Judith McMurray – janvier 2020
Sympathie pour le diable
Drame de guerre de Guillaume de Fontenay. Avec Niels Schneider, Vincent Rottiers, Ella Rumpf, Elisa Lasowski. Un récit de guerre intense et sans répit. Pour son premier long-métrage, Guillaume de Fontenay a opté pour une caméra vive qui frappe l’auditoire de plein fouet. Sympathie pour le diable met en scène le spectaculaire Niels Schneider, acteur franco-québécois, qui interprète Paul Marchand ce journaliste adepte d’adrénaline et de cigares. Se trouvant au cœur de la guerre de l’ancienne Yougoslavie, conflit datant d’il y a 25 ans, le reporter tente de faire son travail au meilleur de ses capacités. De ce fait, le spectateur se trouve coincé entre le massacre humain qui a lieu dans les rues de Sarajevo et le héros qui est habité d’un désir de survie et de passion. À travers l’intérêt du jeune homme à rendre son reportage, on met en effet de l’avant l’ambition et l’importance du travail journalistique. Le traitement de l’image est brutal tout comme l’est le propos, soit une guerre civile ardue qui fit plus de 5000 morts. Avec cette œuvre, de Fontenay nous confronte à une réflexion nécessaire : aucune politique, aucun territoire et aucune religion ne devrait amener les gens à craindre pour leur vie et celles de leurs proches.
Le monde selon Amazon
Documentaire de Sylvie Van Brabant et Valérie Montmartin. France, 2019, 77 minutes. Qui n’a pas fait de commande sur Amazon dans les derniers temps? D’après le documentaire, en un an, près de 300 millions de personnes ont fait livrer un colis via la plateforme web, ce qui représente 5 milliards de colis par année. Le choix de sortir Le monde selon Amazon à l’arrivée du temps des Fêtes est certainement stratégique. Le film de Thomas Lafarge et Adrien Pinon est non seulement un portrait choquant de l’état actuel de l’entreprise, mais également une alerte à la surconsommation et la négligence des achats locaux. Cette prise de conscience est bien pertinente à l’approche d’une période où l’excès est souvent omniprésent. Ainsi, on retrace le parcours de la compagnie et de son fondateur Jeff Bezos en portant un regard critique des décisions et ambitions de celui-ci. Cependant, il aurait été possible d’approfondir davantage la réflexion en ce sens. Les réalisateurs auraient pu présenter une opinion plus accablante des effets néfastes reliés au géant américain. À la conclusion du film, on ne peut que faire un constat : le marché qu’a conquis Amazon est si vaste que désormais, aucun retour en arrière n’est possible.