Après une longue carrière dans l’enseignement de la musique, François Fréchette s’est installé en Mauricie pour s’adonner à la pratique du vitrail dans son atelier. Depuis deux décennies, ses œuvres sont exposées dans plusieurs régions du Québec et à l’étranger. Il a accepté de répondre aux questions de La Gazette de la Mauricie à l’occasion d’une exposition en cours au Musée Pop de Trois-Rivières.

 

La Gazette : François Fréchette, vous avez été un des pionniers de l’utilisation de l’informatique pour l’enseignement de la musique dans les écoles et vous avez mené plusieurs activités de recherche pédagogique. En considérant rétrospectivement l’évolution technologique et la place qu’occupe l’enseignement de la musique dans les écoles, êtes-vous optimiste ?

FF : L’enseignement de la musique occupe malheureusement encore une place de second ordre dans le cursus de la formation de l’élève. Il semble qu’on ait des difficultés à mettre cela « en harmonie ». L’outil informatique prend souvent trop d’espace par rapport à la création. Les moyens technologiques ont largement évolué, mais le numérique remplace souvent l’humain. Ce moyen devrait davantage servir à soutenir l’enseignant et les élèves pour des apprentissages théoriques et pratiques. Malgré cela, je demeure optimiste, car j’estime que nous sommes encore à l’étape de l’appropriation technologique de ces nouveaux outils. Heureusement que la création se manifeste encore par l’oreille, l’œil, la mémoire et la main d’un créateur.

 

La Gazette : Quel a été le déclic qui vous a fait vous convertir au travail artistique du verre ?

FF : Curieusement, je pense qu’il n’y a pas eu de déclic apparent. La conversion au travail du verre s’est effectuée sans que je m’en rende compte. Dans mon enfance j’ai fait régulièrement des activités artistiques manuelles comme le dessin, la sculpture et bien entendu la musique vocale et instrumentale. Ces disciplines étaient ma réalité. Le verre est arrivé naturellement. Des voyages m’ont amené à visiter de nombreuses cathédrales, dont celle de Chartes, et à admirer ses vitraux. Les couleurs, la lumière et la tranquillité des lieux m’ont impressionné grandement. Et puis, un jour, j’ai acheté un vitrail chez un antiquaire. Celui-ci avait une brisure et je me suis dit que j’allais le réparer. J’ai suivi une formation technique pour apprendre à le faire et ensuite le revendre. À partir de ce moment-là, j’ai décidé de créer des vitraux. Après avoir fait un stage dans un atelier de verre dans le sud-est de la France, ma création artistique a pris son envol. J’ai fait ma première exposition solo en l’an 2000, et depuis les projets se succèdent.

 

La Gazette : En 2019 vous fêtiez une décennie d’implication communautaire au Guatemala, où vous initiez des jeunes au travail du verre et à la création de façon générale. Est-ce que cette expérience a transformé votre approche du travail artistique ?

FF : Ce sont dix années de création et de coopération humanitaire que je n’oublierai jamais. Je suis heureux d’avoir participé par l’art à l’amélioration de la qualité de vie de plusieurs Guatémaltèques. Montrer le beau, c’est aussi ça lutter contre la pauvreté ! Du point de vue artistique, j’en ai retiré des expériences formidables. En plus d’avoir développé des capacités d’adaptation, j’ai aussi perfectionné des compétences quant à la résolution des problèmes qui se présentaient au cours du processus de création. Les limites rencontrées nous poussent à aller plus loin.

 

La Gazette : Auriez-vous un conseil à donner à des jeunes qui souhaitent partager leur pratique artistique à l’étranger ?

FF : Voici quelques conseils pour ceux et celles qui désirent vivre une expérience artistique en coopération : ne pas hésiter à faire des démarches auprès d’organismes humanitaires en leur proposant un projet. Leur collaboration est indispensable pour l’organisation matérielle et l’atteinte des objectifs. Il est important de savoir et de préciser ce que l’on veut faire et pourquoi on veut le faire. L’organisme en question pourra s’occuper de la logistique, ne serait-ce que pour le transport du matériel nécessaire et le logement outre-mer. Un autre conseil serait de faire l’apprentissage des rudiments de la langue du pays d’accueil pour communiquer avec les hôtes. Puis, avoir une bonne dose d’humilité, car les gens qui nous accueillent peuvent nous en apprendre par leur débrouillardise et leur humanité. En terminant, je souhaite aux volontaires de s’ouvrir aux autres en prenant le temps d’écouter et d’observer, et par conséquent de se découvrir comme des « cueilleurs de lumière ».

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