Clothilde Champagne Carignan – Comité de solidarité de Trois-Rivières
Selon une vaste étude de quantification des pertes et du gaspillage alimentaire au Québec menée par Recyc-Québec et publiée en juin 2022, « 3,1 millions de tonnes de résidus alimentaires, dont 39 % sont réputés avoir été comestibles avant d’être jetés, sont produites annuellement au Québec ».
Une telle quantité de déchets alimentaires crée une chaîne considérable de conséquences environnementales. En effet, ce qui n’a pas été consommé a pourtant utilisé beaucoup de ressources pour sa production avant de se retrouver à la poubelle. Et la liste des répercussions associées à ce gaspillage est longue : augmentation des émissions de gaz à effets de serre, surconsommation d’eau, perte de terres cultivables, utilisation d’engrais, perte de biodiversité, consommation énergétique, perte d’espace d’enfouissement. Comme le dit le proverbe flamand, pomme pourrie dans un panier, fait rebuter toute la panerée.
En plus des effets sur l’environnement, le gaspillage n’aide en rien la crise alimentaire, qui n’échappe pas à l’effet domino. Au Québec, l’inflation et la crise du logement pèsent déjà lourd sur les ménages, qui doivent ajouter cette crise alimentaire à la liste de leurs préoccupations. Pour contrer le gaspillage, une solution possible réside dans une meilleure utilisation des denrées encore propres à la consommation qui sont destinés au site d’enfouissement.
Mais en tant que consommateurs et consommatrices, quel est notre pouvoir d’action ?
Des initiatives locales
En Mauricie, des organismes et des citoyens prennent la problématique du gaspillage alimentaire à bras-le-corps. Par exemple, dans le but de « transformer le gaspillage en culture de partage », l’initiative Maski Récolte, suivie des projets Des Chenaux Récolte, Trois-Rivières Récolte et Shawi Récolte, ont été mis sur pied. Sur la base d’une formule gagnant-gagnant, les citoyens-cueilleurs sont invités à participer à des cueillettes de surplus agricoles (produits végétaux au sol ou sur pied non ramassés) ; ces récoltes sont ensuite divisées également entre les participants, les producteurs ainsi que des organismes et établissements régionaux.
Autres initiatives notables : sur notre territoire, plusieurs organismes dont la mission principale est d’accompagner les citoyens et citoyennes vers un mode de vie écoresponsable, comme La Brouette, AgrÉcoles, Le Bon Camarade à l’UQTR et Frigo Free Go Trois-Rivières.
Des solutions à notre portée… et à celle des restaurateurs et des commerçants
Au-delà des actions citoyennes, on voit s’implanter de nouvelles initiatives ingénieuses. Des applications mobiles, telles que Too Good To Go ou FoodHero, dont le but est de réduire le gaspillage alimentaire à partir de la vente au détail, font leur apparition au Québec.
Ainsi, FoodHero est une application permettant aux consommateurs d’économiser sur des produits alimentaires en surplus en épicerie qui approchent de leur date de péremption.
Lire aussi : Le rôle de la réduction du gaspillage alimentaire dans la lutte contre les changements climatiques
Lancée en 2016, et présente au Canada depuis juillet 2021, Too Good To Go permet non seulement aux utilisateurs d’acheter à faible coût, mais aussi aux restaurateurs de réduire leur empreinte gaspillage en écoulant leurs produits invendus sous forme de paniers surprise.
Si des solutions sont bien là, encore faut-il que la population prenne conscience du problème tant dans sa dimension humaine qu’environnementale. Gageons que les changements climatiques et la crise alimentaire actuelle nous rendrons créatifs pour endiguer ce fléau qu’est le gaspillage alimentaire. Après tout, ne devrions-nous pas déjà respecter ce qu’il y a dans nos assiettes ?