L’été où tout a fondu, Tiffany McDaniel, éditions Gallmeister
Si la chaleur de l’été vous manque, ce roman de Tiffany McDaniel, récemment paru en poche, devrait vous replonger dans une ambiance caniculaire, mais pas légère pour autant. En 1984, le procureur d’une petite ville de l’Ohio publie dans le journal local une annonce pour inviter le diable à lui rendre visite. Le lendemain, un jeune garçon noir visiblement dépourvu de toute malice se présente à sa porte.
Cette idée de départ permet d’explorer en profondeur le côté sombre des États-Unis : le racisme, l’homophobie et le fanatisme religieux, ainsi que la tendance à rejeter l’étranger et à le rendre responsable des malheurs qui frappent la communauté. Une histoire dure, violente parfois, presque horrifique par moments, mais tout aussi percutante et intelligente que Betty, l’autre roman de l’autrice.
Du mouvement de la terre (tome 1), Uoto, éditions Ki-oon
Une fiction historique sur les bouleversements de l’astronomie à la Renaissance… en manga ! À une époque où l’on croit que la Terre est au centre de l’univers, plusieurs savants tentent de comprendre des phénomènes astronomiques inexpliqués. L’un d’eux finit par émettre une théorie : la Terre, en fait, tournerait autour du Soleil.
En huit tomes, cette série de manga explore de manière claire et ludique la révolution scientifique en marche, y compris dans ses détails techniques. Les conséquences sociales ne sont pas oubliées puisque l’on aborde aussi l’opposition farouche de l’Église à cette nouvelle théorie et les rapports parfois houleux entre la science et la religion.
Wollstonecraft, Sarah Berthiaume, éditions de Ta Mère
Court, mais intense : c’est ainsi qu’on pourrait qualifier cette étrange réécriture de Frankenstein en version pièce de théâtre dystopique et satirique. Marie, autrice féministe en mal d’inspiration depuis l’échec de son dernier roman, enchaîne les fausses couches et remet tout en question. Un difficile processus qui aboutira à “l’accouchement” aussi métaphorique que réel d’une idée monstrueuse.
Inspirée à la fois de la vie de Mary Shelley et de son œuvre la plus célèbre, Wollstonecraft interroge le rapport entre l’artiste et sa création. Mais la pièce ne s’en tient pas là et questionne également le rôle de l’art dans un monde en pleine crise écologique, et dont le capitalisme veut tirer profit jusqu’au bout. Le résultat, troublant, ne laisse pas indemne.