Diane Lemay, juin 2016
Depuis 2006, les Centres de la petite enfance ont subi des compressions de plus de 260 M$ auxquelles s’ajoutera cette année une nouvelle ponction de plus de 300 M$ imposée à la fois aux garderies publiques et aux parents.
Ces décisions ont des impacts considérables dans le monde de
s CPE, tant sur la qualité que sur l’offre des services. Elles auront inévitablement des répercussions sur le cheminement scolaire de certains enfants.
En persistant dans la voie de l’austérité, le gouvernement Couillard se prive d’agir en amont pour contrer le décrochage scolaire, alors que les dernières recherches en éducation réaffirment l’importance d’intervenir dès la petite enfance.
Décrochage et maternelle à 4 ans
Chaque année, le décrochage scolaire coûterait plus de 1,9 milliard de dollars à la société québécoise. Au Québec, 1 garçon sur 3 et 1 fille sur 5 décrochent au secondaire. Le taux de décrochage atteint même 47 % chez les jeunes en milieu défavorisé. Chômage, aide sociale, délinquance, les répercussions du décrochage scolaire sont multiples.
L’expert en éducation Égide Roy reproche au gouvernement d’improviser et de ne pas tenir compte des dernières recherches en éducation qui proposent rien de moins que la maternelle à 4 ans pour lutter contre le décrochage. Il n’est pas efficient d’attendre trop longtemps avant d’intervenir.
Les études révèlent que des inégalités éducatives sont présentes dès la naissance. Le milieu familial influe sur l’apprentissage des jeunes enfants. Les services éducatifs de qualité sont essentiels pour favoriser l’égalité des chances et la réussite scolaire. En observant le comportement d’un enfant de la maternelle, on peut pratiquement prédire s’il complètera ou non son cours secondaire. Le professeur James Heckman de l’université de Chicago, Prix Nobel d’économie affirme que « l’éducation préscolaire est le maillon le plus important de la chaîne éducative ».
Les services de garde peuvent « prévenir les difficultés scolaires chez les enfants vulnérables », selon une autre étude menée à l’Université de Montréal et publiée dans le Journal of Child Psychology and Psychiatry.
Les CPE, des services de garde de plus grande qualité
Encore faut-il offrir des services de garde de qualité. Selon une enquête, la qualité des services est plus élevée dans les CPE que dans les garderies à but lucratif.
Les plaintes déposées à l’endroit des garderies à but lucratif représentent 77 % de l’ensemble des plaintes déposées contre des services de garde en installation (garderies et CPE) entre avril et décembre 2011, alors que les garderies offrent seulement 44 % des places en installation. De plus, les garderies à but lucratif et les garderies en milieu familial fréquentées par les enfants défavorisés offrent des services de moindre qualité que les milieux de garde du même type fréquentés par les enfants favorisés. Toutefois, il demeure que la qualité offerte en CPE est la même, quel que soit le milieu socioéconomique.
Malgré des données fiables, le gouvernement québécois abandonne ses services à la petite enfance en poussant les parents vers les garderies commerciales à plein tarif.