibilité étant au cœur de la mission de cette organisation, c’est pourquoi les tarifs des services de Chez Foufounes varient selon les revenus de la clientèle. « On n’a pas inventé l’échelle tarifaire mais peu d’organisations l’intègrent car c’est un choix très non lucratif, s’exclame Rose. Notre modèle de gestion vise à être viable économiquement mais tout en restant accessible aux personnes à faibles revenus. Nous pensons et développons nos services en fonction des personnes marginalisées en premier mais toutes et tous sont les bienvenu.e.s! »
En nomination au Gala Édis
Chez Foufounes est en nomination dans la catégorie Pratiques d’affaires innovantes au Gala Edis, un événement de la Jeune Chambre de la Mauricie qui met de l’avant les jeunes entrepreneurs âgés de 18 à 40 ans qui participent à la vitalité de la région. « Chez Foufounes, ce sont des filles qui sont revenues en Mauricie après leurs études et qui ont trouvé moyen de rendre accessible l’éducation sexuelle sur Internet. C’est un nouveau projet extraordinaire! » de commenter Celia de Montigny, présidente du conseil d’administration de la Jeune Chambre de la Mauricie. Les volets virtuel, d’engagement et d’impact social dans leur milieu sont les critères qui ont été pris en compte dans la nomination de Chez Foufounes. Les cofondatrices en sont reconnaissantes! « C’est un honneur tout doux qui nous rend fières et encore plus motivées pour la tâche monumentale à laquelle on s’attaque. »
Isabelle Padula : Mai étant le mois de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, quelle est l’importance de souligner une telle journée?
Rose Boucher : Les journées dédiées à certains groupes marginalisés sont une bonne occasion pour donner de la visibilité à des enjeux qui en obtiennent moins normalement. Ce genre de journée permet de tisser des liens, créer des opportunités d’apprentissage par la démystification de certaines croyances et à sensibiliser sur des réalités moins connues. C’est aussi une belle occasion de démontrer notre solidarité, notre ouverture et un désir d’équité. Une communauté qui aide à amplifier les voix qui ont moins de place, c’est aussi une communauté qui rend son espace plus sécuritaire pour ces mêmes voix-là et peut-être même pour les personnes qui hésitent à dévoiler leurs identités ou orientations.
Isabelle Padula : Cette Journée a été créée au Québec, il y a 20 ans déjà. Quelle est la plus grande avancée et pour les prochaines années quel pas devrions-nous inévitablement réaliser pour aller plus loin dans l’acceptation de la diversité?
Rose Boucher : La plus grande avancée est selon moi dans l’évolution des mentalités. Bien qu’il y ait encore beaucoup de travail à faire, les personnes issues de la communauté 2SLGBTQIA+ font de plus en plus partie de la culture populaire, des espaces politiques et sociaux. Cependant, le combat vers une société plus inclusive est loin d’être terminé. Que ce soient les droits des personnes trans, l’accès à des soins de santé plus inclusifs, de nombreux grands pas sont encore à prendre. La différence fait de plus en plus partie de nos réalités quotidiennes et il est essentiel pour le bon fonctionnement de notre société que cette réalité soit accueillie avec bienveillance.