Pour Audrey Charron, le message est clair : « Les ados ne sont pas seulement les citoyens et citoyennes de demain. Ce sont déjà des citoyens et citoyennes à part entière, avec des besoins réels. Si on ne leur offre pas des lieux pour s’exprimer, se construire et se sentir écouté-es, on passe à côté d’une génération entière. » Photo : Anne-Sofie Bathalon / © La Gazette de la Mauricie et des environs

À l’occasion de la 28e Semaine des maisons des jeunes du Québec, la directrice générale de la Maison des jeunes Le Chakado, Audrey Charron, tire la sonnette d’alarme : les maisons des jeunes, véritables piliers de proximité pour les ados, sont fragilisées par un manque de financement chronique.

La Semaine des maisons des jeunes, portée par le Regroupement des maisons des jeunes du Québec (RMJQ), vise à faire connaître la mission de ces milieux uniques. On y accueille les jeunes de 12 à 17 ans dans un espace de rencontre animé, « où ils apprennent à devenir actifs, critiques et responsables ».

« Quand on entre dans une maison des jeunes, on pense d’abord à un lieu de loisirs, mais les loisirs sont un prétexte à l’intervention », explique Audrey Charron, directrice du Chakado. « Ce qu’on fait ici, c’est de l’intervention psychosociale. On crée des liens significatifs avec les jeunes, on les écoute, on les accompagne. » 

Située dans le secteur Sainte-Marthe-du-Cap, cette maison accueille chaque soir une douzaine de jeunes. En 2024, ce sont plus de 380 jeunes qui ont pris part d’une manière ou d’une autre aux activités organisées par Le Chakado. 

Qu’il s’agisse d’un atelier de cuisine, d’une séance d’aide aux devoirs, d’une simple partie de billard ou d’une sortie culturelle, ces activités sous-tendent une intention d’intervention. Plusieurs objectifs peuvent être ciblés, notamment favoriser la confiance, l’ouverture, le dialogue ou le bien-vivre ensemble. 

Des interventions de proximité

Les maisons des jeunes reposent sur le travail d’une équipe d’intervenant-es qualifié-es. Ces personnes professionnelles assurent un accompagnement de première ligne auprès des ados.

« On gère des problèmes réels : anxiété, automutilation, dépendance, estime de soi. Ce sont des situations qui nécessitent une formation, un jugement clinique et une capacité d’écoute », précise Audrey Charron.  De plus, Le Chakado organise plusieurs ateliers de sensibilisation, donnés soit par les intervenant-es, soit par des professionnel-les de l’extérieur. Tous les sujets et les activités sont planifiés à la demande des jeunes. « Il y a un conseil des jeunes, ils se rassemblent et discutent. Ils nous reviennent ensuite avec ce qu’ils ont envie de faire. »

En entrant au Chakado, on remarque aussitôt une panoplie d’affiches traitant de sujets variés. Un rappel visuel du rôle éducatif et préventif que jouent les maisons des jeunes. Audrey Charron souligne que leur mission dépasse largement les loisirs. Les ateliers abordent des thèmes liés à la sexualité, comme les infections transmissibles sexuellement et par le sang, la contraception et le phénomène de la drogue du viol, mais aussi à la consommation de tabac et le vapotage, de la caféine ou de l’alcool. D’autres discussions portent sur les relations interpersonnelles et intimes, la communication, la violence psychologique et les agressions à caractère sexuel.

Photo : Anne-Sofie Bathalon / © La Gazette de la Mauricie et des environs

Un sous-financement qui met en péril le filet social

Selon le plus récent rapport du RMJQ, les 251 maisons membres de ce regroupement reçoivent en moyenne 184 000 $ par année, alors que leurs besoins réels dépassent 736 000 $. Ce manque à gagner de plus de 550 000 $ par maison, soit près de 139 millions de dollars à l’échelle du Québec, compromet directement les services offerts aux ados.

« Les maisons des jeunes ne travaillent pas sur une seule problématique. On agit globalement, sur la santé mentale, la réussite éducative, la prévention de la violence, l’identité, la confiance. Mais comme notre mission n’entre pas dans une seule case, on passe à côté du financement », explique la directrice.

Les salaires peu compétitifs et les horaires de soir et de fin de semaine accentuent le roulement de personnel. « En deux ans, onze personnes ont occupé quatre postes d’intervention. Chaque départ, c’est un lien à rebâtir avec les jeunes », mentionne Audrey Charron. En 2019, Le Chakado était ouvert six jours par semaine ; actuellement, la maison est ouverte quatre jours par semaine. La directrice souhaite pouvoir offrir de meilleures conditions et un salaire majoré, mais elle n’est pas en mesure de le faire par manque de fonds. 

Les ados d’aujourd’hui, des citoyen-nes d’aujourd’hui

« L’avenir de nos ados, c’est maintenant » est le slogan de la campagne 2025. Selon un sondage Léger commandé par le RMJQ, près de la moitié des Québécois-es estiment que le gouvernement n’en fait pas assez pour les 12-17 ans, et plus de la moitié jugent les efforts insuffisants pour soutenir leur bien-être psychologique et leur réussite éducative.

Pour Audrey Charron, le message est clair :  « Les ados ne sont pas seulement les citoyens et citoyennes de demain. Ce sont déjà des citoyens et citoyennes à part entière, avec des besoins réels, maintenant. Si on ne leur offre pas des lieux pour s’exprimer, se construire et se sentir écouté-es, on passe à côté d’une génération entière. »

Ancrées ainsi dans leurs communautés, les maisons des jeunes comme Le Chakado demeurent l’un des rares services de proximité, gratuits et accessibles, pour la population adolescente.

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