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Des militantes du GAF UQTR. Véronique Durocher, rencontrée dans le cadre de cet article, est au centre. Photo : Gracieuseté

La Journée internationale des droits des femmes est une journée de mobilisation à travers le monde et c’est un moment privilégié pour faire des bilans, remettre en question certains mythes et accroître la sensibilisation à l’égard de l’égalité et des réalités vécues par les femmes dans notre société. Cinq femmes œuvrant dans des organisations impliquées en soutien et en intervention auprès des femmes de la Mauricie témoignent de leur vision de la situation des femmes au Québec. 

Isabelle Padula, journaliste : Quelle est votre définition du féminisme?

Véronique Durocher, Membre doctorante en communication sociale et membre du Groupe d’Actions Féministes (GAF) de l’UQTR : Le féminisme est avant tout un droit humain, une volonté d’égalité dans les droits de toutes et tous. Il y a souvent une incompréhension du terme féminisme. Ce n’est pas avoir une supériorité des femmes. L’image que j’ai aimée est celle qu’il ne faut pas comparer les droits des femmes à une tarte. Ce n’est pas parce qu‘une personne prend sa place qu’il y a moins de pointes pour les autres personnes parce qu’inévitablement la lutte féministe va rejaillir sur d’autres enjeux. Par exemple, la lutte pour les congés de maternité à l’origine une demande menée par et pour les femmes mais qui a donné lieu à des congés de parentalité pour toutes et tous. 

Joanne Blais, Directrice de la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) : Le féminisme, c’est le féminisme tout court. Ça évolue au fil des années mais les enjeux d’égalité hommes / femmes restent pour la plupart les mêmes. On chemine mais il reste des écarts au niveau des inégalités qui sont toujours présents à plusieurs points de vue : pauvreté, exclusion sociale, violence, accès à l’emploi, santé… Il y a encore beaucoup d’enjeux où les écarts ont changé et d’autres où les écarts sont encore présents. Les écarts entre les femmes elles-mêmes sont un enjeu plus présent qu’avant également. On parle dorénavant d’approche intersectionnelle qui prend en compte tous les systèmes de pressions et qui vont affecter certains groupes plus que d’autres. Cette approche apporte des réflexions nouvelles. 

Marie-Ève Lajoie, directrice du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel et la violence faite aux femmes (CALACS) Entraid’Action de Shawinigan : Le féminisme représente un idéal de société, porté par des valeurs d’égalité, de solidarité et de justice sociale. Il s’agit de donner, ensemble, la possibilité aux femmes d’avoir le choix. 

Wafa Zbri, coordonnatrice du CALACS de Trois-Rivières : C’est la façon de reconnaitre qu’historiquement les femmes ont été oppressées et marginalisées dans différentes sphères de la vie. Le féminisme est là pour remédier à ce problème et atteindre un idéal dans la société. Le féminisme englobe toutes sortes de femmes et toutes les personnes peu importe d’où tu viens, ta couleur ou ta religion parce que toutes les personnes sont égalitaires.

Justine Lefebvre, intervenante au CALACS La Passerelle et responsable du territoire de la MRC Nicolet-Yamaska : On est dans un mouvement social  et en fait on vise l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est important de reconnaitre le travail passé et de se demander aujourd’hui où en sommes-nous et où allons-nous?  Il y a encore des mythes à démystifier sur ce qu’est le féminisme. Et ensemble en tant que féministe, on peut faire avancer les choses dans notre société.

Pouvez-vous cibler un gain important pour les femmes dans la ou les dernières années? 

Véronique Durocher : Dans la dernière décennie avec les agressions non dénoncées, le mouvement me too a permis une prise de parole aux femmes qui ont vécu des agressions sexuelles et qui ne sont plus tenues dans le silence si elles souhaitent parler. À plus petite échelle à l’UQTR, il y a de nouvelles politiques à l’interne ÉDI (équité, diversité et inclusion) qui s’appliquent à diverses sphères dans l’université. À titre d’exemple, très récemment, il y a eu une soirée de remise de bourses avec une plus grande diversité et plus de femmes qui ont pris la parole. On voit que ça prend du temps pour changer les choses mais le vent semble tourner dans la bonne direction à l’UQTR. 

Joanne Blais : La reconnaissance que les femmes ne sont pas toutes égales entre elles, c’est un gain pour les femmes et les groupes de femmes marginalisées. Il y a eu beaucoup de dénonciations également par rapport aux violences sexuelles, conjugales, féminicides et de visibilités. On parle davantage de ces situations-là avec les bons mots. 

Marie-Ève Lajoie : Les femmes sont davantage représentées dans l’espace public. Le gain majeur au niveau des agressions sexuelles est celui d’être entendues. On commence à se soucier des femmes et des problématiques liées aux femmes. Il y a une volonté et une conscience sociale mais les droits qu’on a demeurent très fragiles.

Quel est selon vous le plus grand recul observé pour les femmes dans la ou les dernières années? 

Véronique Durocher : Un des principaux reculs est le nombre de féminicides dans la pandémie. Au niveau de la violence conjugale, c’est énorme. C’est plus grand que l’université mais ça peut toucher des étudiantes également. Un autre point qui est un recul également ce sont les polémistes dans certains médias québécois et qui définissent le mot woke comme un extrémisme pour discréditer l’ensemble des luttes. Woke, c’est éveillé. C’est prendre conscience qu’il y a d’autres réalités que la mienne, que moi j’ai des privilèges en parallèle et qu’il y a d’autres personnes qui ont des défis plus grands. Cela m’inquiète parce que j’ai l’impression que ça va nuire à plusieurs luttes.

Joanne Blais : D’un point de vue général, c’est ce qui se passe au niveau de l’environnement précisément sur les changements climatiques. Plusieurs analyses mesurant l’impact selon le genre et le sexe ont été réalisées et ce sont les femmes qui sont le plus directement touchées. C’est un recul qui a un impact direct sur les femmes. 

Marie-Ève Lajoie : La remise en question du droit à l’avortement, c’est vraiment un grand recul. Juste d’y penser et de le remettre en question. 

Justine Lefebvre : Il y a du travail qui a été fait mais c’est encore fragile. Les enjeux actuels démontrent toute l’importance des mouvements et des luttes réalisées pour les droits des femmes.

 

gaf uqtr Le GAF est une association de l’UQTR qui lutte pour que le campus soit plus sécuritaire pour tous et toutes. Ce groupe d’intérêt crée des événements de sensibilisation ou de lutte selon l’actualité et les intérêts des membres.

 

tcmfmLa TCMFM est un organisme régional de concertation qui existe depuis plus de 40 ans et qui travaille pour la défense des droits collectifs des femmes avec une intervention partout en Mauricie.

 

calacsLes CALACS interviennent auprès des victimes adolescentes et femmes qui ont vécu des agressions sexuelles présentes ou passées. À noter que les femmes ne sont pas obligées de porter plainte pour avoir des informations et de l’accompagnement. Leurs services s’adressent également aux proches des victimes qui sentent le besoin d’avoir de l’accompagnement. De la prévention et de la sensibilisation sont offertes dans les écoles secondaires et les milieux communautaires. Les services sont gratuits et confidentiels. 

 

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