harper budget

Stephen Harper et son ministre des Finances, Joe Oliver, présentaient en avril dernier le budget fédéral. L’objectif est clair : réduire la taille de l’État au profit du marché.

Après avoir réduit l’impôt des grandes entreprises au plus bas niveau parmi les pays du G7, les conservateurs confirment dans leur dernier budget l’incessante purge de la colonne des revenus et l’intensification de l’austérité entamée en 2011. Ce qui aura pour effet d’amputer les transferts en santé et en éducation aux provinces, ainsi que les transferts aux particuliers, dont l’assurance-emploi, et les services à la population.

L’amputation budgétaire

Les conservateurs n’y vont pas de main morte. Ils prévoient amputer les dépenses de programmes de 14 milliards $ par année d’ici 2019. En plus de procéder à ces coupes, les conservateurs sont devenus les champions de l’inutilisation des fonds alloués à divers programmes, à hauteur de 10 milliards $ par année depuis 2011. Par exemple, en 2013-2014, malgré des besoins criants, ces fonds ont été de 100 millions $ à Environnement Canada et de 208 millions $ à Emploi et développement social.

Ces coupes budgétaires visent à réduire encore plus les impôts des entreprises et des plus riches. Pour le député de Beauce, Maxime Bernier, il faut « redonner l’argent » aux plus riches qui « créent de la richesse ». Cette hypothèse qu’on répète depuis 125 ans n’a jamais été vérifiée. Au contraire, les baisses d’impôts consenties aux entreprises et aux plus riches ont contribué à augmenter la richesse de ces derniers plutôt qu’à relancer l’investissement réel des entreprises. De « l’argent mort », comme disait l’ancien directeur de la Banque du Canada Mark Carney.

En plus d’avoir accordé des baisses d’impôt aux entreprises qui privent le fédéral de 13 milliards $ par année, le gouvernement Harper dilapide encore plus sa marge de manœuvre dans son dernier budget. Le fractionnement du revenu des familles aisées et la hausse du plafond du CÉLI (compte d’épargne libre d’impôt) à 10000 $ par année priveront le fédéral d’un autre 4 milliards $ cette année. Et si Québec décidait d’imiter le fédéral avec le CÉLI, cela le priverait de quelques centaines de millions $ de revenus dans la première année.

De l’austérité fédérale à l’austérité québécoise

En amputant toujours plus ses revenus fiscaux, le fédéral diminue aussi toujours plus ses transferts aux provinces. La part du fédéral dans les dépenses de santé des provinces passera de 22 % en 2015 à 17 % en 2025, faisant perdre 10 milliards $ au Québec au cours des 10 prochaines années. Le plafonnement de la hausse des transferts en éducation entraîne pour sa part une coupure qui équivaut au déficit cumulé des universités québécoises, soit 2,9 milliards $.

Que ce soit à Ottawa ou à Québec, on assiste à la même obsession : réduire les services publics sous le prétexte d’assainir les finances publiques. Comme on peut le constater, les mesures d’austérité prises par Ottawa et Québec ne visent qu’à réduire toujours plus les impôts des entreprises et des mieux nantis.

Pourtant, l’argent investi dans les programmes publics est beaucoup plus profitable que les baisses d’impôt. Selon le ministère des Finances du Canada, un milliard $ en baisse d’impôt des entreprises a un impact de 300 millions $ sur l’économie, alors qu’un milliard $ en investissement public génère des retombées de 1,5 milliard $, soit 5 fois plus.

 

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