Magali Boisvert, juin 2019
Vivre de son art en Mauricie est un chemin pavé à la fois d’obstacles et de raccourcis. Pour nous aider à tracer le portrait du soutien apporté aux artistes qui font de notre région leur terre d’appartenance, nous avons pointé le micro vers Culture Mauricie, organisme qui accompagne les artistes de la Mauricie dans leurs démarches professionnelles.
Marie-Lou Pelletier, conseillère aux membres chez Culture Mauricie, constate que la situation géographique de la Mauricie joue en faveur des artistes d’ici : « Ce qu’on se fait souvent dire, c’est que c’est plus avantageux de rester ici, parce qu’on est tellement proche de Montréal, et c’est tellement moins cher d’habiter ici. Il y a beaucoup d’artistes qui se promènent, parce qu’on est situé de façon avantageuse : on est entre Québec et Montréal. »
Tirer sur la couverture
Plusieurs programmes existent afin de soutenir financièrement la création. Par exemple, les artistes de la région peuvent, grâce au programme La culture à l’école, qui comporte un volet artistique, présenter des ateliers de création aux élèves, à l’aide d’un répertoire accessible aux enseignants. Le Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur injecte donc des fonds dans ce programme pour à la fois soutenir les artistes et offrir des ateliers à moindre coût aux écoles.
Bien que les artistes aient accès à ces programmes, reste que le financement institutionnel vers les artistes mauriciens est maigre. Le Conseil des Arts et des Lettres du Québec (CALQ), remettait, en 2017-2018 – grâce à une entente conclue entre le CALQ, Culture Mauricie, les MRC mauriciennes et les villes de Trois-Rivières, La Tuque et Shawinigan –, 221 000 dollars en bourses aux artistes d’ici. Or, ce montant ne représente que 1,7 % des bourses accordées par le CALQ dans la province.
De son côté, la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) versait 1 % de son enveloppe totale à la Mauricie (contre 85,5% à Montréal). Le Ministère de la Culture et des Communications (MCC), propose également des programmes de soutien, mais seulement pour des projets artistiques de grande envergure.
« Il faut qu’on tire beaucoup sur la couverture pour qu’il y en ait plus [de financement] en Mauricie, mais aussi ailleurs dans les régions, donc ça, c’est un défi pour nous », constate Mme Pelletier.
Même son de cloche pour le financement par le Conseil des Arts du Canada (CAC), qui encourage les artistes des quatre coins du pays, ce qui place les dossiers des artistes mauriciens dans une mer de candidatures canadiennes.
Multiplier les sources de revenus
Les artistes d’ici, mais des régions également, peinent à vivre pleinement de leur art, contraints plus souvent qu’autrement de multiplier les sources de revenus afin de payer le loyer. Mme Pelletier, le doigt sur le pouls de ses membres, confirme que « souvent, ils se tournent vers l’enseignement, vers un emploi alimentaire parallèle. Vivre de son art, de l’art qui nous brûle de l’intérieur, c’est plus difficile. »
Toutefois, il y a de l’espoir. Des organismes tels que Culture Mauricie continuent leur travail de représentation dans les différentes instances afin de revendiquer la juste part de la Mauricie, qui est un pôle culturel incontournable.