Charles Fontaine – Suggestions de nos cinéphiles – mai 2021 La dernière année est sans contredit celle de tous les changements. Le cinéma n’y a pas fait exception. Avec des lieux de diffusion fermés plus de la moitié de l’année, l’industrie a dû revoir ses façons de faire. Preuve par excellence s’il en est une, certains films en nomination aux Oscars 2021 n’ont jamais rencontré le public des salles obscures. Ce phénomène impensable avant la pandémie deviendra-t-il la norme?  Chose certaine, de très bons films ont été faits pour les écrans au format réduit. En voici deux :

Les Sept de Chicago

États-Unis. 2020. Drame historique de Aaron Sorkin avec Eddie Redmayne, Sacha Baron Cohen, Joseph Gordon-Levitt Aux États-Unis, l’année 1968 n’a pas été de tout repos. Alors que l’implication américaine s’intensifie dans la guerre du Vietnam sous les ordres du démocrate Lyndon B. Johnson, que les assassinats politiques se multiplient (Malcom X, Martin Luther King, Robert Kennedy) et qu’une élection présidentielle sonne le glas d’une décennie démocrate, la jeunesse progressiste prend les rues. Et lors de la convention nationale du parti démocrate à Chicago, divers groupes de la gauche politique viennent s’opposer à la guerre du Vietnam. La situation s’envenime rapidement et la manifestation prend des airs d’émeute. Les affrontements violents font plusieurs blessés, mais les services secrets démontrent qu’ils furent provoqués par les policiers. Le ministre de la Justice renonce à toute poursuite. Mais l’accession du républicain Richard Nixon au bureau ovale en 1969 change la donne et s’ouvre ainsi l’un des plus tristement notoires procès des États-Unis : celui des Chicago Seven. Sept leaders de la manifestation tournée en émeute, ainsi que le chef des Black Panthers, Bobby Seale, sont accusés de conspiration et d’incitation à la révolte. C’est ce procès, présidé par l’infâme et partial juge Hoffman, que raconte Aaron Sorkin (Le jeu de Molly) dans Les Sept de Chicago. Avec des performances mémorables de Sacha Baron Cohen (Borat, Le dictateur, Brüno), d’Eddie Redmayne (The Danish Girl, La théorie de l’univers) et de l’implacable Frank Langella (Frost/Nixon), ce drame historique, par sa dénonciation du racisme et son engagement dans la lutte pour les libertés civiles, ne laisse personne indifférent. Construit sur les codes du film de procès, le récit se raconte suivant les événements de la Cour et de formidables ellipses montrant le passé des accusés et les points culminants des affrontements de 1968. Ponctué de joutes oratoires et de répliques assassines, le film réussit à maintenir une tension tout au long de ses 128 minutes et trouve une nouvelle résonnance dans cette Amérique post-Trump.

Le Père (The Father)

Voir vieillir nos proches est une épreuve toujours difficile. Et c’est à ce drame ordinaire, ce passage obligé,  que le scénariste Florian Zeller dédie son premier long-métrage. Celui-ci illustre avec brio cet épisode de la vie d’un père et sa fille. Malade et en proie à la démence, Anthony (Anthony Hopkins), un octogénaire têtu, provoque le départ de toutes les aidantes que sa fille Anne (Olivia Colman) engage. Solution d’abord temporaire, puis prolongée, le père vient habiter chez sa fille. Mais celui-ci est de plus en plus malade et les liens qu’il tisse avec le réel s’effritent peu à peu. Qui sont ces gens qui prétendent vivre chez lui? Où est sa fille Anne? Est-elle sortie faire des courses ou partie vivre en France avec son nouvel époux? N’était-elle pas divorcée? Toutes ces questions se bousculent et s’entremêlent de souvenirs dans la tête d’Anthony et celui-ci, malgré toute la confiance qu’il porte envers Anne, craint l’éventualité d’être placé en institution. Le duo étoile composé d’Anthony Hopkins (Le silence des agneaux, Elephant Man, Les deux papes) et d’Olivia Colman (The Crown, La favorite, Broadchurch) parvient à transcender la mise en scène parfois trop théâtrale de Zeller et offre une performance symbiotique des plus touchantes. Après avoir incarné les hommes durs, Hopkins étend sa palette d’acteur et laisse transparaître une vulnérabilité désarmante. Soulignant la perte cognitive d’Anthony, la réalisation et le montage du film désarçonnent à coup sûr et nourrissent une ambiguïté symptomatique de la perte d’emprise sur le réel qu’éprouve le personnage principal. Au dénouement seulement les choses se précisent et Zeller nous laisse mesurer l’ampleur de son génie.

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