Par Jean-François Veilleux
Le rôle majeur joué par le clergé dans l’élaboration d’un patrimoine cinématographique et culturel avant la Révolution tranquille des années 1960 demeure en partie ignoré. Or, un enfant de la région se démarque parmi ces figures de prêtres-cinéastes avant-gardistes.
Né à Sainte-Anne-de-la-Pérade, le 6 mars 1895, et cadet d’une famille de cinq enfants, Albert Tessier commence ses études classiques au séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières en 1910, puis fait des études littéraires à Paris et obtient un doctorat en théologie à Rome. De retour au Québec en 1924, il sera professeur puis préfet des études au Séminaire de Trois-Rivières, de 1927 à 1937.
Intéressé à la photographie dès 1913, il commence sa carrière dans le cinéma en 1925. Il filme principalement les régions et leurs habitants, en mettant l’accent sur les paysans. Ses thèmes de prédilection sont la nature, l’histoire, la religion, la culture, l’éducation des femmes et sa ville, Trois-Rivières, qu’il surnomme affectueusement « la petite patrie ». Il nous a laissé en héritage 35 livres et plus de 70 films dans lesquels il nous entretient de la vie des Canadiens-français, de leur culture, de leur terre et de leur pays à venir. Depuis 1980, le prix Albert-Tessier décerné chaque année par le gouvernement du Québec reconnaît un artiste québécois du cinéma dont la carrière et l’œuvre ont contribué, de façon notoire, à la réputation de la production cinématographique québécoise.
Toujours soucieux de transmettre le patrimoine culturel régional, Mgr Tessier est membre fondateur de la Société d’histoire régionale de la Mauricie et cheville ouvrière du tricentenaire de Trois-Rivières, en 1934, puis il fonde la même année le Musée Pierre-Boucher ainsi que le service des archives du Séminaire Saint-Joseph. Il est reçu membre de la Société des dix en 1935 et de la Société royale du Canada en 1945. En 1937, il remplace Thomas Chapais à la chaire d’histoire du Canada de l’Université Laval.
On lui attribue la création du régionyme « Mauricie » pour remplacer l’ancienne appellation de Vallée du Saint-Maurice, qui était pour lui une simple et bête traduction de l’anglais, ainsi que le bannissement du terme « Three Rivers ». Il y eut des jeux de mots créés à la suite de cette nouvelle désignation puisqu’elle ressemblait à « Mort-ici ». On disait alors « Je vais aller en Mort-ici aux Trois-Civières ».
Lauréat en 1959 du Prix de la langue française de l’Académie française et de la Médaille de la ville de Paris pour l’ensemble de son œuvre et pour son influence sur l’évolution ainsi que le progrès de la vie française au Canada, Albert Tessier sera aussi près des fondateurs de l’UQTR le 19 mars 1969. Il décède à Trois-Rivières le 13 septembre 1976 à 81 ans. Un mois avant, le 19 août, on donnait son nom à l’un des pavillons principaux de l’UQTR.
Sources :
René VERRETTE. Les idéologies de développement régional : le cas de la Mauricie, 1850-1950. Thèse. Université du Québec à Trois-Rivières, 1998, 472 p. Disponible en ligne : http://depot-e.uqtr.ca/6847/
Brochure de la ville de Trois-Rivières sur la fresque peinte pour les Fêtes du 375e (2010).
Description de l’ouvrage par René Hardy sur le projet « Tavibois » (2010, 256 pages) :
http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/tavibois-1951-2009
Christian POIRIER, Université Laval : « Clergé et patrimoine cinématographique québécois : les prêtres Albert Tessier et Maurice Proulx » disponible en ligne sur le site de l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française avec divers extraits vidéos.
Brochure produite par la SSJB-Mauricie pour une exposition du Musée Pierre-Boucher intitulée « Albert Tessier : éducateur, collectionneur et cinéaste » (15 mai au 29 août 1994).
Informations sur les divers panneaux historiques au pavillon Pierre-Boucher de l’UQTR.
http://agora.qc.ca/dossiers/Albert_Tessier
http://memoireduquebec.com/wiki/index.php?title=Tessier_(Albert)
http://www.prixduquebec.gouv.qc.ca/eponyme/c-tessier_mgr_albert.htm
http://municipalite.yamachiche.qc.ca/toponymie/mgr_albert_tessier.html