Par Lauréanne Daneau, Directrice du Conseil régional de l’environnement Mauricie, mars 2017
Le 22 mars est désigné par l’Organisation des Nations unies (ONU) comme la Journée mondiale de l’eau et vise à susciter une réflexion collective quant à l’importance d’une gestion durable de cette ressource. Cette journée sert aussi à promouvoir de belles initiatives comme le projet Communautés bleues initié par le Conseil des Canadiens et le Syndicat canadien de la fonction publique auquel se sont joints d’autres groupes comme la Coalition Eau Secours! et Projet Planète Bleue.
Voyant une urgence à protéger l’eau contre la pollution et la privatisation, les instigateurs du projet Communautés bleues cherchent à convaincre les collectivités (municipalités, gouvernements, institutions, etc.) à reconnaître l’eau comme un bien commun et à adopter un cadre communautaire sur l’eau. Le Canada compte 18 Communautés bleues telles qu’Amqui, Niagara Falls et Victoria, alors que ce mouvement gagne de l’ampleur à l’international avec l’adhésion de Paris, Zurich, Berne et Cambuquira.
L’eau : un droit de la personne
La désignation Communauté bleue est associée à quatre mesures. Le premier engagement consiste à reconnaître l’eau comme un droit de la personne. Aussi évident que cela puisse paraître, cette reconnaissance a fait l’objet d’un débat à l’ONU en 2002 durant lequel le Canada s’y était opposé. L’ONU l’a finalement reconnu en 2010 tout en nommant, ironiquement, une Canadienne au poste de Secrétaire générale adjointe au contrôle interne de l’eau.
Tout récemment, la diffusion du rapport de la Fondation David Suzuki sur les nombreux avis d’ébullition qui privent plus de 100 communautés autochtones du pays d’eau potable rappelle que l’accès à une eau saine est un défi ici.
Limitation de la vente de bouteilles d’eau
Une Communauté bleue s’engage également à interdire la vente de bouteilles d’eau dans les établissements et les événements municipaux. Cette mesure sert à dénoncer l’industrie privée très présente au Canada qui ne paie aucune redevance et exporte à fort prix une ressource qui devrait appartenir à tout le monde. L’impact environnemental connu est aussi un motif, considérant le gaspillage – il faut de trois à cinq litres d’eau pour en embouteiller un litre – et une quantité massive de combustible fossile sert à produire le plastique de ces bouteilles.
Des infrastructures publiques
Le caractère public des infrastructures municipales de services d’approvisionnement et de traitement des eaux est protégé par une Communauté bleue. Les ententes de partenariats publics-privés, souvent présentées comme une source d’économie pour les contribuables, s’avèrent risquées et trompeuses dans ce secteur. L’épisode des compteurs d’eau à Montréal en 2005 sert de leçon. Initialement estimé à 36 millions de dollars, le coût du projet a atteint plutôt les 600 millions de dollars.
Non à la fluoration de l’eau potable
La fluoration de l’eau potable a pour seul but d’améliorer la santé dentaire de ceux et celles qui la boivent. Les Communautés bleues dénoncent les effets néfastes sur la santé, mais aussi sur l’environnement. Le fluor ne serait pas traité par les usines d’épuration d’eaux usées et son effet sur la flore et la faune n’est pas suffisamment documenté.
Pour en savoir davantage, un guide du Projet Communautés bleues du Québec est disponible en ligne.
Sources :
http://canadians.org/fr/communautesbleues
http://eausecours.org/esdossiers/guide-bleu.pdf
http://www.blueplanetproject.net/index.php/home/water-movements/the-blue-communities-project/