La Mauricie n’est pas épargnée par les défis environnementaux qui se posent à l’échelle mondiale. La perte de la biodiversité, les catastrophes naturelles et la crise climatique sont des sujets qui affectent tout le monde. Si on se fie au Sondage Léger paru en octobre 2022, 70 % de la population canadienne se dit inquiète ou très inquiète par rapport aux changements climatiques. La population mauricienne, particulièrement les nouvelles générations, est de plus en plus préoccupée face à l’urgence d’agir afin de préserver la viabilité de la planète. Ces préoccupations sont légitimes quand on regarde les résultats d’une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) dont les résultats ont été publiés en mai 2023. Cette étude démontre qu’au Québec, la simple couverture des besoins de base n’est pas viable d’un point de vue écologique. En effet, l’équipe de recherche a démontré que la majorité des causes de la destruction de l’environnement se retrouvent dans nos gestes quotidiens soit « se nourrir, se déplacer, se loger, se vêtir et se divertir ».
L’écoanxiété, un véritable état
Face à ces constants, certaines personnes ressentent une anxiété tellement grande qu’on parle de plus en plus du phénomène de l’écoanxiété. Selon le Gouvernement du Québec, l’écoanxiété se définit comme un « sentiment d’anxiété ou préoccupation ressentis par une personne devant les bouleversements causés par les changements climatiques et l’appréhension de leurs conséquences ». Les symptômes diffèrent d’une personne à l’autre, mais la psychologue Sara-Maude Joubert, directrice des Psy Trucs Inc., remarque que les jeunes vont présenter des symptômes très similaires à ceux des différents troubles d’anxiété, particulièrement le trouble d’anxiété généralisé. « Les personnes qui vivent avec de l’écoanxiété sont habituellement celles qui avaient déjà un trouble d’anxiété. La situation actuelle vient alors exacerber un état d’anxiété qui était déjà présent » explique-t-elle.
Les ressources d’aide limitées
Il existe à ce jour très peu de ressources pour venir en aide aux personnes qui vivent de l’écoanxiété. En effet, les ressources d’aide qui sont entièrement dédiées à l’accompagnement de ces personnes qui vivent avec cet état sont inexistantes, ce qui laisse de nombreuses personnes sans soutien. Sara-Maude Joubert explique que les psychologues doivent démontrer à leurs pairs leur expertise sur un sujet avant de pouvoir se définir comme spécialistes. De plus, étant donné que la formation universitaire actuelle n’aborde pas directement l’écoanxiété, il est plus difficile pour les psychologues et les psychothérapeutes d’accompagner les personnes qui en souffrent. En effet, bien que la plupart aient des compétences générales pour traiter l’anxiété, la majorité ne détient pas nécessairement tous les outils pour accompagner les personnes vivant avec de l’écoanxiété. Cependant, Sara-Maude Joubert affirme que son Ordre professionnel a réagi rapidement à ce nouvel état que les jeunes vivent de plus en plus. En effet, dans son rapport annuel de 2021-2022, l’Ordre des psychologues mentionne avoir offert une formation de 3 heures sur l’écoanxiété à laquelle 122 psychologues ou psychothérapeutes ont participé. En Mauricie, l’aide est encore plus difficile à obtenir étant donné les listes d’attente, tant au privé qu’au public. Elle mentionne aussi que « de plus en plus de jeunes consultent pour des troubles de plus en plus graves », ce qui explique que les listes d’attente sont toujours pleines.
Pistes d’action
Heureusement, plusieurs actions peuvent être mises en place pour diminuer les symptômes invalidants reliés à l’écoanxiété. « On peut se questionner à savoir ce qu’on peut faire de manière individuelle, apprendre à lâcher prise sur les événements qu’on ne peut pas contrôler et apprendre à calmer son corps », explique la psychologue. S’impliquer collectivement est aussi une manière efficace de diminuer l’anxiété, mais il est important de rester alerte aux signes d’épuisement liés à la fatigue militante. Dans tous les cas, contacter des spécialistes de la santé mentale est pertinent.