Lauréanne Daneau, directrice d’Environnement Mauricie, décembre 2018
Par où commencer quand on veut régler simultanément les problèmes de congestion routière, d’étalement urbain, de pression continue sur les terres agricoles et les milieux humides, de même que les défis de la lutte et de l’adaptation aux changements climatiques? Par l’adoption d’une vision d’ensemble et cohérente de l’aménagement du territoire.
Il s’agit de la proposition de l’alliance ARIANE composée d’urbanistes, d’aménagistes, d’architectes, d’économistes, d’agriculteurs, d’écologistes et de citoyens, qui réclame l’adoption d’une Politique nationale d’aménagement du territoire. À l’aube du 40e anniversaire de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, ainsi qu’avec l’entrée au pouvoir du nouveau gouvernement caquiste qui s’est engagé à adopter une politique de cette nature, le moment est idéal pour lancer un tel chantier.
Déficit de cohérence
Les pratiques d’aménagement et d’urbanisme structurent à long terme les villes et villages. Or, l’action gouvernementale se trouve dispersée dans plusieurs ministères et textes législatifs (ex : Politique de mobilité durable, Plan d’actions 2013-2020 sur les changements climatiques, Politique gouvernementale de prévention en santé, etc.), créant ainsi un éclatement décisionnel problématique et coûteux.
Comment se fait-il que l’on construise encore des écoles avec d’immenses cours asphaltées qui deviennent des îlots de chaleur ou encore des bâtiments publics sans avoir opté pour l’efficacité énergétique? L’adoption d’une vision pour le territoire qui s’appuie sur l’identification d’objectifs prioritaires et la consultation des parties prenantes s’impose pour cesser de reproduire des modèles désuets et contre-productifs.
Un pacte territorial
Ce déficit de cohérence s’explique en partie par le fait que le gouvernement du Québec se dote de cibles nationales qui reposent souvent sur l’action municipale. Par exemple, la cible de réduction de 37,5 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 dépend largement de la performance du secteur des transports qui lui, s’adapte aux choix d’aménagement du milieu municipal. Les actions des différents paliers gagneraient à être mieux coordonnées.
La Politique nationale d’aménagement du territoire proposée par l’alliance ARIANE suggère de conclure un pacte territorial entre Québec et les municipalités, à l’instar du pacte fiscal. Une telle entente pourrait veiller à l’équité entre les municipalités, ainsi qu’à un équilibre entre l’imputabilité et la flexibilité des différentes instances.
Le fil à suivre
Pour parvenir à l’adoption d’une Politique nationale d’ici 2020, l’alliance ARIANE propose quatre étapes aux décideurs. Créer un ministère de l’Aménagement du territoire et du Soutien aux collectivités, afin que le gouvernement ait un responsable pour piloter le chantier. Ensuite, tenir des consultations pour assurer l’appropriation et la compréhension des enjeux par l’ensemble des parties prenantes et dégager une vision d’ensemble. Puis, élaborer et adopter la Politique nationale en impliquant tous les ministères et organismes concernés. Et finalement, voter un projet de loi pour instaurer la politique de manière à affirmer l’engagement de l’État en impliquant tous les députés. La CAQ est-elle prête à se lancer ? Souhaitons-le.
Pour signer la Déclaration de l’alliance ARIANE :