Photo originale : Le Dauphiné Libéré/Christophe Agostinis.

Un texte de Myriam Paré-Éthier, intervenante

Le 19 décembre dernier signait la fin de l’un de procès les plus médiatisés de la justice française. Des centaines de médias internationaux se sont relayés pour couvrir les trois mois et demi d’audiences. Au cours de cette période, 51 accusés, dont un ex-mari considéré comme le chef d’orchestre des viols répétés commis sur sa conjointe, ont tenté de plaider leur innocence. À l’avant-plan de cette affaire juridique, la plaignante, Gisèle Pelicot, a permis que son procès soit rendu public. Malgré l’incompréhension totale face à ce qu’elle a subi à son insu pendant plus de 10 ans, cette dernière souhaitait porter ouvertement ce combat contre ses agresseurs afin d’engendrer un changement de société et que « la honte change de camp ». Elle y est arrivée, avec la condamnation de 43 des 51 accusés.

Plusieurs figures de proue

Gisèle Pelicot aurait été comparée par certains médias à Simone de Beauvoir.  Il va sans dire que l’annonce de la condamnation de ces hommes est une victoire dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Ce procès et la grande détermination de la plaignante font écho à plusieurs autres affaires où des victimes ont eu à se battre sans relâche pour se faire entendre. C’est le cas de Claudine Cordani, une militante féministe française qui a été la première mineure victime de viol à refuser le huis clos lors du procès de ses agresseurs en octobre 1985, afin d’exposer ceux-ci au grand jour. Plus près de nous, l’auteure et réalisatrice Léa Clermont-Dion a eu recours à la Cour d’appel du Québec après le verdict de son premier procès contre son ancien patron, Michel Vienne. Le juge avait alors écarté certaines accusations de la plaignante. Après une longue bataille juridique, cette dernière a eu gain de cause alors que l’accusé recevait une sentence de six mois de prison à l’été 2024. 

Lors de ces procès, l’habillement, le délai entre l’agression et la plainte à la police, les « trous » dans le récit, et bien d’autres éléments sont utilisés depuis longtemps afin de compromettre la déposition des présumées victimes et d’attaquer leur crédibilité. Stéréotypes qui, même s’ils sont persistants, ne sont appuyés par aucune recherche dans le domaine. 

Ce qui tire les ficelles

Que peut-on retrouver à l’arrière-plan de ces trois procès contre des agresseurs aux profils pourtant si différents ? La culture du viol, c’est-à-dire les attitudes de banalisation, de normalisation et de tolérance face aux comportements de violences sexuelles. Depuis le mouvement #Metoo, il est souvent question de la culture du viol dans plusieurs sphères de nos vies, mais le phénomène n’est pas disparu pour autant et ses conséquences se font encore ressentir. 

La justice dans le collimateur 

Notre système judiciaire n’est malheureusement pas à l’abri de cette tendance sociale. Plusieurs mythes et stéréotypes liés aux violences sexuelles sont utilisés par les avocat-es de la défense avec l’objectif de faire acquitter leur client. Lors de ces procès, l’habillement, le délai entre l’agression et la plainte à la police, les « trous » dans le récit, et bien d’autres éléments sont utilisés depuis longtemps afin de compromettre la déposition des présumées victimes et d’attaquer leur crédibilité. Stéréotypes qui, même s’ils sont persistants, ne sont appuyés par aucune recherche dans le domaine. 

Les dernières semaines nous démontrent cependant que la tendance semble vouloir s’inverser. L’article 2858.1 du Code civil du Québec pourrait être l’une des causes des changements de discours observés dans certaines décisions juridiques récentes. Dans la cause contre Gilbert Rozon la juge Tremblay a expliqué la pertinence de cet article de loi entré en vigueur le 4 décembre dernier. Selon elle, « l’objectif de l’article 2858.1 est d’éviter que les demanderesses ou les témoins tiers soient confrontés, de quelque manière que ce soit, notamment en contre-interrogatoire, à des mythes et stéréotypes, pour ne pas qu’elles soient humiliées ». 

Plusieurs femmes ont eu le courage à travers l’histoire de partager publiquement leur vécu d’agressions pour permettre au mouvement féministe de faire des avancées. Ces icônes ont permis plusieurs changements encore perceptibles de nos jours. Gisèle Pelicot s’est récemment inscrite dans cette lignée. Cependant, il ne faut pas oublier que plusieurs des efforts ont été faits par des personnes qui sont restées dans l’ombre. Un rappel que cette lutte est le devoir de tous et toutes, uni-es pour abattre les préjugés. 

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