Une coalition formée d’une vingtaine d’organisations québécoises, dont la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) et de représentants des premières nations presse le gouvernement de la CAQ d’accorder un statut de protection à l’ensemble des «territoires oubliés », qui ont été écartés du processus de protection en 2020. Près d’une centaine de projets d’aires protégées totalisant plus de 22 000 km² avaient alors été mis de côté.
Ces territoires ont fait l’objet de blocages systématiques du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs en raison de leur incidence sur la possibilité de récolte forestière, estime la coalition.
Le gouvernement du Québec a annoncé, en février, la protection de 10 nouveaux milieux naturels dans le sud du Québec. « Or, ces territoires ne couvrent que 300 km² soit 0,02 % de la province. [C’est] loin de combler les besoins pour maintenir notre biodiversité », soulignent les membres du regroupement.
Un site web, www.perdonspaslesud.quebec, répertorie les territoires oubliés. En Mauricie, le projet de réserve de biodiversité des lacs en Croix, Barnard et Régis est toujours dans l’attente d’une décision pour obtenir un statut de protection. La coalition pour la préservation du Parc récréoforestier de Saint-Mathieu-du-Parc travaille aussi sur un projet qui sera déposé dans les prochains mois au Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Rappelons que le gouvernement du Québec s’est engagé à protéger 30 % de son territoire d’ici 2030. En 2020, il a atteint sa cible de 17 %, en protégeant des territoires se trouvant majoritairement au nord de la province dans des lieux peu accessibles.
En Mauricie, environ 8 % du territoire est protégé, en considérant le Parc national de la Mauricie ainsi que des réserves, refuges et habitats fauniques dispersés principalement en haute-Mauricie, loin des milieux habités. Parmi les nouvelles aires protégées annoncées, aucune ne se trouve dans la région.
S’appuyant sur l’Organisation mondiale de la santé qui recommande que tout citoyen devrait vivre à moins de 300 mètres d’un milieu naturel, les membres du regroupement, notamment de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement, insistent sur l’importance de protéger des espaces situés à proximité des populations. Cet accès à la nature est « fondamental pour notre santé mentale et physique », affirment-ils.
Il est d’autant plus important d’accélérer le processus visant à accroître la superficie totale d’aires protégées, puisque nous entrons dans une période climatique critique. « Le rapport du GIEC publié récemment soulignait l’urgence de préserver les écosystèmes pour lutter efficacement contre les changements climatiques. La protection des territoires demandée aujourd’hui apparaît comme minimale en regard des menaces environnementales auxquelles nous faisons face », soutient la coalition.
Elle indique par ailleurs que les aires protégées rapportent collectivement 60 fois plus en bénéfices économiques qu’il en coûte pour les gérer.