Militant écologiste et artiste polyvalent, Pier-Olivier Boudreault conjugue science et créativité pour protéger la biodiversité québécoise. Directeur de la conservation à la Société pour la nature et les parcs (SNAP), section Québec, il s’investit depuis plus d’une décennie dans des projets novateurs associant forêts, cours d’eau et sites miniers, tout en mobilisant des personnalités de tous les horizons qui sont touchées de près ou de loin par des dossiers environnementaux. Passionné par les organismes vivants et inspiré par les grands espaces, il enrichit également son engagement par l’écriture et la musique, mettant en lumière une vision où science et art s’entremêlent pour permettre de relever les défis environnementaux.
Un biologiste militant
SNAP Québec est une organisation sans but lucratif vouée à la conservation de la biodiversité et des écosystèmes québécois qui fait également la promotion des aires protégées et des initiatives durables. Biologiste de formation, Pier-Olivier Boudreault axe son travail notamment sur les enjeux forestiers, sans toutefois s’y restreindre. Bien qu’il se mobilise pour la gestion, l’aménagement et la conservation des forêts, son mandat peut s’étendre aux cours d’eau et aux sites miniers.
« Des fois, je dis à la blague que, dans un monde idéal, mon travail ne devrait pas exister. Si tout allait bien, on n’aurait pas besoin de militants écologistes », confie-t-il. Son travail consiste à sensibiliser les pouvoirs publics à des problèmes environnementaux et à les influencer par des actions concrètes ainsi qu’en faisant appel à des groupes locaux et à des spécialistes. Il raconte que son caractère militant s’est développé au fil des années, mais que tout a commencé alors qu’il était au cégep pendant le Printemps érable. Il affirme avoir toujours été sensible aux causes environnementales et liées aux inégalités sociales, et que c’est donc bien « naturellement » qu’il s’est engagé dans la défense de l’environnement.
Son métier l’amène à rencontrer des personnalités très diverses : « Je me promène partout au Québec et je côtoie toutes sortes de gens, du citoyen engagé aux communautés autochtones, des chercheurs universitaires aux politiciens. De voir les perspectives de tout le monde et d’être dans un milieu interdisciplinaire me donne accès à une vision d’ensemble, c’est très enrichissant. » Il ajoute que les causes environnementales peuvent également être d’ordre social ou économique, et pas seulement liées à la biodiversité. En Mauricie—Centre-du-Québec, le biologiste s’est impliqué dans le Comité Vigilance Hydrocarbures de Drummondville et dans Alternatives Bécancour et aussi pour l’élaboration d’un territoire protégé des activités industrielles à Saint-Mathieu-du-Parc.
« Des fois, je dis à la blague que, dans un monde idéal, mon travail ne devrait pas exister. Si tout allait bien, on n’aurait pas besoin de militants écologistes »
La nature est art
Pier-Olivier Boudreault n’est pas seulement scientifique et militant : il est également artiste. En 2023, il a remporté le concours annuel de poésie La Magie des mots, parrainé par le Mouvement Parlons mieux. Il est aussi musicien depuis son plus jeune âge, ses parents enseignant la musique. Il est d’ailleurs membre du groupe de musique folklorique Rouages.
D’emblée, on pourrait penser que sciences et arts forment deux mondes distincts qui se conjuguent mal. Toutefois, Pier-Olivier Boudreault affirme le contraire. Amoureux du Québec et des grands espaces qu’il offre, l’artiste s’inspire de ceux-ci pour édifier son art. En fait, sa conscience artistique et sa conscience environnementale s’influencent et se renforcent mutuellement. « L’écriture et la musique viennent travailler une autre partie de mon cerveau, une partie créative. Et dans les luttes écologiques, il faut souvent être créatif. »
La créativité comme levier
Justement, il explique que l’un des projets auxquels il a participé et qui le rend le plus fier concerne la reconnaissance de l’identité juridique de la rivière Magpie, sur la Côte-Nord. Cette rivière est réputée pour sa beauté naturelle et son potentiel récréotouristique. Cependant, des projets industriels, comme des barrages hydroélectriques ou d’autres infrastructures, menaçaient de perturber son équilibre écologique.
« Il fallait être créatif pour trouver une solution, car toutes les actions qu’on posait ne fonctionnaient pas. On a réussi à faire reconnaître la rivière Magpie comme personnalité juridique, on a été les premiers au Canada à le faire et ça a fait le tour du monde. » Cette reconnaissance, officialisée en 2021, permet désormais d’attribuer à la rivière des droits semblables à ceux d’une entité légale – comme le droit à la protection et à la restauration – et de la représenter juridiquement. Cette réussite a ouvert la voie à une nouvelle manière de protéger nos écosystèmes naturels.