Crédit photo : courtoisie François Laliberté

Récemment, le gouvernement a augmenté les amendes en cas de possession et de vente de l’ail des bois et accordé un allègement permettant la transplantation en cas de menace par des travaux d’infrastructure. Ces mesures sont insuffisantes pour assurer la sauvegarde de cette plante désignée comme vulnérable en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables, jugent les professionnels de la cueillette de plantes sauvages. Autoriser sa culture pour favoriser sa multiplication serait la meilleure solution, pensent-ils.

 

Le 12 mai 2022, les amendes en cas de possession et de vente de l’ail des bois ont été augmentées, s’élevant désormais, selon qu’il s’agisse d’une personne ou d’une entreprise, et d’une première offense ou d’une récidive, à des montants entre 10 000$ et 6M$. Un allégement concernant la transplantation de l’ail des bois a également été proposé en avril dernier dans un règlement omnibus. Ainsi, dans le cas où des travaux d’infrastructures menaceraient une talle d’ail des bois, comme la construction d’une autoroute, la transplantation serait autorisée, afin d’en éviter la destruction.

 

« On connaît plus de 370 sites où réapparait chaque printemps l’ail des bois au Québec, dont en Mauricie, quatre sites récents et un site historique, c’est-à-dire dont les dernières observations datent de plus de 20 ans, selon le Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. »

 

Des mesures insuffisantes

Ces mesures sont bien accueillies par l’Association pour la commercialisation des produits forestiers non-ligneux (ACPFNL). Toutefois, la proposition du gouvernement n’est pas parfaite, pense Sam Chaib, coordonnateur. « Même si le site de transplantation est bien choisi, leur survie ne sera pas assurée. Les plants d’ail des bois implantés dans leur nouveau milieu auront besoin de soins à long terme, donc il faudrait demander à des cultivateurs de s’en occuper et pour les intéresser à le faire, ça prend des incitatifs, comme une possibilité de commercialisation. Selon nous, c’est l’opportunité de partir un projet pilote pour que certains producteurs autorisés puissent cultiver l’ail des bois. »

 

Une idée que l’ACPFNL avait proposée au gouvernement en mars 2021, dans une requête demandant une modification qui rendrait possible la culture de l’ail des bois à des fins de commercialisation, tout en continuant de protéger les populations déjà existantes à l’état sauvage. À l’heure actuelle, tout commerce de la plante est totalement interdit, même celui des semences. La récolte de l’ail des bois est autorisée pour usage personnel, mais uniquement pour des quantités n’excédant pas 200 grammes ou un maximum de 50 bulbes par année, par personne.

 

Des citoyens s’engagent

L’ail des bois, plante dite «patrimoniale», présente dans les érablières de l’Estrie et de l’Outaouais, mais aussi en Mauricie et dans Lanaudière, continue à déchainer les passions et les engagements. Des citoyens, se dédiant à la sauvegarde de la plante, lui consacrent des parties de leurs terres. Administrateur du groupe Facebook Ail des bois du Québec, qui réunit plus de 7 000 membres, François Laliberté est l’un d’entre eux. Il se souvient, il y a 35 ans, avoir vu sa mère recevoir des plants d’ail des bois en cadeau, qu’elle a plantés au jardin. Depuis, il a développé une relation avec cette plante qu’il a appris à connaître et pour laquelle sa terre de Saint-Flavien, dans Chaudière-Appalaches, est devenue un sanctuaire. François Laliberté mène des tests de culture dans son jardin, notant ses observations pour trouver la meilleure façon de transplanter l’ail des bois, ses préférences en termes d’ensoleillement, de paillis, d’arrosage, de compagnonnage. « Je partage les données que je recueille avec l’ACPFNL. On fait avancer les connaissances », dit-il.

 

Même si sa talle grossit d’années en années, il n’a le droit de consommer que la quantité permise par la loi, comme tout le monde. François Laliberté pense aussi que de permettre la culture de l’ail des bois à certains producteurs autorisés contribuerait à sa sauvegarde. « Les colonies s’agrandissent naturellement par les contours, mais les graines qui tombent au milieu n’ont pas d’espace pour germer. Si on pouvait les prendre et les semer ailleurs, cela favoriserait sa sauvegarde, mais même ce geste de faire transiter des graines pour les semer est restreint par la Loi. Au fil du temps, on a fini par limiter la propagation de l’ail des bois. Cela nous semble contraire à l’esprit de la Loi, telle qu’on l’a pensée à l’origine. »

 

Accorder la permission à certains producteurs autorisés permettrait aussi de limiter le marché noir, pense Sam Chaib. « Puisqu’il est impossible de se procurer des semences légalement, un marché noir s’est développé. On pense qu’un système de traçabilité des semences comme il en existe aux États-Unis pourrait être mis en place au Québec. Si des producteurs étaient autorisés à l’entretenir, à condition de pouvoir prouver que les graines ne viennent pas de milieux naturels, ça permettrait à la plante de se multiplier, tout en protégeant les milieux naturels du braconnage. »

 

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