Johane Germain, présidente-fondatrice Héritage Slow Food Vallée de la Batiscan, mai 2019
La hache au bout du bras, la neige jusqu’au cou, ils ont coupé du bois. Du bois de corde, du bois de pulpe, des madriers, des planches et des mâts pour les bateaux. Ça se passait comme ça chaque hiver. Destination : Angleterre.
Le printemps venu, les bûcherons descendaient des chantiers à la maison avec les billots en flottaison. Pendant ce temps, les femmes, elles, s’occupaient de tout. La ferme, les accouchements de leur voisine, de leur sœur avec le docteur, les enfants, leur éducation, la fabrique avec le curé et le village. Rieuses, les « belles brumes », on appelait ainsi les filles de la Batiscan, ne manquait pas de courage, de débrouillardise et d’autonomie. C’était à l’époque de nos grands-parents. Un milieu de vie dicté par les saisons; forestier l’hiver et agricole l’été.
La forêt récréative et nourricière
À l’époque, les Américains plus fortunés, guidés par les hurons Wendat ou les Attikamekw, venaient à la chasse et à la pêche. À la source de la Batiscan, le Triton Fish & Game Club recevait des personnalités mondialement connues. Les Churchill, Truman, Rockefeller et Roosevelt y ont fait un séjour. Un coin protégé parce qu’on ne voulait pas y entendre bûcher ou scier. Devenu forêt patrimoniale, ce territoire 407,7 km2 s’intègre aujourd’hui à la Réserve de biodiversité de la Seigneurie-du-Triton. Territoire sauvage uniquement accessible aux visiteurs par voie d’eau sur une distance de deux kilomètres le caractère naturel de ce site historique s’en trouve mieux protégé.
L’arrière-pays comme destination
La ligne de Via Rail Montréal–Jonquière offre la possibilité de découvrir trois fois par semaine un arrière-pays constitué essentiellement de rivières, de lacs, et de montagnes qu’on peut même admirer, à l’occasion, à bord un wagon-dôme vitré. Pour les adeptes de tourisme écoresponsable, Randonnée champêtre au cœur de la Vallée de la Batiscan offre un parcours nature exceptionnel en partance de la charmante municipalité de Lac Édouard.
Un parcours qui permet d’aller à la rencontre d’espaces forestiers plus grands que nature, situés à chaque extrémité de la rivière Batiscan, avec le Parc de la rivière Batiscan au Sud et la Réserve de biodiversité au Nord. Un parcours où on découvre, en prenant le temps, des lieux de protection de la faune, de la flore et d’augmentation de la biodiversité avec ses milliers de lacs et ses tableaux de constellations d’étoiles, exempte de pollution lumineuse.
Terres qui, à une autre époque, étaient essentiellement destinées au « bûchage » et au « sciage », on a, au fil des décennies, découvert d’autres contributions de nos forêts. Notamment celles d’être un lieu de quiétude et de ressourcement qui fait le bonheur des ornithologues, peintres, cueilleurs de champignons et de plantes médicinales, randonneurs, photographes et amoureux de paysages majestueux.