Un texte de Isabelle Reid, collaboratrice
Au cours des guerres, les armées comptent leurs morts, mais. Collectivement, nous ne parlons pas suffisamment des violences que subissent les femmes lors des conflits armés. Des violences au nom de la guerre des hommes. Des violences que l’on ne comptabilise pas.
Il aura fallu attendre 2008 pour que le Conseil de sécurité des Nations unies qualifie le viol comme étant un crime de guerre, un crime contre l’humanité et un crime constitutif du crime de génocide. Malgré cette admission par un organisme composé en majorité d’hommes, force est de constater qu’encore aujourd’hui, bien des femmes dans le monde sont exposées, à tout moment, à ce type d’agressions violentes.
Dans un article sur la plateforme Global Citizen, la féministe sud-africaine Khanyi Mlaba est catégorique : la violence envers les femmes et les filles en temps de guerre se traduit inévitablement par des agressions physiques et verbales et par nombre d’obstacles pour accéder à l’aide humanitaire. Sans oublier que les femmes, qu’elles soient mariées de force, agressées ou encore réduites à l’esclavage sexuel ou domestique portent également, en plus de toute cette violence, la charge de prendre soin des enfants, des parents et des autres.
Plus spécifiquement, au regard de la guerre en Ukraine, Amnistie internationale constate que les « violences liées au genre s’aggravent et s’intensifient pour les personnes qui vivent dans les régions touchées par le conflit, et ce pour de nombreuses raisons, dont le manque de sécurité, l’absence ou l’érosion de l’état de droit, l’impunité généralisée pour les auteurs, le manque de confiance dans les autorités d’occupation, ainsi que la stigmatisation liée au fait de raconter des expériences de violence sexuelle et liée au genre ».
Quant à la situation en Palestine, la docteure Duha Shellah, de l’Académie palestinienne pour la science et la technologie, attire notre attention sur la santé des femmes : « Les femmes vivent actuellement à Gaza dans des conditions inimaginables, certaines d’entre elles prenant des pilules pour éviter d’avoir leurs règles. On estime à 50 000 le nombre de femmes enceintes à Gaza qui n’ont pas accès aux soins de santé, car la plupart des services de soins de santé primaires sont fermés. Il n’y a aucune garantie que les femmes enceintes puissent accoucher en toute sécurité ou même recevoir des soins maternels, et leurs bébés ne seront pas vaccinés régulièrement, ce qui serait trop risqué. »
Les conflits armés qui sévissent actuellement dans le monde ont été déclenchés, ordonnés et concrétisés majoritairement par des hommes. Peu importe les raisons de ces conflits, les femmes et les filles subissent de plein fouet l’odieux de la guerre, le manque de tout, les déplacements, les violences sexuelles, etc. Elles devront vivre par la suite avec les conséquences physiques, psychologiques et émotionnelles de ces conflits.
Néanmoins, des solutions existent pour améliorer la situation, et l’une d’elles est la participation des femmes « en amont aux processus décisionnels à tous les niveaux afin de s’assurer que leurs besoins et perspectives spécifiques sont entendus et pris en compte dans les lois, les politiques et les pratiques ». En ce sens, la communauté internationale devrait redoubler d’efforts afin que les droits des femmes du monde soient respectés.
Comme nous l’avons fait pendant la récente campagne des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes, pensons aux femmes qui vivent en Haïti au cœur d’un conflit armé qui perdure, pensons aux femmes qui vivent au Sahel où la violence armée et l’insécurité ne cessent d’augmenter, pensons aux femmes qui vivent en Afghanistan où la guerre leur a retiré le peu de droits qu’elles avaient, pensons aux femmes qui vivent en Syrie et subissent un état de guerre depuis 11 ans, pensons aux femmes du Sud-Soudan et du Nigéria où violence et conflits armés sévissent. Pensons aussi aux Ukrainiennes et aux Palestiniennes. Aujourd’hui, pensons à toute ces femmes que la guerre des hommes ne comptabilise pas.