Nous avons rencontré la romancière Marie-Michelle Savard afin de discuter de ses projets d’écriture où rire, bonté et écologie se côtoient.
La naissance d’une écrivaine
Marie-Michelle Savard, Shawiniganaise de 34 ans, est artiste dans l’âme. Depuis qu’elle est toute petite, inlassablement, elle crée. Peinture, dessin, macramé, photographie, écriture, tout y passe. Elle avoue même, non sans laisser échapper un éclat de rire : « J’ai chez moi des piles et des piles de cahiers Canada remplis d’histoires que j’ai écrites et conservées depuis l’école primaire ! » Elle ajoute : « À l’époque, les enseignants me réprimandaient, car j’excédais continuellement le nombre de mots permis. C’est que je réfléchis mieux, je m’exprime mieux par écrit. »
Toutefois, lorsqu’est venu le moment de choisir un programme collégial, c’est vers la photographie qu’elle s’est tournée. Après une belle carrière dans le domaine, qui a duré quelques années, et qui lui a permis d’assumer son penchant pour la création, de même que son statut d’artiste, Marie-Michelle est maintenant chargée de projet pour Trois-Rivières Récolte et Shawinigan Récolte, deux initiatives de La Brouette, un organisme en agriculture urbaine et écocitoyenneté. Avec cet emploi, elle lutte pour la réduction du gaspillage alimentaire et pour l’environnement, enjeux qui lui tiennent à cœur et qui se retrouvent dans son premier roman, de même que dans Le Draft de T.R.A.P.S., un roman participatif unique dans la province.
Un projet unique au Québec
Pour une deuxième année consécutive, les auteurs Jessica Lavoie et David Landry, à la tête de la nouvelle maison d’éditions Dreams Workshop située à Saint-Urbain dans la région de Charlevoix, invitent le public à participer à un projet unique au Québec : « Un livre dont vous êtes les auteurs ! » Cette année, l’invitée spéciale est Marie-Michelle, qui écrira l’un des chapitres du Draft de T.R.A.P.S. (acronyme de « Théoriquement une rocambolesque aventure pleine de suspense »), un roman particulièrement « difficile à décrire », avoue l’autrice en riant. Empreint d’humour, le récit satirique mélange science-fiction et fantastique et s’attaque à toutes sortes d’idées préconçues. « Étant donné le nombre considérable de participants, qui donnent tous des idées de péripéties, il ne faut pas que cela se prenne trop au sérieux, sinon ce serait impossible. Le gros défi des auteurs, c’est d’écrire, avec l’aide du public, quelque chose qui soit compréhensible et intéressant pour un lecteur qui n’aurait pas participé au processus de création du roman. »
Ainsi, à toutes les semaines, et ce, jusqu’en mai 2023, « Jessica et David publient sur leur page Facebook une vidéo dans laquelle ils résument les dernières péripéties du roman. Ensuite, ils créent un sondage où les participants – à ce jour il y en a quarante, mais ce nombre ne fait qu’augmenter – donnent des suggestions, on pourrait dire des contraintes. Par la suite, ils mettent ensemble toutes ces idées pour en faire un texte. C’est un bon défi, parce que parfois, ce sont des affaires assez flyées ! »
Écofiction et bienveillance
En mai prochain paraîtra aux éditions Dreams Workshop Notre côté du mur, le premier roman de la jeune mauricienne. À l’origine de ce projet d’écriture, une question : en s’inspirant de la situation actuelle, comment peut-on représenter la vie sur Terre dans 200 ans ? « Avec la montée des eaux que l’on prévoit, j’ai pensé à un monde où il ne resterait qu’un seul continent en tentant de concevoir à quoi ressemblerait la vie de ceux qui sont encore là. » Notre côté du mur est ainsi une écofiction, c’est-à-dire un roman qui met en scène les crises écologiques et leurs conséquences de manière vraisemblable. Cependant, l’autrice précise : « Je ne voulais pas que cela devienne un roman moralisateur, même si je pense qu’à un certain point, certaines réflexions doivent être faites. Mon roman est beaucoup basé sur le fait qu’il n’y a personne qui soit foncièrement méchant. » À travers la fiction, Marie-Michelle invite ainsi ses lecteurs à décentrer leur point de vue, à faire preuve d’empathie envers autrui et à accueillir avec bienveillance l’altérité.