Aurélie Bordeleau – Citoyen.nes du monde et de chez nous – Janvier 2021

2020 aura été le théâtre de beaucoup d’indignations à propos des droits des femmes, et ce, avec raison. Le sujet est sur toutes les lèvres, partout à travers le monde. Les mois passés auront été marqués par de nombreux événements qui ont enflammé le Québec.

Laissez-moi faire un retour sur ces derniers mois afin de mieux rebondir pour cette nouvelle année.

À partir du mois de mars, on a pu participer à des activités en lien avec la journée internationale des droits des femmes du 8 mars, tout juste avant le confinement. Certaines personnes auraient pu se dire que la situation des femmes québécoises était à envier comparativement à celle de leurs sœurs autour du globe. La pandémie aura pourtant eu de nombreux impacts sur les Québécoises, pour ne nommer que la pression subite dans les milieux de la santé et services sociaux, de même que de l’éducation.

Du confort de nos foyers, nous avons assisté à une utilisation plus marquée des médias sociaux. Des sujets comme la grossophobie ont davantage fait surface, tout comme le sexisme ordinaire et la charge mentale des femmes. Les inégalités ont aussi pris plus d’ampleur et n’ont pu être ignorées avec le cri du cœur des milieux communautaires pris à la gorge par les nouvelles mesures de santé et le manque de ressources pour faire face à la crise. Les municipalités ont dû faire preuve de créativité pour s’ajuster et maintenir le bien-être des personnes les plus vulnérables.

Avec l’été, on a cru à un répit après le froid, puis, une nouvelle vague de dénonciation, telle qu’on avait connu en 2017 avec #metoo, a vu le jour, divisant le Québec. Ces nombreux témoignages ont poussé des artistes à prendre la parole et des regroupements à se former pour continuer de dire haut et fort que les violences sexuelles sont encore trop présentes. Cette autre vague a du même coup souligné le manque de confiance des victimes envers le système de justice actuel.

Le 18 juillet 2020, plus d’une centaine de citoyen.nes ont marché dans les rues de Trois-Rivières pour dénoncer les violences à caractère sexuel et démontrer leur support aux victimes. – Crédits : Véro Wilfort

Quelques heures avant d’écrire ces lignes, les briques continuaient de tomber sur cette année déjà chargée dans la sphère des violences sexuelles. On pense au procès de Gilbert Rozon, à l’accusation pour agression sexuelle d’Harold LeBel, député de Rimouski, ainsi qu’à l’inculpation de Peter Nygard, magnat de la mode, pour viol et trafic de femmes et de filles… Tout juste après le dépôt d’un rapport du Comité d’experts sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale ayant pour objectif de mieux adapter le système judiciaire afin que la population ait davantage confiance en celui-ci.  Il y a également eu la réforme de l’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) afin entre autres, d’abolir le délai de prescription qui était de deux ans.

Sur un autre plan, les injustices vécues par les femmes autochtones ont aussi été marquantes, notamment par la mort de Joyce Echaquan, décédée le 28 septembre à l’hôpital de Saint-Charles-Borromée. Cette indignation, cette peine et cette colère ont donné lieu à des vigiles un peu partout au Québec. Cela a démontré la solidarité de la population, mais également l’inaction devant une violence systémique qui perdure depuis trop longtemps.

En octobre, ce sont les écoles secondaires qui furent marquées par les protestations d’adolescents contre le sexisme que subissent les jeunes filles, appuyés par de nombreux artistes et regroupements. On s’est questionné sur ce qui était vraiment important : l’éducation ou le code vestimentaire?

Mais les projecteurs mis sur le corps des femmes ne se sont pas pour autant éteints, puisqu’un autre sujet chaud de 2020, la violence conjugale, a lui aussi fait parler. On pense notamment à la jeune femme Elizabeth Rioux, entrepreneure d’une compagnie de bikinis, qui, dénonçant la violence subie de la part de son ex-conjoint, s’est vue pointée du doigt pour son usage des réseaux sociaux. En plus de banaliser la violence conjugale, cette réaction est en elle-même d’une grande violence pour la femme, mais aussi pour toutes personnes ayant été victimes.

Un énième exemple de l’importance de continuer de dénoncer les agressions sexuelles, la violence conjugale et le sexisme, pour ne nommer que trois enjeux, car les préjugés ont la vie dure. Devant ces événements, on se trouve face à une réelle urgence de changer les discours partagés dans notre société. Ils ont démontré toute l’importance que continue d’avoir la sensibilisation contre la violence faite aux femmes, comme les douze jours de mobilisation qui eurent lieu du 25 novembre au 6 décembre.

Je nous souhaite d’apprendre des trop nombreuses erreurs de 2020. Je nous souhaite que 2021 soit une année de grands progrès, d’écoute et de respect, afin que l’espoir d’un monde égalitaire et sans peur continue d’exister.

Continuons d’oser dire NON aux violences sexuelles et systémiques.

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