Pierre Lavergne, septembre-octobre 2015
L’autre soir, lors d’un bon souper d’été entre amis, j’ai été témoin d’une conversation animée sur un sujet de grande actualité… Une conversation qui m’a ramené à l’esprit plein de pourquoi demeurés sans réponse.
Jean : Harper a bien raison de ne pas se presser pour accueillir des réfugiés syriens. On sait jamais, des terroristes pourraient en profiter pour s’infiltrer parmi eux et venir nous faire du trouble
Maxime: Parlons-en de Harper, il ne voit que ça des terroristes. Comme si on était en proie à des attentats quotidiens. Je veux bien qu’on se protège mais faut pas en faire une maladie. Pour lui, tout le monde est dangereux. Le système de surveillance mis en place par son gouvernement Harper permet de connaître nos mots de passe, qui nous fréquentons, les films que nous écoutons, nos transactions financières, nos implications sociales, bref des grands pans de notre vie privée.
Jean : j’ai pas de problème avec cela. Je ne suis ni président d’un pays, ni terroriste, ni trop actif socialement. Ils peuvent bien mettre en place toute la surveillance qu’ils veulent, ça ne me dérange pas! »
Monique : Ça ne te fait rien, toi, qu’on puisse avoir accès à tes mots de passe, tes comptes bancaires, tes relevés de carte de crédit, ton compte Facebook, tes courriels et, tiens, tant qu’à y être, toutes tes photos dans ton ordinateur. Tu nous donnerais tout ça, toi, si on te le demandais?
Jean : Ben là, quand même.
Monique : Hé bien mon cher Jean, sache que grâce aux avancées extraordinaires de la technologie, toutes ces informations sont maintenant accessibles aux services canadiens de sécurité.
Maxime : Pire, avec la loi C-51 récemment adoptée par Ottawa, la surveillance de tous nos faits et gestes est maintenant rendue légale. !
Cet échange m’a ramené une foule de pourquoi qui me « titillent » quand j’écoute les nouvelles ». Pourquoi les funérailles nationales d’un soldat tué en poste devant un monument à Ottawa ont-elles eu droit à une couverture médiatique aussi exceptionnelle? Pourquoi ne se passe-t-il pas un jour sans que l’on nous parle de terrorisme?
Inversement, pourquoi ce silence assourdissant sur les centaines de femmes autochtones assassinées pour lesquelles le gouvernement refuse d’instituer une commission d’enquête? Pourquoi ignore-t-on toutes ces personnes qui vivent dans la rue une extrême pauvreté ou meurent simplement par manque de soins? Et ces quelques personnes victimes de brutalité policière? Et ce silence sur les cinq millions de victimes de cette guerre qui dure depuis plus de 20 ans en République démocratique du Congo. Le conflit le plus meurtrier au monde depuis la Deuxième Guerre mondiale. Parce que les minières canadiennes y sont présentes? La vie de ces gens n’est-elle pas aussi importante que celle d’un soldat en poste devant un monument?
Pourquoi l’argent coule-t-il à flots lorsque le gouvernement Harper décide, sans consulter le Parlement, d’aller bombarder de pauvres gens dans d’autres pays sous prétexte de lutte contre les terroristes de l’État islamiste et se fait-il si rare lorsqu’un séisme frappe un pays et y sème la désolation?
Personnellement, la tendance du gouvernement canadien actuel à resserrer toujours davantage les mesures de surveillance m’inquiète. Une surveillance qui vise surtout ceux qui s’opposent, pacifiquement et démocratiquement, à certaines politiques gouvernementales alors qu’on perd trace de ces sommes colossales transférées électroniquement chaque jour vers les paradis fiscaux?